Né le 28 juin 1893, Léon GAMBIER n’a pas habité longtemps à Saint-Vaast-en-Chaussée.
Alors qu’il était très jeune, ses parents ont déménagé pour aller s’installer dans le village voisin de Flesselles. Le père de Léon, prénommé également Léon, est originaire de Saint-Vaast. Ses parents, Jean-Baptiste et Elisa GAMBIER y tenaient un débit de boissons.
La mère du petit Léon, Maria VILBERT, est née à Rubempré, de parents cultivateurs. C’est aussi ce métier que vont choisir les jeunes mariés. A Flesselles, ils trouvent une ferme, Chemin de Saint-Vaast, et s’y installent avec la grand-mère, Elisa. Léon a les cheveux châtains et les yeux clairs.
C’est Elisa qui garde le petit, pendant que les parents assurent le difficile métier de fermier.
Flesselles est un bourg important du Nord-Amiénois, comptant plus de 1 000 habitants à la fin du XIXe siècle. L’activité du tissage de coton y est très développée. Plus d’un quart de la population gagne sa vie par cette activité, pratiquée essentiellement à domicile, à l’aide de métiers à tisser manuels.
L’autre activité, c’est l’agriculture. Le territoire de la commune est surtout constitué de sols calcaires recouvert d’un épais limon. La production céréalière y est bonne. On cultive également les pommes de terre et la betterave fourragère. Comme dans beaucoup de villages, les prairies sont utilisées aussi bien pour nourrir le bétail que pour y laisser pousser des pommiers. Le cidre est la boisson la plus répandue dans le secteur.
Comme tout enfant d’agriculteurs, Léon aide ses parents à la ferme. Il fréquente malgré tout l’école communale avec assiduité et y est plutôt bon élève. Alors qu’il se pensait enfant unique pour toujours, une petite sœur, prénommée Léa, est venue compléter la famille. Léon a 15 ans.
A 20 ans, Léon se rend au chef-lieu de canton, Villers-Bocage, pour passer devant le Conseil de Révision. Il est incorporé au 51e Régiment d’Infanterie de Beauvais. Le 26 novembre 1913, il prend le train en gare de Flesselles en direction d’Amiens. Bertangles, Longpré-les-Amiens, Montières, Amiens Saint-Roch. Léon, habitué à venir à Amiens, avec ses parents, connaît parfaitement tous les arrêts.
En Gare Saint-Roch, à Amiens, il prend alors le train vers la préfecture de l’Oise.
A la caserne, il n’est pas trop dépaysé. Il est d’ailleurs accueilli par un groupe de jeunes hommes de Vignacourt. La petite ville de Vignacourt est située à moins de six kilomètres de Flesselles. Les jeunes ont déjà eu l’occasion de se rencontrer. Parmi eux, 6 viennent de débuter leur service militaire. Ils sont arrivés le 10 octobre, et se font un plaisir d’expliquer au « nouveau » le fonctionnement du régiment.
La guerre à peine déclarée, le 3 août 1914, le 51e RI se déplace vers les frontières avec la Belgique et le Luxembourg. Les premiers combats ont lieu près de Meix-devant-Virton, puis le 51e bat en retraite, avec le 2e Corps d’Armée d’Amiens, pour aller se positionner dans la Marne afin d’arrêter la progression allemande. Léon est blessé pendant la Bataille de la Marne, le 10 septembre. Une balle lui a perforé le thorax. La blessure est suffisamment grave pour que Léon ne revienne plus jamais sur les champs de bataille. Après une très longue période d’hospitalisation, il est classé au service auxiliaire du régiment, par la Commission de Brest, en mars 1916, pour « transfixion par balle du poumon droit ». Puis, tout en restant épargné des zones de combats, il rejoint, en février 1917, le 8e Régiment de Génie, dont les compagnies sont spécialisées dans la télégraphie et les transmissions. Léon est démobilisé en mars 1919 et se retire à Flesselles.
Une pension temporaire de 10% lui est allouée par la Commission de Réforme d’Amiens pour « blessure de guerre par balle avec inflammation de la plèvre », quand il sera à nouveau examiné, 15 ans plus tard, la même commission augmentera la pension pour la passer à 30% pour « pleurésie purulente avec aggravation ».
Peu de temps après la démobilisation, Léon épouse Alfrédine, une fille d’agriculteurs, originaire, de Rubempré, comme l’est Maria, sa mère.
Trois filles, Andrée, Léone et Lina viennent compléter la famille. La ferme de Léon est située dans la Rue de Villers-Bocage. Même si la Rue de Saint-Vaast est à l’autre bout du village, Léon peut voir très souvent ses parents et continuer à les aider.
Malgré sa santé fragile, Léon sait, en voyant les sourires de ses filles, qu’il a été chanceux. Dans la Marne, tout aurait pu s’arrêter définitivement pour lui.
Léon a souvent repensé aux 6 Vignacourtois qui l’avaient si fraternellement accueilli, le 27 novembre 1913, le premier jour du service militaire. Trois d’entre eux, Albert LOYER, Charles NIQUET, Alphonse ROYON,ont été tués dans les trois premiers mois de la guerre. Les frères THEOT, Gaston et Virgile, ont été tués en 1915 et en 1917. Seul Gustave PECOURT a survécu. Blessé à plusieurs reprises, il est rentré, tout comme Léon, fortement diminué physiquement. Diminué, mais vivant !
Quand, des années après la fin de la guerre, Léon GAMBIER, de Flesselles, et Gustave PECOURT, de Vignacourt, avaient l’occasion de se rencontrer, il n’y avait pas besoin de beaucoup de mots entre eux. Les regards suffisaient.
Léon GAMBIER est mort à Flesselles le 27 septembre 1973, à l’âge de 80 ans.
Lionel JOLY et Xavier BECQUET
« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme. Jean DELHAYE a réalisé la collecte de données pour la commune de Saint-Vaast-en-Chaussée et Régis BALLOY la collecte pour Flesselles.

(photo Généanet)
[…] Léon GAMBIER de FLESSELLES […]
J’aimeJ’aime
[…] Léon GAMBIER de FLESSELLES […]
J’aimeJ’aime
[…] Léon GAMBIER à FLESSELLES […]
J’aimeJ’aime
[…] Léon GAMBIER de FLESSELLES […]
J’aimeJ’aime
[…] Léon GAMBIER à FLESSELLES […]
J’aimeJ’aime
[…] Léon GAMBIER à FLESSELLES […]
J’aimeJ’aime
[…] Léon GAMBIER à FLESSELLES […]
J’aimeJ’aime
[…] Léon GAMBIER à FLESSELLES […]
J’aimeJ’aime
[…] Léon GAMBIER de FLESSELLES […]
J’aimeJ’aime