Il y a 106 ans, des jeunes d’un régiment d’infanterie de la Somme, le 128e RI, ont vécu quelques heures d’enfer, sous les tirs permanents de l’artillerie allemande, à Fontenois, petit hameau de la commune de Saint-Pierremont, dans le département des Ardennes.
En pleine retraite de la Bataille des Frontières, l’ordre a été donné au 128e de quitter son cantonnement à Autruche (Ardennes) pour rejoindre le hameau voisin de Fontenois, afin d’y arrêter la progression des Allemands, en marche vers la Marne et vers Paris.
Le contre-ordre donné le 31 août à l’aube, par l’Etat-major de la Division, n’est arrivé que plus de deux heures après le début des combats. Il était trop tard…
En quelques heures, les pertes, côté français, sont très importantes. Les 8 compagnies du 128e RI positionnées en contrebas de l’artillerie allemande sont décimées.
Le 128e RI avait livré ses premiers combats le 22 août, près de Virton, en Belgique, mais c’est bien à Fontenois, dans les Ardennes, le 31 août 1914, qu’il a subi ses pertes les plus importantes, en une seule journée, de toute la guerre.

A ce jour, nous avons pu établir une liste de 131 morts (dont 68 de la Somme et 21 de l’Oise). Mais, alors qu’aucune liste de « disparus » n’a été établie sur place, nous avons réussi à identifier (avec l’aide de deux de nos chercheurs, André Melet et René Bastin) 129 prisonniers (pour la plupart blessés et emmenés, le lendemain, par les Allemands). Cette liste, qui continue à être alimentée et enrichie avec des informations sur la captivité dans les camps en Allemagne, sera bientôt mise à disposition sur notre site internet.
Ces hommes étaient majoritairement des jeunes appelés effectuant leur service militaire à Abbeville et à Amiens quand la guerre a été déclarée. Beaucoup d’entre eux avaient entre 20 et 23 ans. Les prisonniers survivants n’ont pas été rapatriés avant décembre 1918 et janvier 1919 (à l’exception des grands blessés et des personnels médicaux revenus plus tôt).
Quelques jours après Fontenois, le 128e RI a subi d’importantes pertes pendant la Bataille de la Marne, dans le secteur de Maurupt-le-Montois. Plus de 200 morts en 6 jours de combat et plusieurs centaines de blessés et de prisonniers.

En moins d’un mois, près de la moitié des copains qui effectuaient leur service militaire au 128e ont été mis hors service. Les trois bataillons ont alors été complétés, en fonction des pertes, sans tenir compte de l’origine des mobilisés. Le 128e RI, qui était un régiment presque uniquement composé de jeunes appelés de la Somme et de l’Oise, a perdu rapidement son identité picarde. Les copains de tranchées ont alors remplacé les copains du service militaire.

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