ILS AVAIENT 20 ANS EN 1914 – Léonce VERRIER de Péronne

Né le 21 mai 1892, Léonce VERRIER a vu le jour à Moislains. Il est le fils de Constant Aldon Eucles VERRIER et de Marie Léonie DEVAUX.

A la fin du XIXe siècle, Moislains est un bourg important du Haut-Santerre, dans la Somme. L’industrialisation a gagné les campagnes et Moislains est une petite ville où l’activité économique est en plein essor. Deux entreprises de battage à vapeur, une blanchisserie, une râperie y sont présentes. Mais ce qui a vraiment transformé la commune c’est l’implantation de l’usine de tissage mécanique de coton d’Edmond SCHWOB. Les emplois ne manquent pas. Certains viennent de loin pour s’y faire embaucher. Ce n’est pas le choix adopté par Constant et Léonie. Ils décident de quitter Moislains et d’aller s’installer à Péronne, chef-lieu d’arrondissement de l’Est du département de la Somme. Léonce est à peine âgé d’un an. Il ne gardera pas de souvenir de son village de naissance.

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Constant VERRIER était domestique à Moislains. Il n’a aucune difficulté à trouver un emploi dans la grande ville qu’est Péronne. Il devient employé de commerce dans l’épicerie CARON. La famille loge au 14 de la rue Saint-Fursy. Un deuxième enfant naît trois ans plus tard. Il se prénomme Gaston.

Vient le temps de l’école. Georges, bon élève, prend plaisir à rejoindre la Rue Béranger. Il peut y retrouver tous ses copains du centre de la ville.

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Mais comme beaucoup d’entre eux, il n’est pas question de poursuivre des études supérieures. Léonce devient cordonnier. Ce n’est pas toujours simple car une handicapante faiblesse musculaire de l’épaule droite le contraint à trouver des astuces pour pouvoir exercer son métier.

Cette blessure de jeunesse va directement influer la suite de sa vie. En effet, quand vient l’heure du Conseil de Révision, s’il est jugé apte, Léonce n’est pas affecté à un régiment d’infanterie. Il rejoint la 2e section des Secrétaires d’état-major et du Recrutement à Amiens le 9 octobre 1913. Son service militaire sera donc celui d’un employé de bureau au Quartier Gribeauval à Amiens. Quand la guerre est déclarée le 3 août 1914,  il n’est pas envoyé sur les premiers champs de bataille. La mobilisation générale nécessite aussi toute une logistique et une administration performante. Le rôle de Léonce n’est donc pas inutile.

Ses copains de l’école n’ont pas tous la chance d’avoir une affectation qui les éloigne des combats. Pour la plupart, c’est dans l’infanterie qu’ils ont débuté leur service militaire. Ils sont donc les premiers à lancer l’offensive contre les Allemands pour les chasser de Belgique.

Georges LELEU et Marceau LETEMPLE, de la classe d’âge de Léonce VERRIER, sont incorporés tous les deux dans le régiment local, le 120e RI de Péronne. Ils perdent la vie dès les premiers jours du conflit. Georges est tué le 22 août à Bellefontaine en Belgique et Marceau le 17 septembre en Argonne.

Auguste DUQUENNE, l’armurier de la Rue Saint-Fursy est affecté au 87e RI de Saint-Quentin dans l’Aisne et Georges MANSART, le payeur caissier, est au 128e RI d’Abbeville. Ils connaissent la brutalité meurtrière des premiers mois de combat puis l’enfer de la guerre des tranchées.

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Début 1915, alors que plusieurs centaines de milliers de soldats français sont hors combat, l’Etat-major de l’Armée française a besoin de troupes fraîches. Le 12 janvier 1915, Léonce VERRIER est classé au service armé par la Commission de Nantes. Il est affecté au 120e RI. Ce régiment ne ressemble plus en rien à celui d’avant la déclaration de guerre. Sur les 3 000 hommes du départ, combien sont encore en état de combattre ? Combien ont été tués ? Il participe aux combats, de la Marne à la Meuse. Le 28 août 1915, il est muté au 87e RI et y retrouve son copain Auguste DUQUENNE. Ils sont dans le secteur de Verdun. Revoir un copain d’école est un vrai bonheur dans cet univers de boue et de sang où le malheur est si souvent présent. Nouveau changement d’affectation. Léonce VERRIER quitte la Meuse pour se rapprocher de chez lui. Avec le 11e RI, il participe en hiver 1915-1916 aux combats dans le Pas-de-Calais.

Le 7 mars 1916, après une offensive vers les tranchées allemandes qui échoue dans le secteur de Regnéville dans la Meuse, Léonce est fait prisonnier. Transporté en Allemagne, il est interné à Darmstadt, au camp de Ludwigsburg-Eglosheim puis vers celui de Stuttgart avant de finir la guerre dans celui de Meschede. En France, la guerre continue sans lui.

Rapatrié après la signature de l’Armistice, il arrive à Dunkerque le 19 décembre 1918 et revient dans sa région. La ville de Péronne est totalement détruite. Les beaux magasins de la Rue Saint-Fursy. L’école. Tout est à reconstruire.

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Son copain Georges MANSART, a été gravement malade pendant la guerre. Il a été hospitalisé pendant toute l’année 1915. Revenu guéri, il a ensuite vécu au plus près du danger et s’est illustré par son courage jusqu’aux derniers mois de 1918.

Auguste DUQUENNE du 87e RI n’est pas revenu. Tout a pris fin pour lui le 17 décembre 1916, dans la Meuse.

Démobilisé en juillet 1919, Léonce VERRIER quitte définitivement Péronne. Il rejoint sa famille en Région parisienne, à Suresnes plus exactement.

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Léonce restera loin de la Picardie. Malgré son épaule fragile, on le retrouve comme « manœuvre en gros travaux » à la Société française de munitions d’Issy-les-Moulineaux. Cette épaule, toujours si douloureuse, qui lui a peut-être sauvé la vie en le préservant des premiers mois si meurtriers de la guerre.

Qui aurait pu donc penser, en 1912 ou 1913, que le choix du régiment d’incorporation pour le service militaire serait à ce point déterminant ? Des 4 copains de Léonce qui avaient été affectés dans l’infanterie au service militaire, 3 ne sont jamais revenus.

Lionel JOLY et Xavier BECQUET

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