Né le 23 juin 1892, Emile WALLET est originaire de Chepy.
Parents nés à Chepy, grands-parents nés à Chepy, le jeune Emile ne pouvait naître ailleurs que dans ce petit village du Vimeu, situé entre Abbeville et Mers-les-Bains, à proximité de Feuquières-en-Vimeu.
Le père se prénomme Arthur. Il est tisserand, comme son père l’était avant lui. Arthur WALLET épouse Irma FORESTIER, une fille du village dont les parents sont également tisserands. La destinée d’Emile semble tracée…
Emile a un frère aîné prénommé Edouard et une soeur cadette, Adeline.
La vie des Chepois a changé quand la ligne de chemin de fer entre Abbeville et Le Tréport a été mise en service, seulement dix ans avant la naissance d’Emile. Avant l’arrivée du train dans la commune, plus de la moitié des familles vivaient du textile. Tisserands, teinturiers, bobineuses, tisseurs, modistes, fabricants de toiles… les ateliers familiaux étaient partout et les enfants, dès leur plus jeune âge, aidaient les parents.
Avec l’arrivée du train, les déplacements étant facilités, beaucoup de Chepois vont chercher du travail ailleurs. Même s’il reste encore des tisserands au début du XXe siècle, on trouve de nombreux ouvriers qui résident à Chepy et travaillent dans les usines de serrurerie de Fressenneville ou de Feuquières.
Comme toujours, la gare a créé son lot d’emplois nouveaux, avec un chef de gare, un comptable, des cantonniers, et deux garde-barrières. Et comme dans presque tous les villages de la Somme, les débits de boissons – assurant également la fonction d’épicerie – sont très nombreux. Rien que sur la place du village, il y en a quatre.
L’enfance d’Emile alterne donc entre l’atelier de tissage à domicile des parents, les bancs de l’école de Monsieur Cailleux, les travaux dans les fermes, notamment, pendant la moisson, et les jeux avec les copains de son âge.
En 1912, Emile se rend à Moyenneville, chef-lieu de canton, pour passer devant le Conseil de Révision. Comme c’est souvent le cas, les compétences techniques spécifiques sont prises en compte par l’Armée pour définir l’affectation. Les compétences de tisserand permettent à Emile d’être affecté dans…l’Artillerie. Il rejoint le 17e Régiment d’Artillerie de La Fère, dans l’Aisne, le 9 octobre 1913.
Après la déclaration de guerre, le régiment se déplace vers le Nord-Est de la France. C’est à proximité de la frontière belge qu’il participe aux premiers combats, fin août 1914.
Affecté, tout d’abord, à la 36e Batterie du 17e RA, il change ensuite de batterie, puis de régiment. Emile connaît tous les champs de bataille autour de la Marne, de l’Argonne, de Verdun. Il combat également dans l’Oise – dans le secteur de Lassigny – puis dans les Vosges, avant l’enfer du Chemin des Dames au printemps 1917, puis repart à Verdun et dans le secteur de Nancy. Début mars 1918, il est envoyé combattre en Serbie. Il est démobilisé en août 1919 et peut regagner son village.
Edouard WALLET, le frère aîné d’Emile, a été mobilisé en août 1914. Blessé en octobre 1914 et hospitalisé pendant plusieurs mois, il est revenu au front le 14 mars 1915. Il est considéré comme disparu en Forêt d’Argonne à compter du 13 juillet 1915. Personne ne sait alors s’il est mort ou aux mains de l’ennemi. Comme pour tant d’autres parents, la longue attente débute pour Arthur et Irma. Interné en Allemagne, Edouard est rapatrié le 19 décembre 1918, près de trois ans et demi après sa disparition. L’attente a été longue mais la joie des parents est immense.
Les frères WALLET sont des miraculés. Tant de copains sont tombés à leurs côtés ! Tant de jeunes du village ne rentreront jamais !
Classé dans l’affectation spéciale des Chemins de Fer de campagne après l’Armistice, Emile WALLET est ensuite embauché par la Compagnie des chemins de fer du Nord. Il épouse Marthe BOULNOIS, une Chepoise et va s’installer avec elle à Mers-les-Bains près de la Gare du Tréport-Mers.
Emile WALLET devient ensuite chauffeur de route à Lille. Il habite avec Marthe à Hellemmes en banlieue lilloise.
Edouard WALLET est resté à Chepy. Il est mort en 1958 à l’âge de 73 ans. Son frère cadet, Emile, s’est éteint définitivement le 28 mai 1941 à Hellemmes. Il avait 48 ans. Les hommes dont le nom est inscrit sur le monument aux morts de Chepy n’ont jamais atteint cet âge…
Lionel JOLY et Xavier BECQUET
L’orthographe officielle du nom de la commune est maintenant « Chépy », mais l’accent ne fait pas l’unanimité auprès de la population locale. Dans l’article, nous avons volontairement laissé « Chepy » sans accent comme on le disait au début du XXe siècle, d’autant qu’en picard, on dit Ch’py.
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