Né le 4 novembre 1892, Georges FLAMANT est le fils de Roland FLAMANT et de Pauline DEMALLE.
Pauline est originaire du village de Driencourt dans la Somme. Roland FLAMANT est parisien. Il est né Faubourg Saint-Honoré.

Après leur mariage, Roland et Pauline s’installent Rue du Moulin à Driencourt. Roland est artisan couvreur.
Driencourt est un petit village de l’Est de la Somme situé dans une vallée, au Nord-Ouest de Roisel le chef-lieu de canton et au Nord-Est de Péronne le chef-lieu d’arrondissement. On y compte à peine 300 habitants à la fin du XIXe siècle.

Georges est leur premier enfant. Cinq ans plus tard la fratrie s’agrandit. Yvonne naît en 1897 et Maurice en 1898.
L’activité principale du village est l’agriculture. On y cultive céréales, betteraves sucrières et plantes fourragères. C’est essentiellement sur les marchés de Péronne et de Roisel qu’on vend sa production. Quelques habitants travaillent à Templeux-la-Fosse, le village voisin, dans l’extraction des phosphates.

Dans un petit village comme Driencourt, les copains du même âge sont rares. Ils ne sont guère plus de six à avoir le même âge ou presque que Georges.
Il y a les frères Albéric et Théodore DUPUIS. Ils habitent Rue de Tincourt, dans la ferme de leur père. Julien LAGRENEE réside Rue d’En Bas. Son père est ouvrier agricole. Et puis il y a les cousins Edmond et Alphonse MASCRE. Le père d’Edmond est cultivateur Rue d’Aizecourt-le-Haut et celui d’Alphonse, prénommé Epidophore, est marchand de bestiaux Rue Bastifour.
Les copains fréquentent l’école du village, ils s’assoient sur les mêmes bancs à l’église Sainte-Radegonde et partagent souvent les mêmes jeux. Un des événements importants dans leurs vies d’enfants, c’est quand arrive la fête du village. A Driencourt, bien sûr, mais aussi dans les villages voisins comme Templeux-la-Fosse. Ils n’en manqueraient pas une et n’hésitent pas à parcourir dix ou quinze kilomètres à pied pour s’y rendre. Les jours de fêtes on trouve sur la place du village des baraques foraines. Il y a des loteries et des marchands de sucre d’orge. Il y a aussi un « rougaillou » actionné par une grande manivelle. Quand vient le bal et son orphéon, toute la population du village et de nombreux habitants des villages du secteur sont rassemblés.

Dans leur village, comme chez tous les garçons en bande, la moquerie est de rigueur. Imiter le charron quand il peste en voyant son apprenti ajuster un bandage sur l’armature d’une roue « Tu t’y prins comme un notaire ! » ou Ugène le berger qui crie « Brou…brou... » pour appeler ses brebis. Se moquer « d’ech grou Vinchon« , le vieux célibataire du village ou de Clotaire, le gars un peu simplet qui n’ a pas hésité à couper le lilas du vieil Alphonse parce qu’il trouvait qu’il faisait trop d’ombre… Souvent moqueurs, mais jamais vraiment méchants, la bande de copains n’hésitent pas à aider les anciens quand il le faut, et surtout, pendant les moissons, chacun y met du sien.

Contrairement à tous ses copains qui en grandissant ont une activité agricole, Georges suit la voie tracée par son père. Il devient apprenti-couvreur. C’est bien sûr avec son père qu’il apprend le métier. Le père et le fils connaissent presque tous les villages et tous les chemins vicinaux du secteur. On ne refuse jamais un chantier, même s’il faut parcourir de nombreux kilomètres à pied pour s’y rendre, en poussant une voiture à bras.

Quand vient l’âge des 20 ans, les copains passent devant le Conseil de Révision, à Roisel. Georges FLAMANT et les frères DUPUIS sont affectés au 120e Régiment d’Infanterie de Péronne.
Alphonse MASCRE doit quitter son métier de marchand de bestiaux pour rejoindre le 2e Escadron du Train des Equipages, à Amiens.
Quant à Julien LAGRENEE, il est exempté du service militaire pour faiblesse générale.
Edmond MASCRE, le 5e copain, est déjà sous les drapeaux depuis une année au 8e Bataillon de Chasseurs à Pied d’Amiens.
Georges FLAMANT, Albéric et Théodore DUPUIS s’attendaient à vivre leurs deux années de service militaire près de chez eux. Driencourt n’est éloigné de Péronne que de 7 kilomètres. Hélas pour eux, au moment de leur incorporation, le 120e RI vient de quitter le chef-lieu d’arrondissement de la Somme pour le Nord du département de la Meuse. Le 9 octobre, le 120e RI est transféré dans la Meuse à Stenay. Ce régiment est intégré au système de défense renforcée des frontières décidé par l’Etat-Major. Le plan Schlieffen élaboré Outre-Rhin laisse penser qu’en cas de guerre, les Allemands traverseront la frontière française en passant par la Belgique. Il faut donc commencer à regrouper les régiments de l’Armée Active à proximité du Grand-Duché et du Sud de la province du Luxembourg belge. Les 3 copains de Driencourt découvre donc la vie militaire dans la caserne Chanzy située sur les hauteurs de Stenay.

Le 120e Régiment d’Infanterie est un des régiments de la 2e Région Militaire d’Amiens les plus éprouvés par le début de la guerre. Le 22 août, les combats de Bellefontaine, en Belgique, sont meurtriers. Près de 600 hommes du 120e RI sont tués en quelques heures dont 200 sont originaires de la Somme. Georges FLAMANT et les frères DUPUIS ne sont pas au nombre des victimes mais le traumatisme est déjà violent ! Ils ont vu mourir, ils ont vu souffrir, des centaines de jeunes hommes avec lesquels ils avaient vécu tant de bons moments dans les locaux de la caserne Chanzy.
Fin août 1914, Julien LAGRENEE qui avait été exempté pour le service militaire est finalement jugé apte à faire la guerre. Il est incorporé au 120e RI comme ses copains Georges FLAMANT et les frères DUPUIS. Il rejoindra le front après une période d’instruction de plusieurs mois.
Après la Bataille de la Marne, début septembre 1914, le 120e s’installe en forêt d’Argonne. Assurer la relève dans les tranchées. Surveiller. Lancer des offensives. Résister aux attaques. Et encore surveiller. Et attendre. Attendre. Attendre que le jour arrive. Attendre qu’on vienne livrer la soupe. Attendre l’ordre de se replier. Attendre que la pluie prenne fin. Quatre à cinq jours de ce régime, suivis de deux à trois jours de repos, à l’arrière, pour tenter de récupérer le sommeil perdu, en espérant trouver une forme de paix. Avant de repartir en première ligne…
Dans le Bois de la Gruerie, des milliers d’hommes y laissent la vie. Les frères DUPUIS sont tués. Albéric est déclaré disparu le 29 septembre et Théodore tué à l’ennemi entre le 16 et le 26 novembre ( !) à quelques centaines de mètres de l’endroit où son frère a été vu vivant pour la dernière fois.

C’est dans ce même Bois de la Gruerie que Georges FLAMANT est capturé par les Allemands, le 5 novembre, au Pavillon de Bagatelle. Il est transporté en Allemagne et interné au camp de Giessen, puis dans celui de Quedlinburg.
Fin 1914, quand Julien LAGRENEE rejoint les hommes du 120e en Argonne après avoir terminé son instruction, il n’y retrouve aucun des copains de Driencourt. Moins de trois mois après son arrivée sur les champs de bataille, Julien LAGRENEE perd la vie. L’état-major l’a déclaré disparu entre le 28 février et le 10 mars 1915…

Comme si le sort s’acharnait sur la joyeuse bande des copains de Driencourt, c’est dans le même secteur qu’Edmond MASCRE, le plus âgé des deux cousins, est tué quelques mois plus tard en septembre 1915.
Un peu plus d’un an après le début de la guerre, 4 des 6 copains de Driencourt sont morts. Albéric DUPUIS, Théodore DUPUIS, Julien LAGRENEE et Edmond MASCRE avaient tous entre 22 et 23 ans.

La guerre se poursuit pendant plus de 3 années encore. Georges FLAMANT est malade. Il se morfond dans un camp de prisonniers en Allemagne. Loin des siens. Loin de tout… Georges FLAMANT passe plus de quatre années dans les geôles germaniques. Hélas, sa santé se dégrade en permanence. Quand il est rapatrié le 19 février 1919, il est immédiatement évacué vers l’hôpital complémentaire de la chapelle d’Hérouville dans le Calvados. Favorisée par de difficiles conditions de détention, la tuberculose s’est solidement installée dans les poumons de Georges. Il meurt à « l’hôpital de contagieux d’Hérouville » le 29 mai 1919.
Seul Alphonse MASCRE a survécu à la guerre. Même si son village a été détruit pendant la guerre, ce n’est certainement pas la seule raison qui l’a poussé à aller s’installer ailleurs. Il n’est pas allé bien loin. Il s’est installé à Roisel, le chef-lieu de canton, laissant à 8 km de sa nouvelle vie, tous les fantômes de sa jeunesse.

Pendant la guerre, la famille FLAMANT a évacué son village avant qu’il soit occupé par les Allemands pour se réfugier chez Madame Foucquet à Blangy-Tronville, près d’Amiens. Maurice FLAMANT, le frère cadet de Georges, a été mobilisé en 1917 à l’âge de 19 ans. Il a survécu. Un éclat d’obus lui a laissé une cicatrice de 24 cm dans la cuisse. Une blessure qui avait été finalement peut-être moins douloureuse que celle de la perte de son seul frère…
Lionel JOLY et Xavier BECQUET
Selon les documents étudiés, le patronyme de Georges est écrit FLAMANT ou FLAMAND.
Nous vous conseillons la lecture de « Le Village assassiné » de Bernard Léguillier (1996 – Edition Vague Verte) sur Driencourt et ses habitants, à l’époque de la Grande Guerre.

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génial tous ces écrits et documents,passionné de l’histoire de la guerre 14-18,je travaille comme bénévole au SF80,section de péronne,où j’entretiens au travers de restauration de tombes de poilus,au travail de mémoire
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