UN JOUR, UN PARCOURS – Auguste COTTEL d’Y

Né le 29 août 1891, Auguste COTTEL a vu le jour dans la Somme, à Y.

Victimes de la Première Guerre mondiale – une Somme de vies brisées par 14 18.

Ely, le père d’Auguste, était manouvrier au Transloy, dans le Pas-de-Calais. Il a épousé Albine, originaire de Croix-Moligneaux, et le couple s’est installé dans le village voisin d’Y.

C’est dans ce village au nom si étrange qu’Ely et Albine fondent leur foyer. Ils résident rue de Matigny à Y. La commune est située, dans le canton de Ham, au Sud de Péronne. Elle compte moins de 200 habitants à la fin du XIXe siècle et l’activité y est presque exclusivement agricole. Il n’y a aucune ligne de chemin de fer, aucune route importante traversant le territoire du village et aucun bourg à proximité. La plus proche ville  est le chef-lieu de canton où on arrive après deux bonnes heures de marche, sur des chemins pas toujours très praticables. Y est à l’image de nombreux villages de l’Est du département de la Somme. Un village agricole où la mixité de population est assez réduite.

Eugène est le premier enfant, suivi de Marie Eléonore dite Olympe. Puis vient François dit Abner, et François Clovis dit Henri, avant que n’arrive Auguste en 1891.

La famille vit très modestement. Le père est manouvrier dans le village, comme le deviennent les fils, dès qu’ils sont en âge de gagner un petit salaire. Puis Auguste devient charretier dans les fermes. Auguste est un grand gaillard d’1,83 m dont la force est appréciée dans certains travaux difficiles.

A 20 ans, le Conseil de Révision le juge apte au service armé (malgré la présence de « varices volumineuses ») et l’affecte au 25e Régiment d’Artillerie de Chalons-sur-Marne. Il y entre le 9 octobre 1912, puis est transféré, le mois suivant, au 148e Régiment d’Infanterie, caserné dans les Ardennes. A la déclaration de guerre, début août 1914, nouveau changement d’affectation. C’est avec le 45e Régiment d’Infanterie de Laon qu’Auguste va débuter la guerre.  Le régiment est placé sous les ordres du général Sordet, commandant le corps de cavalerie de l’Armée française. Le 45e participe donc, en soutien de la cavalerie, à de nombreuses missions de reconnaissance sur le territoire de la Belgique. Il participe à la Bataille des frontières, dans le secteur de Charleroi, du 21 au 23 août.

Cette terrible défaite entraîne le repli de toutes les troupes françaises. Le 45e RI  tente de défendre Givet, dans le Nord des Ardennes, sous les bombardements massifs des Allemands. Comme plus de 500 d’autres jeunes Français, le 31 août, Auguste est fait prisonnier. Il est envoyé au camp de Zossen, en Allemagne. La guerre de mouvement est finie pour lui. Il ne connaîtra même pas  la guerre de position, la guerre de tranchées, qui va couper le Nord Est du pays en deux pendant plus de quatre années.

Il passe ensuite par le camp de Doeberitz, au Sud de Berlin. A défaut d’être protégé des maladies, de la malnutrition, et de la détresse psychologique, Auguste évite les balles, les gaz et les éclats d’obus. Rapatrié le 19 janvier 1919, il finit la campagne au 72e Régiment d’Infanterie d’Amiens, avant d’être démobilisé en juillet 1919.

Eugène, le frère aîné, mobilisé le 2 août 1914, est incorporé au 17e Régiment d’Artillerie. Il changera à plusieurs reprises de régiment, mais ne quittera pas l’artillerie jusqu’à sa démobilisation en février 1919, à l’âge de 41 ans.

Abner, mobilisé également le 2 août 1914, est renvoyé dans ses foyers quatre jours plus tard. Rappelé en janvier 1915, il ne pourra jamais être convoqué puisque le territoire de l’Est de la Somme est sous occupation allemande. Prisonnier civil en Allemagne, Abner est rapatrié le 23 novembre 1918. D’autres civils du village, comme Fernand CHOVEAUX, mort en captivité au printemps 1915, n’ont pas eu la même chance.

Henri, quant à lui, également mobilisé le 2 août 1914, a eu un parcours héroïque. Promu caporal au 72e RI, en 1916, il a été cité à plusieurs reprises à l’ordre du régiment pour sa bravoure, notamment quand « chef d’un groupe de grenadiers, patrouilleur hardi, il s’est distingué dans le nettoyage d’un bois, réduisant à la grenade plusieurs ilots de résistance, permettant ainsi la capture de onze prisonniers dont un officier ».

Après la guerre, les quatre frères COTTEL sont revenus vivre au pays. Eugène a pu retrouver son épouse, Adrienne,  ses trois filles et son fils. Henri, marié avec une fille du village, a également eu quatre enfants à Y. Abner et Auguste ont quitté la commune pour aller vivre ailleurs. Abner est parti dans l’Oise, à Beaulieu-les-Fontaines, et Auguste, juste à côté, dans le village de sa mère, à Croix-Moligneaux.

Les quatre fils COTTEL ont survécu à la guerre. Héros ou prisonniers, soldats ou civils, qu’importe ce qu’ils aient connu, ils reviennent vivants et pour Ely et Albine, c’est bien le plus important. Leurs quatre gars vont pouvoir vieillir encore un peu, et certainement leur donner d’autres petits enfants.

L.J. et X.B.

« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme.  Xavier BECQUET a réalisé la collecte de données pour la commune d’ Y.

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2 commentaires sur « UN JOUR, UN PARCOURS – Auguste COTTEL d’Y »

  1. Je suis de la famille COTTEL mon grand-père HENRI que j’ai bien connu, mais j’ai appris beaucoup de choses grâce à votre site merci beaucoup « cordialement René COTTEL 23 rue CRINON PERONNE 80200

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