Né le 25 juin 1892, Charles MENTION est le fils de Charles MENTION et de Fortunée DELOISON.
Le petit Charles a vu le jour dans la maison familiale, Rue de la Crapaudière dans le quartier de La Place à Arrest, où son père exerce la profession de serrurier à domicile.
Charles père est originaire d’Arrest, petit village de la Somme situé dans le Vimeu maritime, à proximité de Saint-Valery-sur-Somme. Fortunée, son épouse, est née à Pendé, village voisin situé entre Arrest et Saint-Valery.
Charles fils, est le quatrième de la fratrie. Il a une grande soeur prénommée Charlotte et deux frères aînés, Arthur et André. Viendront après lui Jules, Maurice et Eugénie. Il y a donc 5 garçons et 2 filles chez les MENTION de la Rue de la Crapaudière !
Dans une grande fratrie, les aînés doivent rapidement trouver du travail. Arthur est ouvrier cordonnier chez BOQUET-MAGLOIRE Rue de la Basse Boulogne où le rejoindra son frère cadet Jules. Charles est ouvrier en vis pour l’entreprise d’usinage de pièces métalliques FAUQUET tout comme son frère aîné André.
Au XIXe siècle, dans le Vimeu, de nombreux hommes vivaient de la serrurerie à domicile. Ouvriers ou journaliers agricoles à la belle saison, ils exerçaient l’activité de serrurier l’hiver dans le petit atelier qu’ils s’étaient aménagé chez eux. Au début du XXe siècle, les usines ont remplacé les ateliers à domicile. Charles MENTION, le père de famille, décide d’abandonner la serrurerie pour devenir charcutier. Charles, le fils, suit son père dans cette nouvelle aventure professionnelle.
En 1912, Charles MENTION a 20 ans. Comme 5 autres garçons du village, il reçoit sa convocation pour passer devant le Conseil de Révision à Saint-Valery, le chef-lieu de canton. Charles est jugé apte et affecté au 128e Régiment d’Infanterie d’Abbeville. Il est déçu car aucun des 5 autres copains ne rejoindra le 128e RI. Par contre, quand il y aura des permissions, la proximité entre Arrest et la ville d’Abbeville lui permettra de revoir plus longtemps sa famille. Et de rendre visite à celle qu’il aime, Berthe DAIRIN.
Le début de l’année 1913, un drame frappe la famille MENTION. Arthur, l’aîné des garçons est gravement malade. Depuis plus de trois années, la maladie gagne du terrain. En février 1913, Arthur MENTION meurt d’ostéomyélite à l’âge de 27 ans.
Le 10 octobre 1913, Charles débute le service militaire à la caserne Courbet d’Abbeville. Après quelques mois d’instruction, dans une période où la situation internationale est très tendue, Charles apprend par ses chefs l’imminence du conflit à venir. Quand la guerre est officiellement déclarée le 3 août 1914, personne dans le régiment n’est surpris. Le 5 août, le 128e quitte la Somme pour se rendre dans le département de la Meuse afin d’y défendre les frontières de l’Est en cas de tentative d’invasion des troupes allemandes.
Le 128e connaît son épreuve du feu le 22 août près de Virton, en Belgique puis participe activement à la Bataille de la Marne début septembre 1914. Alors que la guerre s’est enterrée dans les tranchées et que le 128e évolue dans le bourbier de l’Argonne, Charles est fait prisonnier le 19 décembre 1914. Il est interné à Giessen au Nord de Francfort, puis au camp de Quedlinburg entre Hanovre et Leipzig.
Son frère André, incorporé au 8e Bataillon de Chasseurs à Pied, a lui aussi été capturé par les Allemands. Dès le 29 août 1914, il est déclaré disparu. C’est à Göttingen, puis à Cassel en Allemagne où il est retenu en captivité, qu’il est soigné. Sérieuse est la blessure par « balles au thorax et dans la crête iliaque droite ». Une des balles ne pourra jamais lui être retirée.
Pendant que les plus anciens sont mobilisés, Jules et Maurice travaillent avec leur père à la charcuterie. Mais leur tour vient. Eux aussi vont partir à la guerre. Jules MENTION est mobilisé dès l’automne 1914. Quelques mois plus tard, meurt le père de famille. Les 3 garçons partis servir leur pays ne reverront jamais leur père. La charcuterie MENTION d’Arrest est définitivement fermée. Maurice, le plus jeune des frères, part en avril 1918.
Fortunée est maintenant veuve et ses quatre fils sont partis faire la guerre !
Jules MENTION est affecté au 2e Régiment de Zouaves avec lequel il connaît presque tous les champs de bataille. En mars 1918, alors que quelques jours de repos lui sont accordés à Saint-Dizier, avant de livrer une grande offensive à Nomeny en Meurthe-et-Moselle, il épouse Marie Denise EVROT, une Vosgienne réfugiée en zone libre. Marie Denise exerce le métier de « dépensière ». Le 2e Régiment de Zouaves se rend ensuite dès la mi-avril dans la Somme pour participer aux derniers combats autour de Villers-Bretonneux et Moreuil.
Maurice MENTION est incorporé au 8e Régiment d’Infanterie. Au printemps 1918, personne ne sait que la guerre vit ses derniers mois. Les combats que mène le régiment dans le Sud de l’Aisne, dans le secteur de La Ferté Milon et le Nord de Château-Thierry, sont particulièrement violents. Mais Jules, comme Maurice, va survivre.
Les deux frères prisonniers en Allemagne sont rapatriés plusieurs semaines après la signature de l’Armistice. André rentre le 23 décembre 1918. Charles est rapatrié d’Allemagne le 13 janvier 1919. Il bénéficie de 30 jours de permission qu’il passe chez sa mère. Charles doit ensuite rejoindre le dépôt du 128e RI. La guerre n’est pas vraiment finie… Il n’est démobilisé que le 31 juillet 1919.
Charles MENTION se marie en 1920 avec Berthe DAIRAIN.
Les 4 frères MENTION quittent tous Arrest après la fin de la guerre. Charles, employé comme conducteur à la Compagnie des Chemins de fer du Nord, part pour Rouen avec Berthe.
Maurice suit le même chemin. Conducteur de train, il réside à Rouen avec celle qu’il a épousée, Hortense PAILLEUX.
Jules devient facteur des PTT et s’installe définitivement en Bourgogne avec son épouse Marie Denise EVROT.
André MENTION est le seul à rester dans le Vimeu. Il devient charcutier à Saint-Blimont, village voisin d’Arrest et s’y installe avec son épouse, Joséphine DELAHAYE. Ils auront deux filles, Ginette et Nadine.
Les quatre fils de Fortunée sont revenus vivants de la guerre. Un peu blessés, un peu malades et traumatisés à jamais d’avoir vu tant d’horreur, mais vivants. Ils ont pu construire des familles et profiter du plaisir de voir grandir leurs enfants.
Maurice MENTION n’avait que 34 ans quand il est mort en 1933.
Le 16 juin 1940, Jules MENTION perd la vie près de Losne, en Côte d’Or, dans un bombardement aérien effectué par des aviateurs italiens sur le train de réfugiés où il avait pris place. Une stèle située à proximité de la ligne Dijon-Bourg rappelle le nom de victimes (photo Serge Laethier – memorialgenweb). Jules MENTION avait échappé à la mort sur les champs de bataille de la Grande Guerre. Il devient une des nombreuses victimes civiles de la Seconde Guerre mondiale.
André MENTION, le charcutier de Saint-Blimont meurt en 1952.
Charles MENTION a survécu au dernier de ses frères pendant plus de trente ans. Charles s’éteint définitivement à Saint-Valery-sur-Somme en 1984, à l’âge de 92 ans.
Danièle REMY, Lionel JOLY et Xavier BECQUET
Bravo !!!
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