Né le 14 mars 1894, Abel NOTREDAME est le fils d’Eugène NOTREDAME et de Marie PENNELIER

Eugène NOTREDAME est originaire de Saint-Amand-les-Eaux dans le Nord. Après son service militaire au 127e Régiment d’Infanterie de Valenciennes, Eugène NOTREDAME vient chercher du travail dans la Somme à la fin des années 1880. Auguste FAILLIOT, célèbre industriel parisien dans le domaine de la papeterie a acquis depuis peu une usine dans la commune de Conty, au Sud du département de la Somme. Pour développer l’activité, il lui faut recruter plusieurs dizaines d’ouvriers. Eugène avait travaillé comme ouvrier dans une fabrique avant son service militaire.

Est-ce grâce à Charles DOUBLET, un jeune homme de son âge résidant à Valenciennes, qu’il obtient la nouvelle ? Les parents de Charles vivent dans la Somme. Est-ce par la hiérarchie militaire ? Les recruteurs n’hésitent pas à transmettre leurs offres d’emplois dans les casernes, certains d’y trouver une population d’hommes en bonne santé, tous jugés aptes physiquement par l’Armée. Dans tous les cas, dès que les obligations militaires sont remplies, Eugène NOTREDAME arrive dans la commune de Conty. Il y tombe très vite amoureux d’une jeune fille du bourg, Marie PENNELIER, avec laquelle il s’installe en couple. Ils résident dans la Rue Verte à Conty. Le mariage d’Eugène et de Marie se déroule en janvier 1892. Eugène est ouvrier dans la papeterie FAILLIOT.

Eugène et Marie NOTREDAME ont plusieurs enfants. La petite Germaine, leur premier enfant, décède en bas âge. Viennent ensuite 4 garçons : Maurice né en 1891, Henri en 1892, Abel en 1894 et Marceau en 1895, suivis par Eugénie, Louis, Gisèle et Céleste. La famille s’installe Rue du Hamel.

La vie n’est pas simple. Même si le revenu des ouvriers d’usine et supérieur à celui des ouvriers agricoles, le maigre salaire d’Eugène permet difficilement de nourrir toutes les bouches. La réglementation interdit le travail des enfants de moins de 12 ans et de toute façon, les parents NOTREDAME souhaitent que leurs enfants aillent à l’école. Seulement plus tard ils iront gagner leur propre salaire. A la fin de leur scolarité, les enfants d’Eugène et Marie savent presque tous lire et écrire.

Maurice NOTREDAME est le premier à chercher un emploi. Il rejoint la papeterie FAILLIOT, suivi un an plus tard par son frère Henri. Les garçons NOTREDAME ne restent pas chez FAILLIOT. Les deux aînés deviennent ouvriers fromagers chez ANCEL et les deux plus jeunes, Abel et Marceau, sont employés comme ouvriers chapeliers chez BATTERSBY. L’aîné de la fratrie est le premier à se marier. Maurice NOTREDAME épouse Blanche DUBOSQUET en mai 1912. Maurice est de santé fragile. Il est exempté de service militaire pour bronchite chronique. C’est donc Henri, son frère cadet, qui est le premier de la fratrie à connaître la vie de caserne. Il n’attend pas d’être appelé sous les drapeaux et s’engage dès le mois de mai 1913. Il rejoint le 19e Régiment de Chasseurs à Cheval d’Abbeville.
Quand la guerre est déclarée par l’Allemagne, le 3 août 1914, Henri est le seul de la fratrie à être mobilisé. Maurice, toujours jugé inapte pour raison médicale, ne sera mobilisé que le 28 novembre 1914, date à laquelle la Commission de Réforme d’Amiens l’estime apte au combat armé.

Abel NOTREDAME est mobilisé le 16 décembre 1914. Il rejoint le 33e Régiment d’Infanterie d’Arras. Son frère cadet, Marceau, se porte volontaire pour devancer l’appel de sa classe. Il part le même jour qu’Abel et se rend également au centre d’instruction du 33e RI. Abel a 20 ans et Marceau NOTREDAME n’a que 19 ans.
Quand Noël 1914 arrive, les quatre fils aînés d’Eugène et Marie NOTREDAME sont à la guerre.
Malgré ses 46 ans, Eugène NOTREDAME a également été mobilisé. Il a même été mobilisé avant tout le monde ou presque. Après une période militaire obligatoire à Amiens, au 2e Escadron du Train des équipages, en mars 1892, il en suit une seconde au 12e Régiment Territorial d’Infanterie au printemps 1898. C’est à cette occasion qu’il est désigné comme Garde des Voies de Communication. Choisis en temps de paix, les GVC, issus des hommes de la réserve de l’armée territoriale, ont tous été convoqués avant la Mobilisation générale pour un exercice de garde des voies de communications. L’ordre a été transmis aux Corps d’armée le vendredi 31 juillet à 18h15. La veille du décret de Mobilisation générale.

Replié sur le dépôt du 2e Corps d’Armée à Morlaix à l’invasion allemande, Eugène revient dans la Somme dès le 8 septembre 1914 pour y exercer sa mission de GVC. Malgré son âge, Eugène souhaite servir son pays. Il s’engage et s’il n’ira jamais combattre, il exerce sa mission à l’arrière avec beaucoup de sérieux. L’accès aux voies de communication est un enjeu permanent pendant le conflit, autant près des lieux de combat que dans la Zone des Armées comme l’est placée toute la partie du département de la Somme non occupée par l’ennemi.
Après 3 mois d’instruction militaire, Abel et son frère Marceau, sont envoyés au combat. Le 33e RI est dans la région de la Woëvre, à l’Est de Verdun. L’épreuve du feu est traumatisante pour les deux plus jeunes des frères NOTREDAME. Les derniers jours d’avril 1915 sont meurtriers dans ce secteur autant pour les Français que pour les Allemands. Le 11 mai, le 33e RI est relevé. Il se dirige vers le secteur de Craonne, dans le Sud de l’Aisne, au pied du plateau de Californie.

Fin août 1915, les combats à La Carrière et au Bois de la Mine sont incessants. Les tranchées françaises et allemandes sont très proches les unes des autres. Les tirs d’artillerie sont fréquents. En quelques jours, les pertes au 33e RI se comptent par centaines.
Marceau NOTREDAME est tué au Bois de la Mine le 2 septembre 1915. Il avait 20 ans. Abel est profondément marqué par la disparition de son frère cadet, mort sur place presque à ses côtés. Et quand il apprend la disparition de son frère aîné Maurice, à quelques kilomètres de là, Abel est effondré. Maurice NOTREDAME est mort sur le territoire de La Ville-aux-Bois, à moins de deux kilomètres du Bois de la Mine où est tombé Marceau. Les deux frères morts le même jour dans le même secteur. Secteur où Abel doit poursuivre le combat.

Car l’heure n’est pas à la mélancolie. Les hommes du 33e RI reçoivent l’ordre de reprendre les tranchées ennemies. La guerre continue…
Le 13 septembre, onze jours seulement après la mort de ses deux frères, Abel NOTREDAME est gravement blessé. Dans le secteur de Maison-Bleue, à la limite du département de l’Aisne et de la Marne. Des éclats d’obus provoquent de profondes plaies au niveau de la jambe droite d’Abel avec fracture des deux os. Evacué vers l’arrière, Abel NOTREDAME est accueilli dans un hôpital de l’Ouest de la France. Face au risque de gangrène, c’est le choix de l’amputation qui est pris par les chirurgiens militaires. Abel NOTREDAME est amputé de la jambe droite. Il n’ira plus combattre. Il ne sera plus jamais comme avant. Réformé en décembre 1916, Abel peut se retirer à Conty.

Henri NOTREDAME est le seul des quatre fils mobilisés à poursuivre la guerre. Affecté dans l’Artillerie, il est théoriquement moins exposé.
Le 26 novembre 1917, suite à un accident par détonateur, Henri perd les doigts de la main gauche. En mars 1918, il est réformé définitivement.
Après la signature de l’Armistice, Eugène NOTREDAME, âgé maintenant de plus de 50 ans, est définitivement démobilisé, abandonnant sa mission de Garde des Voies de Communication. La famille des NOTREDAME a été profondément touchée par la guerre. Deux des quatre garçons mobilisés ont été tués et les deux autres reviennent estropiés.
Les NOTREDAME quitteront définitivement leur maison de la Rue du Hamel et la commune de Conty après la fin de la guerre.

Abel NOTREDAME, lors d’un séjour de convalescence dans la Sarthe suite à sa blessure à la jambe, avait rencontré une jeune fille dont il est tombé amoureux. Ils se sont mariés en mai 1919. C’est dans la Sarthe, qu’Abel NOTREDAME a construit sa nouvelle vie. Une vie d’estropié de guerre. Une vie de rescapé.
Les noms de Marceau et de Maurice NOTREDAME sont inscrits l’un au-dessus de l’autre sur le monument aux morts de Conty. Deux frères morts le même jour. Deux frères qui ont pour toujours 20 et 24 ans.

Lionel JOLY et Xavier BECQUET
Note des auteurs : l’image d’en-tête de l’article est une image d’illustration. Il ne s’agit pas (hélas !) des quatre frères NOTREDAME. Si des membres de la famille ont des documents à nous fournir, nous nous ferons un plaisir de les insérer dans l’article.
C’est toujours une joie de lire vos articles, merci pour votre courage, je suppose que ce ne doit pas être facile de chercher tant de renseignements sur nos chers poilus, merci de les faire « revivre », bien à vous, Carole delarozee
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ce 11 novembre 2022,monument aux morts de conty.citation des morts pour la france
cela pour les honorer d avoir laissez leur vie pour la france
mais probleme,on ne les a pas connus!
par votre travail de recherche ,vous redonnez vie a ces soldats en decrivant leur parcours souvent ignorer
je felicite l ensemble de votre bureau et bien sur reste adherent pour plusieurs annees encore
cordialement
jean jacques
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