Né le 11 mars 1892, Albert TARJET se prénommait Charles Léon. C’est pourtant le prénom d’Albert qui sera utilisé pendant toute sa vie.
Albert est le fils de Léon et de Juliette. Ils habitent Rue du Faubourg à Templeux-le-Guérard.

Nés à Hargicourt et à Templeux-le-Guérard, deux communes voisines séparées par la limite administrative entre les départements de l’Aisne et de la Somme, Léon et Juliette sont tisseurs, comme de nombreux habitants des deux villages. Hargicourt est dans l’Aisne tandis que Templeux-le-Guérard se trouve dans la Somme. Cependant, pour les uns et les autres, sauf pour tous les aspects administratifs, ils vivent sur le même territoire.
Léon ayant 20 ans et Juliette 18 ans, il a fallu réunir le conseil de famille pour les autoriser à se marier en décembre 1886. L’année suivante est née Marthe, la sœur aînée d’Albert. Après la naissance d’Albert, arrivent celles d’Edmond, d’Irène, de Lucie et de Charles.
Quand Léon TARJET voit le jour c’est à Templeux-le-Guérard, où ses parents se sont installés. Le tissage est l’activité principale en cette fin de XIXe siècle, quand Charles Léon TARJET y voit le jour. Il y a deux grandes fabriques de tissus à la main. On y trouve également de grandes exploitations de phosphates. Leur développement a entraîné la construction d’une ligne spécifique de chemin de fer reliant Templeux-le-Guérard et Hargicourt à Roisel. Cette voie rejoignait la ligne d’intérêt local entre Vélu-Bertincourt et Saint-Quentin. Si Roisel est bien un chef-lieu de canton de la Somme, les relations privilégiées, notamment pour le commerce, se font essentiellement vers les villes axonaises de Vermand et de Saint-Quentin.


La culture agricole se limite essentiellement aux céréales et aux betteraves à sucre. Quant à l’élevage, il est très peu développé dans la commune, sauf pour les besoins familiaux. L’emploi n’est pas suffisant pour une population qui est victime de l’exode rural et qui décroît depuis plusieurs décennies. La commune de Templeux-le-Guérard qui compte environ 660 personnes fin XIXe siècle en comptait 200 de plus cinquante ans plus tôt. Ceux qui ne trouvent pas de travail partent s’installer sur le plateau du Santerre, dans la Vallée de la Nièvre ou rejoignent les grandes agglomérations de Saint-Quentin ou d’Amiens.

Avec le gisement de craies phosphatées de Templeux-le-Guérard et Hargicourt, un des plus riches de la région, aussi bien en quantité qu’en qualité, plusieurs exploitations sont créées au début du XXe siècle pour en assurer l’extraction et le traitement. Léon travaille maintenant comme phosphatier, et Albert, son fils aîné, en fait de même dès qu’il a atteint l’âge de douze ans. Les hommes sont souvent journaliers passant d’une exploitation à l’autre, de Templeux-le-Guérard à Hargicourt, en fonction des besoins, de la « Société Anonyme » à « Saint-Gobain » en passant par la grande entreprise Pagès.
Dans le faubourg, les voisins immédiats des TARJET sont les GUILLE. Paul né en 1891, et Gaston né en 1894, sont des copains d’Albert depuis toujours. Eux aussi sont journaliers dans les phosphates.

En 1913, Albert TARJET passe devant le Conseil de Révision de Roisel en même temps que son cousin Joseph TARJET, le fils de l’oncle Lucien et de la tante Olympe. Albert et Joseph sont affectés tous les deux au 87e Régiment d’Infanterie de Saint-Quentin. Ensemble, ils prennent le train en gare de Templeux-le-Guérard pour rejoindre Roisel, puis la sous-préfecture de l’Aisne.
Quelques semaines plus tard, Albert quitte le régiment et … son cousin. L’état-major le mute au 17e Régiment d’Artillerie de La Fère.
Quand la guerre éclate, Albert est 2e canonnier-conducteur. Il ne changera plus d’arme jusqu’à la fin du conflit.
Sa première blessure intervient en décembre 1917. Une fracture de l’humérus l’éloigne des champs de bataille pendant plusieurs mois. Mais il revient toutefois au front à l’été 1918. Toujours dans l’Artillerie.
Albert est démobilisé en août 1919. Templeux-le-Guérard est détruit. Les usines de phosphates sont en ruine. Albert s’installe dans le Nord, près d’Aulnoye, où il travaille dans des forges comme botteleur.

Son cousin Joseph, resté au 87e RI, a été tué à la guerre. Après être sorti vivant de l’enfer de Neufchâteau, en Belgique, le 20 août 1914, alors que son bataillon était décimé, Joseph TARJET a participé ensuite à la Bataille de la Marne, début septembre. Il est mort le 10 septembre 1914 à Haussignemont. Il avait 22 ans.
Les voisins, les frères GUILLE, ont survécu à la guerre. Paul, après plusieurs actes de bravoure a été promu sergent. Il est fait prisonnier le 10 juin 1918. C’est dans le camp de prisonnier de Cassel, en Allemagne, qu’il vit les derniers mois de la guerre. A son retour, il quitte son village pour s’installer dans l’Aisne, puis, comme son voisin Albert, dans le département du Nord. Gaston GUILLE a, comme son frère, été cité à l’ordre de son régiment. Blessé à la tête par éclat d’obus en février 1916, il est ensuite gazé en mai 1917. Il en a gardera des séquelles. Il meurt alors qu’il n’a pas encore 40 ans.
De presque 700 habitants avant la guerre, Templeux-le-Guérard n’en comptait plus que 221 en 1921. La reconstruction du village, totalement détruit, a duré plus de dix ans. La commune s’est vu décerner la Croix de guerre le 27 octobre 1920. Peu à peu les usines se sont reconstruites et l’extraction de phosphates a pu reprendre. Mais dans le petit village de Templeux-le-Guérard, plus rien ne sera jamais plus comme avant la guerre.
Lionel JOLY et Xavier BECQUET
A noter que l’orthographe du patronyme peut être TARJET ou TARGET selon les actes d’état-civil et les recensements de la commune entre 1880 et 1926.
« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme. Brigitte et Francis DANEZ ont réalisé la collecte de données pour la commune de Templeux-le-Guérard.

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