ILS AVAIENT 20 ANS EN 1914 – les Belges de Merville-au-Bois

Né le 15 décembre 1893 à Chaussoy-Epagny, Abel VANDENHEEDE est le fils de Léopold VANDENHEEDE et d’Aurélie COZETTE.

Jean-Baptiste VANDENHEEDE, le grand-père d’Abel, est de nationalité belge. Né à Kaster près d’Anzegem en Flandre occidentale, il arrive dans la Somme au début des années 1850 et devient ouvrier papetier à Berny-sur-Noye. En 1854, il y épouse Cléore PERRIN, laquelle conformément au Code civil napoléonien en vigueur, prend alors la nationalité belge par les liens du mariage. Jean-Baptiste et Cléore vivent dans une maison de la rue de la Cavée à Berny-sur-Noye. C’est dans ce foyer que naissent Léopold et ses soeurs cadettes, Azémia et Zélima. Les enfants de Belges prennent alors, eux aussi, la nationalité belge.

Léopold et ses deux sœurs se marient presque en même temps. Zélima épouse Théodule CAULLIER de Merville-au-Bois en octobre 1892. Azémia se marie le 10 décembre 1892 avec Pierre LAHAYE, un Belge wallon de Neufchâteau et Léopold prend pour épouse Aurélie COZETTE de Chaussoy-Epagny une semaine plus tard.

Léopold et Aurélie VANDENHEEDE s’installent à Chaussoy-Epagny, village dont le territoire est mitoyen de celui de Berny. Léopold fils est le premier enfant du couple. Puis naît Abel en 1893, Isabelle en 1896, Oscar en 1899 et Eugène en 1900.

Zélima, la dernière sœur de Léopold, meurt au début des années 1900 sans avoir eu d’enfant, laissant son mari seul. Théodule CAULLIER, le veuf, ne reste pas seul longtemps. Il accueille chez lui toute la famille de son beau-frère Léopold. C’est dans la Grande Rue de Merville-au-Bois que se poursuit la vie d’Abel, de ses parents et de ses frères et sœurs. C’est aussi dans cet endroit que naît en 1905 la petite benjamine de la famille VANDENHEEDE prénommée Louise.

Léopold, le père d’Abel, est ouvrier agricole dans la ferme CATOIRE.

Abel et Léopold fils, son frère aîné, sont embauchés à la distillerie d’Ailly-sur-Noye. Chaque matin, ils parcourent ensemble les 3 km qui séparent leur village de la Sucrerie. Les frères VANDENHEEDE sont accompagnés de Gaston BARBIER, le fils du maréchal-ferrant.

Les VANDENHEEDE sont tous maintenant de nationalité française. Les jeunes de la génération d’Abel et de Léopold fils ne parlent pas le flamand. Pourtant, dans le village, tout le monde les appelle « les Belges ».

En 1909, Léopold fils quitte le foyer familial pour s’installer dans une petite maison, près de ses parents et de son oncle Théodule, avec Hélène FOY qu’il vient d’épouser. Hélène est la fille du cordonnier de Merville qui réside Rue du Bout de la Ville. Léopold et Hélène deviennent parents en 1910 d’une petite fille prénommée Ernestine. L’année suivante, Léopold est convoqué devant le Conseil de Révision à la mairie d’Ailly-sur-Noye. Il bénéficie d’une année de sursis. Jugé apte au service armé, son départ pour le service militaire est programmé pour octobre 1913.

Son copain de travail et de village, Gaston BARBIER, doit partir lui aussi à l’automne 1913. Les deux copains espèrent se retrouver dans la même unité. Ils sont tous deux affectés dans une caserne de la Ville d’Amiens, mais Léopold VANDENHEEDE rejoint le 72e Régiment d’Infanterie à la caserne Friant tandis que Gaston BARBIER est incorporé au 8e Bataillon de Chasseurs à Pied à la Citadelle.

Quant à Abel VANDENHEEDE, il quitte son village de 130 habitants, quelques semaines plus tard, pour rejoindre le camp de Maisons-Laffitte à l’Ouest de Paris où est caserné le 21e Régiment d’Infanterie Coloniale. Contrairement à son frère Amédée et à Gaston BARBIER qui sont sous les drapeaux pour deux années, Abel comme tous ceux de la Classe 1913, va devoir donner trois années de sa vie pour servir son pays.

Quelques mois plus tard, les durées du service militaire et le décompte des jours avant la libération passent au second plan. L’Allemagne déclare la guerre à la France. Les jeunes hommes des Classes 1911, 1912 et 1913 seront les premiers à combattre.

Dès le 4 août, les troupes allemandes entrent sur le sol de la Belgique.

Quelques jours plus tard, le général Joffre donne l’ordre aux Armées françaises de franchir la frontière belge pour repousser les Allemands. La grande offensive a lieu le 22 août.

Le 21e RIC combat à Neufchâteau, en Luxembourg belge. Même s’il s’agit de la commune de naissance de Pierre LAHAYE, le mari de tante Azémia, Abel VANDENHEEDE n’en gardera pas un bon souvenir. Il est gravement blessé au maxillaire gauche par shrapnell. Abel est transporté vers la France pour y être soigné.

Quelques jours plus tard, c’est au tour de Léopold, le frère d’Abel, d’être blessé. Il reçoit une balle dans le bras droit pendant un assaut mené vers une tranchée allemande dans le Bois de la Gruerie, en Argonne. Amédée est évacué vers l’arrière.

Le 11 novembre 1914, à Bixschoote près de Langemark, en Flandre occidentale, Gaston BARBIER est considéré comme disparu. Son corps ne sera jamais retrouvé.

Après des séjours d’hospitalisation et de convalescence, les frères VANDENHEEDE reviennent au front.

Abel VANDENHEEDE garde la trace de la blessure au visage de Neufchâteau, mais il est à nouveau jugé apte à combattre dès le 5 octobre 1914.

Léopold retrouve son régiment le 9 janvier 1915 en Argonne. Le 5 mars, il est tué à l’ennemi.

Malgré plusieurs évacuations pour maladie, Abel revient toujours au front. Le 16 février 1916, la blessure par éclats d’obus est grave. Abel perd l’usage de sa main droite. Une amputation du médius est nécessaire. Les autres doigts de la main ne peuvent plus être pliés. Réformé temporairement le 24 février 1917, Abel VANDENHEEDE ne peut plus combattre. Les médecins militaires espèrent toujours une amélioration de la préhension, amélioration qui n’arrivera jamais. Le droit à pension lui est accordé à compter du 11 août 1921.

Pour Léopold VANDENHEEDE et Gaston BARBIER, aucune pension ne pourra les aider à survivre. L’Etat les reconnaît Morts pour la France. Un secours de 150 francs est accordé à Augustin BARBIER le père de Gaston. La même somme a été remise à Hélène, la jeune veuve de Léopold. La mère d’une petite Ernestine qui ne verra jamais son père vieillir. Il a 23 ans pour toujours.

Les noms de famille des VANDENHEEDE et des BARBIER sont inscrits pour toujours sur le monument aux morts de Merville-au-Bois.

Après la guerre, Abel VANDENHEEDE a épousé Marcelle OBJOIS de Bray-sur-Somme. Abel et Marcelle ont eu trois enfants prénommés André, Lucien et Denise. Ils ont vécu Rue Jean Jaurès à Bray-sur-Somme, dans la Vallée de la Haute-Somme. Abel exerçait le métier de débitant. Il est décédé le 8 février 1948 à l’âge de 54 ans.

Xavier BECQUET

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