ILS AVAIENT 20 ANS EN 1914 – Arthur FURNE de Barly

Né le 1er août 1891, Arthur FURNE n’est pas venu au monde tout seul. Arthur a une sœur jumelle prénommée Amélie.

Dans la famille FURNE, à Barly, c’est la deuxième double naissance. Deux ans plus tôt, sont nés Fernand et Fernande.  Situation assez exceptionnelle en cette fin du XIXe siècle, les 4 jumeaux sont viables et la mortalité infantile ne les touche pas.

Les parents sont Antoine FURNE, originaire de Hamel, village proche d’Albert et Prudence Vasseur, née à Barly. Antoine est journalier. Il travaille essentiellement dans les fermes du village. Barly est un petit village agricole, situé au Nord-Ouest de Doullens, en limite du département du Pas-de-Calais.

La famille réside dans une maison de la Grande Rue, à Barly.

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Avant les jumeaux, est né Marcel, en 1888. Marcel est né handicapé. Il est presque aveugle, avec un fort strabisme divergent de l’œil droit. Puis sont arrivés les jumeaux, Fernand et Fernande et les autres jumeaux, Arthur et Amélie. La fratrie va encore s’agrandir avec Angelina,  Raymond et Bernadette. Une grande fratrie de huit enfants que le maigre salaire journalier d’Antoine parvient à peine à nourrir.

L’école n’est pas la priorité. Il faut travailler au plus tôt et comme le handicap de Marcel l’empêche de travailler, c’est sur les jumeaux que comptent les parents pour faire rentrer un peu d’argent à la maison.

Fernand et Fernande sont placés comme garçon de cour et domestique chez Edmond Asselin, cultivateur dans le village. Amélie est séparée d’Arthur, son jumeau. Alors qu’Arthur FURNE reste avec ses parents, sa soeur jumelle est placée chez Madame Lefebvre, une cultivatrice de la Rue Sainte-Mene Haute. Fernand, Fernande et Amélie bénéficiant du gîte et du couvert, ce sont trois bouches en moins à nourrir chez les FURNE.

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Pour les jeunes adolescents de famille modeste, il est important de trouver rapidement de travail et pour les filles de trouver un mari ! A peine âgée de 20 ans, Fernande épouse Arthur CANDAS, journalier dans la Grande Rue. Un petit Georges naît quelques mois plus tard dans le foyer de Fernande FURNE et Arthur CANDAS.

Amélie, la soeur jumelle d’Arthur FURNE, n’a pas 18 ans quand naît Marcelle, fruit de son union avec Anselme BRASSEUR, originaire d’Outrebois. Anselme est employé chez le cordonnier du village, Augustin Patte.

Arthur FURNE est logé chez ses parents tout en travaillant dans plusieurs fermes comme journalier. A la maison, il s’occupe aussi de ses deux sœurs cadettes, Angelina et Bernadette et de son jeune frère, Raymond.

Arthur FURNE est le premier garçon de la fratrie à effectuer son service militaire. Marcel, le frère aîné, a été réformé à cause de son lourd handicap. Fernand a été exempté du service militaire pour raisons médicales. C’est donc Arthur, le premier à connaître la vie de caserne. Le Conseil de Révision de Doullens l’a jugé apte. Il est affecté le 8 octobre 1912 au 128e Régiment d’Infanterie d’Abbeville.

La vie dans la caserne Courbet ne lui déplaît pas tant que ça. Nourri, logé, blanchi. De nombreux copains de son secteur ont également été affectés au 128e. Doullens,  Bernaville,  Candas, Yvrench, le secteur du Nord de la Somme est largement représenté.

128e

Le 5 août 1914, deux jours après la déclaration de guerre entre l’Allemagne et la France, le 128e RI quitte ses locaux d’Abbeville et d’Amiens pour rejoindre le département de la Meuse, à proximité des frontières avec la Belgique, le Luxembourg et la Moselle.

Le 128e RI connaît son épreuve du feu près de Virton, le 22 août, de l’autre côté de la frontière belge. Arthur voit tomber les premiers copains. Emile DOVERGNE, d’Abbeville. Albert VILBERT, d’Hérissart… C’est fini pour eux !

L’ordre de se replier est donné, après la terrible défaite des 22 et 23 août. Le 128e se dirige vers la Marne. Le 31 août, il doit combattre les troupes allemandes, à Fontenois, hameau de Saint-Pierremont dans le Sud-Est des Ardennes. Au moins 140 jeunes du 128e RI, renforcé par quelques éléments du 51e RI, perdent la vie. Fernand BOCQUET, de Doullens, est au nombre des tués.

Si la Bataille de la Marne dure moins d’une semaine, elle est profondément traumatisante pour les rescapés du 128e. Le régiment est décimé à Pargny-sur-Saulx et Maurupt-le-Montois. Arthur FURNE perd encore plusieurs copains. Georges DURAND et Alcide GAUDET d’Yvrench n’iront pas plus loin. Quelques jours plus tard, en l’Argonne, l’horreur continue avec une guerre devenue maintenant une guerre de position. Une guerre de tranchées.  Camille MASSE de Doullens est tué.

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Arthur voit tomber les copains, les uns après les autres. L’enfer ne prend jamais fin. Le Bois de la Gruerie et le secteur de Mesnil-les-Hurlus deviennent des lieux où la mort et la souffrance s’installent chaque jour.

Au printemps 1915, le 128e quitte la Marne pour se rapprocher de Verdun dans la Meuse. Aux Eparges, le 10 juin 1915, Arthur FURNE tombe et ne se relève pas. Il ne verra plus jamais les siens. Ne retournera jamais à Barly.

Marcel et Fernand FURNE, ses deux frères aînés, ne seront jamais envoyés sur les champs de bataille, les Commissions de réformes confirmant, à plusieurs reprises, leur incapacité physique à combattre. Raymond FURNE, le plus jeune des frères, est mobilisé dans l’Infanterie le 9 avril 1915. Gravement blessé par éclat d’obus au tibia gauche en août 1916, il terminera la guerre dans l’Artillerie. Abîmé mais vivant.

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La mort d’Arthur FURNE est annoncée officiellement à Prudence, sa mère, le 23 mars 1916. Prudence et Amélie ont perdu une partie d’elles-même. Prudence a perdu celui qu’elle a fait naître et Amélie a perdu son autre moitié. Son frère jumeau est mort.

Amélie a fondé avec son mari Anselme une belle famille. Marcelle était née avant la guerre, Geneviève est née pendant la guerre et quand est arrivé le premier garçon en 1919, Amélie l’a tout naturellement prénommé Arthur. Comme une évidence…

Lionel JOLY et Xavier BECQUET

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