ILS AVAIENT 20 ANS EN 1914 – Charles DUBOIS de Cartigny et d’Hervilly

Né le 5 juillet 1892, Charles DUBOIS n’a pas de père connu.  Fils naturel de Clémence DUBOIS, il est baptisé le 14 juillet, en l’église de Cartigny.

Clémence a 21 ans. Elle est née à Buire-Courcelles. C’est dans ce village qu’elle repart avec son bébé pour débuter une autre vie. Quand naissent ensuite Henri, Fernand et Robert, il n’y a toujours pas de papa officiel. Les quatre garçons portent le nom de leur mère. En 1905, Clémence épouse Florentin COUTANT. Il est valet de charrue dans la ferme LUCQUET. C’est également chez LUCQUET que Clémence travaille, comme manouvrière.

Clémence et Eugène ont deux filles, Eugénie et Lucie. Toute la famille vit sous le même toit, tout d’abord, Rue du Centre à Buire-Courcelles puis Rue de Saint-Quentin, au hameau de Montigny. Les garçons s’appellent DUBOIS, comme leur mère, et les filles, reconnues par leur père, s’appellent COUTANT.

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Montigny est un lieu-dit de la commune d’Hervilly. Située à l’extrémité Est du département de la Somme, Hervilly fait partie du canton de Roisel. Le village de 350 habitants est entouré par Hesbécourt, Bernes, Roisel , communes de la Somme et Jeancourt et Vendelles, communes de l’Aisne.

L’activité est surtout agricole, mais aussi liée au tissage de la laine et du coton. L’élevage des moutons est important, puisqu’on compte plus de 600 bêtes sur le territoire du village. Il y a environ 40 métiers à tisser, en ce début du XXe siècle, installés essentiellement dans des petits ateliers familiaux. La commune possède aussi une sucrerie. Le patron habite la commune. Il s’appelle Odilon CARPEZA.

Les habitants du chef-lieu d’Hervilly viennent souvent au hameau de Montigny. Même s’il ne compte guère plus de 80 habitants et qu’il se situe à plus d’un kilomètre et demi du chef-lieu, c’est ici qu’il faut venir pour prendre le train vers la grande ville de Saint-Quentin.  Les déplacements se font rarement vers Amiens. Les principales sorties sont vers les marchés de Roisel. Le lundi, c’est le marché aux bêtes grasses et le 28 du mois, c’est le franc marché, sorte de foire où on trouve de tout.

Charles DUBOIS, comme ses frères et son beau-père, travaille chez CARPEZA. Même si la famille est grande, deux pensionnaires supplémentaires sont abrités sous le toit des COUTANT-DUBOIS.  Un vieil homme originaire de Miraumont, et le jeune Charles TRICOTET qui a le même âge que Charles DUBOIS. Les deux garçons sont employés chez CARPEZA.

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Les deux Charles sont tous deux de la Classe 1912. Devant le Conseil de Révision de Roisel, Charles DUBOIS déclare la profession de conducteur de tracteur agricole alors que Charles TRICOTET se déclare manouvrier. Les deux jeunes hommes sont déclarés aptes au service armé. Charles DUBOIS apprend avec joie qu’il est incorporé au 120e Régiment d’Infanterie de la toute proche ville de Péronne. Charles RICOTET ne va pas bien loin, puisqu’il est affecté au 87e RI de Saint-Quentin. Inséparables depuis l’arrivée du pensionnaire TRICOTET, les deux copains sont déçus de ne pas vivre cette expérience de deux années de caserne ensemble.

Les deux jeunes hommes prennent le train, le 9 octobre 1913, dans leur hameau de Montigny. Si TRICOTET se rend bien à Saint-Quentin, ce n’est pas Péronne le terminus pour Charles. Le 120e quitte la caserne Foy, de Péronne, pour rejoindre Stenay, dans la Meuse. Plusieurs régiments ont été désignés pour aller renforcer la sécurité des frontières. Le 120e en fait partie.

La guerre est déclarée le 3 août 1914. Le 87e RI rejoint les autres régiments déjà transférés vers l’Est les mois précédents.

Charles connaît son baptême du feu à Mangiennes, dans la Meuse,le 10 août. Malgré quelques blessés, il ne s’agit que d’une escarmouche en comparaison de ce qui l’attend le 22 août. C’est dans la plaine du Radan, à Bellefontaine, en Belgique, que Charles voit mourir, pour la première fois, des centaines d’hommes. En quelques heures. Des copains avec lesquels il avait passé plus de 10 mois.

Son copain TRICOTET combat à Hourdrigny, à quelques kilomètres de Bellefontaine. Les pertes sont également importantes pour le régiment.

La défaite française est indéniable et la retraite s’impose. C’est au cours de la Bataille de la Marne, début septembre 1914, que Charles DUBOIS est blessé pour la première fois. Une balle dans la fesse droite. La blessure est vilaine. Charles DUBOIS passe une longue période d’hospitalisation. Au printemps 1915, ayant été jugé capable de reprendre les armes, il rejoint le front. Quelques jours plus tard, le 5 avril, il est à nouveau blessé. Un éclat d’obus dans la nuque, à la Butte du Vauquois, en Argonne. D’autres blessures viendront rythmer le parcours de Charles. Evacuation, séjour à l’hôpital, convalescence et à chaque fois, retour au front.

Le 20 mai 1917, dans le secteur du Chemin des Dames, Charles est gazé. Evacué sur l’hôpital du Havre. Et, nouvelle convalescence. Et nouveau retour au front…

Le 10 juin 1918, Charles DUBOIS est fait prisonnier dans le Nord. Il est interné au camp de Friedrichsfeld d’où il ne sort qu’en janvier 1919. A son retour il bénéficie de 30 jours de permission… avant de retourner dans la caserne. Charles DUBOIS n’est démobilisé qu’en juillet 1919. Il peut alors revenir dans sa région. Mais où ? Que reste-t’il de son village ?

Son copain TRICOTET a été blessé plusieurs fois également et la mort l’a également frôlé. Il a reçu une balle dans le dos pendant la Bataille de la Somme mais, comme Charles, lui aussi est revenu au front, après chaque période de soins et de convalescence. Et comme Charles, il a été fait prisonnier par les Allemands, au printemps 1918 et interné au camp de Dülmen.

Les frères cadets mobilisables de Charles DUBOIS ont survécu. Estropiés par la guerre mais vivants. En 1916, Henri DUBOIS a été blessé gravement à un pied et à Craonne, en 1917, Fernand DUBOIS a reçu des éclats d’obus au genou droit et à la jambe gauche.

Le jeune Robert étant trop jeune pour être mobilisé, les quatre fils de Clémence DUBOIS ont donc tous survécu à la guerre.

Charles DUBOIS avait épousé Marie Trucquart, fille de l’Oise, à l’occasion d’une permission, en janvier 1918. Après sa démobilisation, Charles l’a rejoint dans l’Oise. Les amoureux se sont installés à Vendelles, village voisin d’Hervilly. Dans le canton, le travail ne manque pas. Les villages du secteur ne sont plus que ruines. Tout est à reconstruire …

Lionel JOLY et Xavier BECQUET

« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme.  Didier BOURRY a réalisé la collecte de données pour les communes de Cartigny et d’Hervilly.

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