ILS AVAIENT 20 ANS EN 1914 – Raoul DIRSON de Vaux-en-Amiénois

Né le 6 juin 1893, Raoul DIRSON est le fils de l’instituteur. Depuis que l’école de la République est entrée dans les campagnes, tous les garçons de Vaux-lès-Amiens ont fréquenté les bancs de la classe de Théophane DIRSON. Malgré son nom, le village n’est pas voisin de la préfecture de la Somme mais situé dans le canton de Villers-Bocage, entre Bertangles et Saint-Vaast-en-Chaussée. La commune n’est donc pas en périphérie de la grande ville, mais de son hameau de Frémont, situé à une altitude de 100 mètres, on peut apercevoir les tours de la Cathédrale Notre-Dame d’Amiens.

Théophane n’a pas effectué un long voyage pour venir prendre son poste d’instituteur public. Il est originaire du village voisin de Montonvillers, comme son épouse, Anna. Le couple s’installe dans la Rue de Flagard, dans le logement de fonction de l’école de Vaux. C’est ici que naît Raoul, suivi, en 1894, par une sœur prénommée Blanche. Il n’y aura pas d’autres enfants dans le petit logement de fonction situé au-dessus de la classe. L’école est située près de l’église.

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Raoul est un bon élève. A-t’il le choix avec un papa qui est l’instituteur du village ?

Après l’école, tous ses copains travaillent à la ferme des parents. La relève sera assurée ! Le père d’Emile DELHOMEL, un de ses meilleurs copains, est agriculteur, et comme il possède un moulin, les habitants viennent y faire moudre leur farine. Clodomir (c’est son prénom), le fermier-meunier est aussi boulanger. Le jeune Emile apprend à fabriquer et faire cuire le pain. Un jour, lui aussi remplacera son père.

Raoul ne prend pas la relève de Théophane DIRSON. Il ne sera pas instituteur. Ne poursuivant pas d’études supérieures, il devient employé de bureau, puis employé de commerce.

En 1913, arrive l’heure du service militaire. Raoul rejoint le 19e Régiment de Chasseurs, dans l’Aisne.  Son copain Emile DELHOMEL,  le fils de Clodomir,  ne va pas au service militaire. Le Conseil de Révision le juge inapte pour cause de tuberculose.

Raoul prend le train à Bertangles en direction d’Amiens, puis de La Fère où caserne le 19e Régiment de Chasseurs.

Quand la guerre est déclarée, le régiment se déplace vers l’Est de la France, avec comme mission de reconnaître le terrain afin de préparer l’offensive du 22 août 1914, visant à renvoyer les Allemands à Berlin. C’est à Bellefontaine, en Belgique, que les Chasseurs participent à leurs premiers combats. La Bataille des Frontières est une terrible défaite pour l’Armée française qui bat en retraite et vient se positionner, début septembre, dans la Marne. Puis la guerre s’enterre dans les tranchées, et les Chasseurs qui étaient majoritairement à cheval dans la guerre de mouvement, deviendront  essentiellement des Chasseurs à pied.

Raoul est évacué pour fièvre typhoïde le 28 juin 1915 sur l’hôpital de Neufchâteau, avant d’être envoyé au dépôt de convalescence n°46 de Privas (Ardèche). Il bénéficie ensuite d’une courte permission et revient à Vaux voir sa famille. Il peut aussi informer la famille d’Eugène VASSEUR, incorporé comme lui chez les Chasseurs, que tout va bien.  Il revient au combat à l’automne 1915. En plus des Allemands, il va falloir aussi affronter le froid et la pluie. L’hiver est terrible.

Evacué malade le 12 janvier 1916, Raoul est hospitalisé à l’hôpital mixte de Vendôme (Loir-et- Cher).  Transféré ensuite à Orléans, il est ensuite placé au dépôt de convalescence Faucher, à Bordeaux, puis retourne à l’hôpital pour fièvre typhoïde, rhumatismes et faiblesse des jambes. Jusqu’à la fin de la guerre, il alterne les périodes en hôpital et au dépôt du régiment. Il n’est plus en capacité de participer au combat. La guerre armée est finie pour lui. A l’occasion d’un de ses séjours à l’hôpital de Vendôme, en mai 1917, il rencontre Germaine. Elle est infirmière bénévole. La seule note de joie dans cette longue période où la mort est beaucoup plus présente que la vie.  Raoul épouse Germaine le 11 août 1917 à Vendôme.

Démobilisé définitivement en août 1919. Il ne revient pas s’installer à Vaux. Les DIRSON ont quitté le village. Son père, atteint par la limite d’âge, a libéré le logement de fonction. C’est maintenant un jeune instituteur originaire du Plessier-Rozainvillers qui l’occupe. Raoul ne retrouvera jamais la santé qui était la sienne avant la guerre, mais il a servécu. C’est à Vendôme qu’il  s’installe, avec Germaine.

Emile DELHOMEL, qui avait été initialement exempté pour tuberculose, a été mobilisé en 1915 au 150e Régiment d’Infanterie. Il a été blessé à plusieurs reprises par balle, notamment à Craonne, au Chemin des Dames. Et il a été gazé le 2 septembre 1918. Il a vécu avec d’horribles douleurs rhumatoïdes des articulations dans les quatre membres et de répétées congestions pulmonaires. Vraisemblablement plus capable de supporter l’atmosphère du fournil, il a abandonné le métier de boulangerie. Au décès de son père, il reprendra l’exploitation de la ferme, mais ne sera jamais boulanger.

Raoul DIRSON a vécu à Vendôme et n’est jamais revenu dans la Somme, sauf pour y rendre visite à ses parents et à sa sœur.

Il est mort à Tours, le 26 août 1981. Il avait 87 ans.

Lionel JOLY et Xavier BECQUET

« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme.  Jean DELHAYE a réalisé la collecte de données pour la commune de Vaux-en-Amiénois (appelée précédemment Vaux-lès-Amiens).

A noter que le patronyme DIRSON (état-civil de Montonvillers et de Vaux-les-Amiens) a été orthographié DURSON, par erreur, dans les documents militaires.

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