Victimes de la Première Guerre mondiale – une Somme de vies brisées par 14 18.
Né le 16 mai 1893, Félix DUCLAIRE aurait pu vivre toute sa vie à Bray, bourg de la Vallée de la Haute-Somme situé dans un méandre du fleuve Somme. Félix est le fils de Gustave DUCLAIRE et de Mathilde LONGUEVILLE. Des gens très simples. Gustave est domestique. Un jeune couple qui habite dans le village. L’année suivant la naissance de Félix, naît Maxime.

Le jeune Félix aurait pu avoir la vie ordinaire d’un petit Brayon ordinaire. Ne pas trop user ses culottes sur les bancs de l’école de Monsieur PAUCQUET, mais au contraire, préférer aller jouer avec les copains du côté du port de la Gaillette, courir avec son frère jusqu’au sommet du Mont de Suzanne, pêcher dans les marais ou compter les wagons des trains qui vont vers Albert ou vers Montdidier…
Mais la vie ne lui a pas fait ce cadeau. Félix et Maxime, son frère, sont pris en charge par l’Assistance Publique et partent à l’orphelinat. Ils deviennent des Enfants Assistés de la Somme. Le statut d’orphelin leur fait même perdre une partie de leur identité. Ils ne sont plus de Bray. Il sont de nulle part. Juste des Enfants Assistés de la Somme.
A douze ans, les jeunes assistés cessent d’être à la charge du budget départemental. L’inspecteur les place alors comme domestiques chez des cultivateurs ou apprentis chez des artisans.
C’est vers l’Ouest du département que Félix va poursuivre sa vie. Il part, tout d’abord, avec son frère, à Citernes, près d’Hallencourt. Félix DUCLAIRE est placé chez Alphonse SELLIER, un tisserand de la Rue d’Airaines, et Maxime, dans une maison voisine, chez les BEAUVAIS, tisserands eux-aussi.
Puis Félix, malgré sa petite taille (1,58m) se retrouve employé en tant que « domestique de ferme » à Ponthoile, au Nord de la Baie de Somme, près du Crotoy. Les frères sont séparés.

Des marais tourbeux de Bray, il passe aux riches Bas-Champs du Marquenterre. Les terres sont favorables à la culture des céréales, mais aussi aux pommes-de-terre et à la betterave à sucre. On y cultive également les féverolles. Il y a plus de 160 exploitations sur le territoire de la commune. La plus grande de celles-ci est la Ferme de Romiotte d’Alphonse CAUDRON. Elles comptent 9 ouvriers agricoles extérieurs à la commune dont un « contremaître de culture » et trois ouvriers polonais. Quand l’équipe n’est pas affairée aux travaux des champs, elle aide les deux fils du propriétaire, René et Gaston, à construire un biplan. Au printemps 1909, tiré par leur jument, Luciole, le planeur vole pendant plusieurs centaines de mètres. C’est la première contribution à l’Histoire de l’aviation des frères CAUDRON. Il y en aura beaucoup d’autres.
L’événement a profondément marqué les esprits des habitants de Ponthoile et du secteur. Le jeune Félix DUCLAIRE est âgé de 16 ans.
A l’heure du recensement, Félix se rend à Nouvion-en-Ponthieu pour passer devant le conseil de révision. Il est jugé apte, et incorporé au 120e Régiment d’Infanterie. Ce régiment de la Somme ne caserne plus à Péronne, mais à Stenay. Félix part le 26 novembre 1913. Le voyage va être long jusqu’à la Meuse.
Comme pour beaucoup des jeunes de la Somme, les premiers combats, après la déclaration de guerre, se situent en région de Gaume, dans le Sud du Luxembourg belge.
Félix DUCLAIRE n’ira pas plus loin que la plaine du Radan, à Bellefontaine. Fauché par les tirs des mitrailleuses allemandes cachées en lisières des bois, il est blessé aux deux genoux, par balle.
Transporté dans le village où les habitants se sont transformés en brancardiers et en infirmiers, il bénéficie de premiers soins. Mais ses blessures sont graves. Il ne peut suivre les soldats français qui battent en retraite, dès le 22 au soir. Ce sont les Allemands qui le prennent alors en charge et l’emmènent. Félix est captif au camp d’AltenGrabow, au Sud-Est de Berlin.
A-t-il croisé Maurice CHEVALIER ? Le célèbre chanteur français, incorporé au début de la guerre au 31e Régiment d’Infanterie, est blessé le 22 août 1914 à Cutry (Meurthe-et-Moselle) suite à un éclat d’obus dans le poumon droit. Comme Félix il est pris en charge par les Allemands et emmené en captivité à AltenGrabow. Après son rétablissement, Maurice CHEVALIER devient infirmier dans le camp, notamment pendant l’épidémie de fièvre typhoïde de l’été 1915. Puis, dans le cadre d’un échange de prisonniers à l’été 1916, et vraisemblablement grâce à ses relations avec Mistinguett, il est libéré et réformé définitivement ?

Felix ne connaît pas Mistinguett. Lui doit attendre le 10 janvier 1919 pour être rapatrié et dirigé vers l’hôpital temporaire N° 72 du Touquet-Paris-Plage afin d’y soigner ses blessures. Aucune opération n’est venue soulager ses douleurs. Les genoux ne fonctionneront plus jamais comme avant. Il faut faire avec.
Félix DUCLAIRE quitte l’hôpital début avril et est démobilisé le 8 août 1919. Il se retire rue du Lillier, dans le centre d’Abbeville. Il est embauché par la Compagnie des Chemins de fer du Nord et occupe la fonction de « garde-frein ». Il est chargé de serrer les freins de wagons, en liaison avec le mécanicien de la locomotive.
Sans famille et sans attache très solide, Félix quitte ensuite la région. C’est à Drancy, alors qu’une autre guerre vient de débuter, qu’il trouve enfin le bonheur. Ce bonheur a un visage de femme et se prénomme Marie. Les deux amoureux se marient en avril 1940. Quelques jours avant l’invasion allemande. Félix DUCLAIRE a 47 ans.
Lionel JOLY et Xavier BECQUET
« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme. Ghislain FRANÇOIS a réalisé la collecte de données pour la commune de Bray-sur-Somme.
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Félix DUCLAIRE était de la 6e Cie du 120e Matricule 116 Matricule de Corps 5759 .
Blessé le 22 août à Bellefontaine et soigné dans l’école des garçon.
Prisonnier à Altengrabow, les Allemands communiquent le 23-12-14 sa situation à Gustave Longueville, Rue des Caix à Rosières en Picardie dépt Somme
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