Victimes de la Première Guerre mondiale – une Somme de vies brisées par 14 18.
Né le 17 mars 1888, Henri MARCHANDISE est le fils de Gustave MARCHANDISE et de Jeanne ENGRAMER.
Henri est leur deuxième enfant. Henriette est née deux ans plus tôt. Henri sera le seul garçon d’une fratrie ne comptant que deux membres pendant très longtemps. Une petite soeur naîtra en 1910 au foyer de Gustave et Jeanne MARCHANDISE. Quand Lucie vient monde, sa soeur aînée est déjà mariée avec un gars du village, Arnoult Lavalard et Henri, son frère aîné, effectue son service militaire.
Dans la Grande Rue à Doingt, Henri partage son enfance entre la ferme de ses parents et les copains du même âge qu’il retrouve sur les bancs de l’école ou de l’église.

Henri GUILLEMONT est, comme lui, fils de cultivateurs. Les parents d’Henri LAVERDURE et de Georges BRETTE n’ont pas de métier bien défini. Ils cherchent du travail et en trouvent facilement, autant dans les fermes que dans les fabriques et ateliers des alentours. A Doingt il y a une minoterie, une fabrique d’huiles et une petite scierie et au lieu-dit de Rocogne, une fabrique de sucre. De plus, la grande ville voisine qu’est Péronne offre également de nombreux emplois journaliers tout au long de l’année.
Enfants de la Grande Rue à Doingt, ils partagent les jeux sur les rives de la Cologne, dans les marais de la Somme, les Hardines de Flamicourt ou encore dans le bois de la Rocogne. Les garçons de Doingt vont plus souvent jouer dans la campagne que dans les rues de Péronne. Ils sont attachés à leur village.

Les garçons ont grandi. Henri MARCHANDISE travaille dans la ferme de ses parents, tout comme Henri GUILLEMONT. Georges BRETTE est devenu couvreur et Henri LAVERDURE travaille de ferme en ferme. Tous les quatre ont effectué leur service militaire et la vie s’annonce plutôt agréable.
En 1911, Henri MARCHANDISE épouse Clémence BINET. Ils s’installent dans la Rue du Moulin à Doingt pour y tenir leur propre ferme.

Quand le 1er août 1914, les cloches de l’église Notre-Dame de l’Assomption sonnent le tocsin, les quatre jeunes hommes savent rapidement que la situation est grave. Ayant fini depuis peu leur service militaire, la mobilisation est immédiate pour eux.
Les 4 copains n’avaient pas fait leur service militaire ensemble. Georges BRETTE avait été affecté au 3e Bataillon de Chasseurs à pied dans les Vosges, à Saint-Dié. Henri LAVERDURE était parti au 161e Régiment d’Infanterie à Reims. Henri MARCHANDISE avait effectué ces deux années de service militaire au 9e Régiment de Cuirassiers de Douai. C’est également dans ce régiment qu’avait été nommé Henri GUILLEMONT, avant d’être réformé N°2 quelques mois plus tard pour problèmes pulmonaires.

(« Doingt-Flamicourt sur les traces de son passé » – Edition « Mémoire de Doingt-Flamicourt » – 2003)
Henri GUILLEMONT, toujours réformé, n’est pas mobilisé. Il voit partir ses trois copains le 2 août 1914. Henri MARCHANDISE rejoint son régiment à Douai, alors que Georges BRETTE et Henri LAVERDURE sont convoqués au château de Péronne où se trouve le dépôt du 120e Régiment d’Infanterie. Habillés et équipés, ils prennent le train, comme d’autres centaines de jeunes hommes, vers l’Est de la France. Le 120e RI est caserné à Stenay dans la Meuse depuis octobre 1913.
En arrivant à la caserne Chanzy, ils retrouvent plusieurs jeunes hommes de Péronne et de son arrondissement comme leur copain de Flamicourt, Lucien POUILLARD, qui s’était engagé au 120e RI et qui a maintenant le grade de sergent-major.

Le 120e RI participe aux premiers combats. Il participe à l’offensive du 22 août avec l’objectif de repousser les Allemands du territoire belge. Le 120e RI franchit la frontière le 21 août et se lance à l’assaut du plateau de Bellefontaine le 22 août à l’aube. Quelques heures plus tard, le régiment a perdu plus de 1 000 hommes. Les morts se comptent par centaines. Lucien POUILLARD a été tué.
Henri LAVERDURE est blessé quelques semaines plus tard, dans les combats de tranchée du Bois de la Gruerie. Blessé à la main et au pied gauche par balle, il est évacué puis revient au front le 3 décembre 1914. Il retrouve son copain Georges BRETTE. Le 120e RI est toujours coincé au Bois de la Gruerie dans un combat dont personne ne sort jamais gagnant. Fin janvier 1915, le 120e RI est envoyé dans un autre secteur de combat, à l’Est de Verdun. Georges BRETTE est tué au printemps 1915 au combat de Maizeray. Henri LAVERDURE meurt cinq mois plus tard au Ravin de la Goutte à Tahure. Marie, sa pauvre mère déjà devenue veuve, n’a pas fini de verser des larmes. En effet, un deuxième fils, Emile, est aussi tué à la guerre. Il meurt le 1 août 1917.
Alors que ses deux copains de la Grande Rue ont perdu la vie, Henri MARCHANDISE est encore vivant. Ayant vu tant de morts autour de lui, il sait que son tour peut arriver à tout moment. Il est pour l’instant un miraculé.

Le 3 septembre 1916, la guerre prend fin pour Henri MARCHANDISE. Il ne meurt pas mais la blessure subie va l’empêcher de poursuivre le combat. Il est évacué pour être soigné et ne revient au dépôt du régiment qu’en décembre 1916. La blessure est vilaine. Les éclats d’obus ont touché les deux fesses et les cicatrices, à proximité de l’anus, le font horriblement souffrir. Henri MARCHANDISE est maintenu au dépôt. Il en est fini des champs de bataille pour lui.
Henri MARCHANDISE est démobilisé en avril 1919. De retour dans son village, il constate les dégâts causés par la guerre et par l’occupation allemande dans le secteur. Au-delà des bâtiments et des habitations, les civils aussi ont été les victimes de cette présence ennemie.

Henri GUILLEMONT qui avait été réformé du service militaire, n’a pas été mobilisé pour la guerre. De santé fragile, il était resté chez ses parents. Comme tous les hommes encore présents quand les troupes d’occupation sont arrivées, il a été fait prisonnier et emmené en Allemagne. Il a été rapatrié le 27 novembre 1918. Henri GUILLEMONT est mort le 23 octobre 1927 à Doingt.
Henri MARCHANDISE a construit sa vie à Doingt. La blessure de guerre l’a fait souffrir jusqu’à la fin de sa vie. Mais Henri a pu fonder une famille avec son épouse, Clémence. Maurice est né en 1914, Henri en 1920 et Thérèse en 1930.
Sur le monument aux morts de Doingt inauguré le 7 décembre 1924, figurent 52 noms de jeunes hommes tués pendant la Première Guerre mondiale. Henri MARCHANDISE les connaissait presque tous. On y trouve ceux de ses deux amis, Henri LAVERDURE et Georges BRETTE. Deux jeunes hommes de la Grande Rue qui eux, ne vieilliront jamais.
Lionel JOLY et Xavier BECQUET

Merci à Nicole BAUDUIN et à Jean-Paul BUIRE
Retrouvez les parcours d’autres jeunes hommes ayant vécu près de DOINGT-FLAMICOURT :
René DAMAY de PERONNE
Lucien BLERIOT de TINCOURT-BOUCLY
Léonce VERRIER de MOISLAINS et PERONNE
Et tous les autres articles « UN JOUR, UN PARCOURS » publiés sur notre site
[…] Henri MARCHANDISE de DOINGT-FLAMICOURT […]
J’aimeJ’aime
[…] Henri MARCHANDISE de DOINGT-FLAMICOURT […]
J’aimeJ’aime
[…] fait sur les jeunes gens du secteur de Péronne et Roisel comme les frères DAMAY de Péronne, Henri MARCHANDISE et Clément POTHRON de Doingt, Marcel DEMARET de Roisel, Albert TARJET de […]
J’aimeJ’aime