Victimes de la Première Guerre mondiale – une Somme de vies brisées par 14 18.
Né le 22 mars 1891, Paul BILLOT est le fils aîné de Joseph Billot et Marie Tonnelier. Joseph et Marie sont originaires de Davenescourt, près de Montdidier, dans la Somme.
Les familles Billot et Tonnelier sont des familles modestes. Les hommes sont journaliers, manouvriers ou ouvriers agricoles, et les femmes sont ménagères ou bonnetières à domicile. Installées à Davenescourt, dans la Grande Rue – appelée également la Rue de Contoire – ces familles ont comme objectif principal de vivre, quand il ne s’agit pas de survivre, le moins mal possible.

Joseph épouse Marie au printemps 1889. Deux ans plus tard vient au monde leur premier enfant qu’ils prénomment Paul Désiré. Deux années après, un deuxième fils arrive. C’est Louis Raymond BILLOT. Paul et Louis sont très proches. A Davenescourt, l’enfance est ni plus ni moins heureuse qu’ailleurs. Si l’école passe au second plan pour les fils BILLOT qui ne sauront jamais vraiment lire et écrire, leur vie d’enfant alterne entre les jeux et l’aide qu’il faut déjà apporter aux adultes, notamment quand arrivent les moissons.

L’insouciance de l’enfance prend fin brutalement pour Paul et Louis. En 1900, leur mère Marie disparait, suivie, à peine un an plus tard, par Joseph, son mari. Les garçons sont orphelins de père et de mère. Paul a 10 ans et Louis en a 8.
Les deux garçons sont alors hébergés chez leurs grands-parents maternels, Eugène et Nathalie. Dans leur petite maison de la Rue de Contoire, à Davenescourt, ils hébergent également Raymond BOITEL, un autre de leurs petits-enfants. Eugénie, une autre fille d’Eugène et Nathalie, est morte en mettant au monde le petit Raymond.

Raymond a le même âge que Louis BILLOT. Les quelques années partagées au domicile des grands-parents sont d’un grand réconfort pour ces trois petits orphelins déjà tellement abimés par la vie.
A douze ans à peine, Paul quitte Davenescourt pour Fignières. Les maigres revenus du grand-père Eugène en tant que journalier agricole ne suffisent plus pour nourrir les garçons. C’est Paul le premier des petits-fils qui quitte le foyer. Onésime Carlier, fermier dans ce petit village agricole situé entre Davenescourt et Montdidier, est un petit cousin des grands-parents Tonnelier. C’est chez lui que Paul devient domestique de ferme.

Peu de temps après son départ, le grand-père meurt. La grand-mère Nathalie est alors obligée de reprendre une activité de bonnetière. Louis et Raymond deviennent journaliers agricoles dans les fermes de Davenescourt et des villages avoisinants.
A Fignières, Paul est plutôt satisfait de sa condition. Hébergé par Onésime et Pascaline, et même si le travail est dur, il a l’impression d’être plutôt considéré comme un petit-neveu que comme un domestique. Au décès de Pascaline, la situation change car la fille et le gendre d’Onésime viennent habiter à la ferme, lui laissant un peu moins de place. Mais Paul sait que tout va changer bientôt avec le service militaire et qu’une nouvelle vie pourra débuter.
Il vient d’avoir 20 ans. Quand le service militaire aura été effectué, il sera toujours temps de trouver un autre travail. Et pourquoi ne pas reprendre alors une ferme avec son frère Louis et son cousin Raymond ?
Paul est déclaré apte au service armé par le Conseil de Révision de Montdidier. Il est incorporé au 120e Régiment d’Infanterie de Péronne à compter du 10 octobre 1912. Enfant, il se souvient que son père lui avait raconté avoir été réserviste après son service militaire et être venu faire une période d’exercice à Péronne. Lui aussi avait connu le 120e !

Une année plus tard, c’est au tour de Louis et de Raymond de partir au service militaire. Louis BILLOT est affecté au 1er Régiment Zouave et Raymond BOITEL au 120e RI de Péronne où il pourra retrouver son cousin.
Les deux garçons quittent Davenescourt le 1er octobre 1913 pour des destinations bien différentes. Si Raymond BOITEL doit rejoindre la ville de Péronne dans la Somme, Louis BILLOT part pour un bien plus long voyage. Il est attendu à Bizerte, en Tunisie.
Le 9 octobre, tous les hommes du 120e quittent la caserne Foy de Péronne pour rejoindre le département de la Meuse. Paul BILLOT et Raymond BOITEL vont participer à la défense des frontières. L’ennemi est clairement identifié. Comme en 1870, c’est le voisin d’Outre-Rhin à qui il va falloir faire la guerre et qu’on les appelle Prussiens ou Allemands ne change rien.
Dix mois plus tard, sans réelle surprise pour les régiments déjà casernés près des frontières de l’Alsace-Moselle, la guerre est déclarée par l’Allemagne. Le 120e est déjà aux avant-postes.
Quand la grande offensive est déclenchée par le général Joffre, les hommes du 120e sont les premiers à franchir la frontière belge, près de Meix-devant-Virton, le 21 août 1914. Le lendemain au matin, ils pénètrent sur le territoire du petit village belge de Bellefontaine pensant n’avoir qu’à le traverser. Mais, contrairement aux indications fournies par les missions de reconnaissance des jours précédents, les Allemands sont déjà là. Prêts depuis quelques heures, ils attendent, cachés en bordure des bois, l’arrivée des jeunes Français au pantalon rouge. Le 120e RI est décimé. Plus de 1 000 hommes sont hors de combat en quelques heures.
Paul BILLOT est mort.
Son cousin, Raymond BOITEL, n’a pas participé au combat avec ses copains du régiment. Hospitalisé en raison d’une hernie très handicapante depuis plusieurs semaines il a échappé au massacre.
Le Régiment de Zouaves de Louis BILLOT vient à peine d’arriver sur le sol français quand l’ordre de lancer l’offensive en Belgique lui parvient. Les combats ont lieu les 22 et 23 août dans le secteur de Charleroi. C’est pendant la retraite de l’Armée française, à l’occasion des combats à proximité de Guise, dans l’Aisne, que Louis BILLOT perd la vie. Le cadet est mort exactement une semaine après le décès de son seul frère. Le premier mois de conflit n’est pas encore terminé que les deux seuls fils du pauvre feu Joseph BILLOT de Davenescourt sont déjà morts.
Raymond BOITEL, celui que Paul et Louis considéraient comme un frère, a un destin tout aussi tragique. Blessé en mars 1915 à la cuisse droite, il est à nouveau blessé le 7 septembre 1916 près de Berny-en-Santerre, pendant la Bataille de la Somme. La blessure à l’abdomen par éclat d’obus est grave. Raymond meurt de ses blessures le lendemain de son évacuation dans l’ambulance militaire.
La vie les avait blessés. La guerre les a tués. Les trois orphelins de la Rue de Contoire, à Davenescourt, ne reviendront jamais dans leur village.

Les noms de Paul BILLOT, Louis BILLOT et Raymond BOITEL, les petits-fils d’Eugène et Nathalie, sont inscrits sur le monument aux morts de Davenescourt.
Les trois orphelins avaient entre 21 et 23 ans.
Le corps de Paul BILLOT repose au cimetière militaire de l’Orée de la Forêt, à Rossignol, en Belgique (sépulture 159). Ce cimetière est situé à quelques kilomètres du lieu de bataille de Bellefontaine.

L.J. et X.B.
« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme. Danièle REMY a réalisé la collecte de données pour la commune de Davenescourt.


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