ILS AVAIENT 20 ANS EN 1914 – Marcel OVAERE d’Amiens

Né le 17 mai 1892, Marcel OVAERE est Amiénois.

Auguste et Juliette OVAERE, les parents de Marcel, sont originaires des Flandres. Auguste a rencontré Juliette, une fille d’Armbouts-Cappel. Ils se marient à Dunkerque et viennent s’installer à Amiens dans la Somme. Auguste est menuisier. Le travail ne manque pas dans la grande cité picarde. La famille habite Place au Feurre, à quelques dizaines de mètres de la Cathédrale Notre-Dame.

Avec la naissance des enfants, il faut changer de logement. C’est d’abord le Faubourg de Beauvais puis la Rue Béranger et enfin, quand la famille est au complet, c’est la Rue du Moulin qui constitue l’univers immédiat des OVAERE.

Comme dans toutes les familles à l’époque, la mortalité infantile frappe lourdement. Tout en élevant ses enfants, la maman exerce la profession de modiste. Le dernier enfant porté par Juliette, en 1894, est déclaré mort-né. Après Marguerite, Auguste, Jeanne et Marcel, seul garçon de la fratrie, il n’y aura pas de 5e enfant.

Juliette meurt à l’âge de 39 ans. Auguste OVAERE reste seul avec ses quatre enfants. Marcel, le plus jeune, n’a que 7 ans.

Dès qu’ils le peuvent, les enfants doivent gagner leur vie. Le salaire du père, menuisier chez Vandebure, n’est pas suffisant pour subvenir à tous les besoins. Marguerite, la fille aînée, est vestonnière chez Lefevre. Peu à peu, les plus jeunes doivent également trouver du travail.

L’arrivée du service militaire dans la vie de Marcel est peut-être une chance pour lui. A défaut d’être payé, il sera nourri et logé gratuitement pendant deux années. Il quitte Amiens le 1er octobre 1913 pour rejoindre le 51e Régiment d’Infanterie de Beauvais.

Sur un quai de la Gare du Nord d’Amiens, plusieurs jeunes hommes de 20 ans attendent également le train pour Beauvais. Parmi eux,  Marcel GUILBERT, un jeune Amiénois qui habite dans le quartier de La Neuville.  Les deux Marcel font le voyage ensemble.

Onze mois plus tard, la guerre est déclarée. Le 51e RI quitte Beauvais pour se rendre dans la Meuse, dans le secteur de Stenay.

Le 22 août, comme tous les régiments de la Région militaire d’Amiens, le 51e RI est positionné dans la région de Virton, pour lancer l’offensive dans le territoire belge et « renvoyer les Allemands à Berlin ».

Blessé au bras gauche, dès les premiers combats, par un éclat d’obus, Marcel OVAERE est évacué vers l’hôpital de Reims. De retour quelques semaines plus tard, il rejoint ses camarades du 51e positionnés en Argonne, près du Bois de la Gruerie. Les tranchées allemandes sont infranchissables. Chaque tentative d’assaut entraîne morts et blessés.

Le 15 février 1915, à Beauséjour dans la Marne, Marcel OVAERE est blessé au thorax par balle. Son état nécessite deux mois d’hospitalisation. C’est à Yzeure dans l’Allier, dans le lycée de Jésuites du château de Bellevue transformé en hôpital temporaire, qu’il est soigné. Il le quitte le 20 avril 1915 pour deux mois supplémentaires de convalescence.

A son retour, Marcel OVAERE ne retrouve pas les copains rescapés du 51e RI. Il est affecté au 419e Régiment d’Infanterie.  Ce régiment d’Avord, dans le Cher, est constitué d’anciens blessés et de nouvelles recrues. Le régiment étant dissous en août 1916, c’est avec le 236e Régiment d’Infanterie que Marcel participe à la Bataille de la Somme dans le secteur de Soyécourt puis en octobre, vers Quennevières, dans l’Oise.

L’état de santé de Marcel n’est pas bon. La balle dans les poumons n’a pas été sans dommage. Son évacuation à l’hôpital de Château-Thierry en septembre 1917, n’est que la première d’une longue série. Il séjourne à l’hôpital N°72 de Meaux de la fin du mois de novembre 1917 à janvier 1918 puis à Nantes fin mars, à Caen, fin mai. Après chaque interruption, il est renvoyé au front, même si les difficultés respiratoires sont toujours présentes.  Le 22 juin 1918, il est affecté, pour deux mois, au centre de ré-entraînement d’Elbeuf. A l’issue de cette remise en forme, il rejoint le 9e Bataillon du 14e Régiment d’Infanterie qui combat en Champagne. Parmi les armes utilisées des deux côtés des belligérants, il y a les gaz. Marcel n’avait vraiment pas besoin de ça ! Il est victime d’ypérite et doit être d’urgence transféré, encore une fois, vers l’arrière pour y être soigné. C’est de son lit d’hôpital qu’il apprend la signature de l’Armistice.

Fin janvier 1919, Marcel est mis à disposition du Réseau des Chemins de fer du Nord, comme homme d’équipe. C’est dans le département du Nord, à Busigny, qu’il exerce cette mission avant d’être démobilisé définitivement.  Pour une fois, la chance est au rendez-vous. Ce séjour, près de la région natale de ses parents, lui permet de rencontrer une jeune fille de Buironfosse, dans l’Aisne dont il tombe amoureux. Elle s’appelle Alix. Ils se marient le 29 septembre 1919.

C’est à Buironfosse, gros bourg de l’Aisne situé à quelques kilomètres du département du Nord, que le couple s’installe. Rien d’étonnant à ce que ce fils de menuisier se sente à l’aise dans la commune où des dizaines de sabotiers exercent leur activité !

Les problèmes pulmonaires ont certainement perturbé souvent la vie de Marcel. Mais la vie, même perturbée, reste une chance extraordinaire pour ceux qui ont connu l’horreur de la Grande Guerre. Les problèmes pulmonaires ne l’ont jamais quitté mais Marcel a pu connaître beaucoup des plaisirs qu’offre la vie en temps de paix.

Marcel GUILBERT, le copain de service militaire, n’a pas eu cette chance. Il a été tué le 19 octobre 1915 à Tahure dans la Marne. Il avait 23 ans.

Marcel OVAERE est resté jusqu’à la fin de sa vie dans le département de l’Aisne. Il est mort à Buironfosse, en décembre 1968, à l’âge de 75 ans.

Lionel JOLY et Xavier BECQUET

« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme.  André MELET a réalisé la collecte de données pour la commune d’ Amiens.

Retrouvez d’autres parcours publiés sur notre site :

Louis DELHOMEL d’AMIENS

René LANCELLE d’AMIENS

Emile MILLE d’AMIENS

Raymond PONCET d’AMIENS

 

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