UN JOUR, UN PARCOURS – Renaud FOURRIERE, de Bouchavesnes-Bergen

Victimes de la Première Guerre mondiale – une Somme de vies brisées par 14 18.

Né le 27 mai 1891, Renaud FOURRIERE est originaire de Bouchavesnes, petit village agricole du Nord-Est du département de la Somme, situé près des communes de Moislains et de Rancourt, dans le canton de Péronne.

Achille FOURRIERE et Marie GELLE sont des enfants de Bouchavesnes. Leurs familles sont présentes dans le village depuis plusieurs générations. Achille et Marie se marient le 11 juin 1890 et, moins d’un an plus tard, arrive le petit Renaud, qui naît dans leur ferme de la Rue de la Route. Une petite sœur, de six ans la cadette de Renaud, vient compléter la famille.

Renaud devient agriculteur avec son père. Etant le seul garçon de la famille, il est naturellement appelé à reprendre un jour l’exploitation agricole.

Mais vient l’heure du service militaire. Quand la décision d’affectation arrive, Renaud est rassuré. Lui qui n’a jamais quitté le canton, c’est à Péronne qu’il va faire son service militaire. Au 120e Régiment d’Infanterie. Péronne est le  siège de la sous-préfecture de la Somme. Renaud connaît bien cette grande ville, située à 6 km seulement de Bouchavesnes. Avec son père, il va souvent aux foires agricoles de Péronne pour chercher de nouvelles bêtes ou pour en vendre. C’est aussi au port de Péronne qu’ils vont s’approvisionner en phosphates pour enrichir la terre.

Renaud serait tellement fier de pouvoir défiler, un jour, devant ses parents, sur la Grand-Place de Péronne.

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Incorporé le 8 octobre 1913, il arrive à la caserne Foy… pour repartir aussitôt, et prendre le train en gare de Péronne-Flamicourt. Le 120e déménage ! La situation internationale est tendue. Guerre balkanique et revendications territoriales mettent le feu en Europe centrale. L’empire Austro-Hongrois et la Russie étant fortement impliqués, la paix semble difficile à envisager. La France doit se tenir prête à défendre ses frontières. Le 120e transfère ses troupes à la caserne Chanzy, de Stenay, dans la Meuse.

Le service militaire convient bien à Renaud. Promu caporal en avril 1914, il est nommé sergent le 2 août. A la tête d’un petit groupe d’hommes, il sait qu’il va devoir être exemplaire. Le 22 août, à Bellefontaine, en Belgique, il se lance dans la plaine du Radan à la tête de ses copains. Les commandants des 3 bataillons du 120e pensent que l’ennemi est beaucoup plus loin. Quand les mitrailleuses allemandes, en lisière de bois, se mettent en action, c’est la stupeur.

Beaucoup de ses copains de la Somme tombent à côté de lui. Miraculeusement, il n’est pas touché. Mais l’artillerie s’en mêle alors. Renaud est blessé à la main et au bras gauche par éclats d’obus.

Il est transporté vers la France pour y être soigné. Les séjours en hôpital et la nécessaire convalescence l’éloignent du front jusqu’en avril 1915. Muté au 77e RI, régiment caserné avant la guerre à Cholet, il se rend en Artois et connaît de terribles combats vers Neuville-Saint-Vaast, avant de se diriger vers la Somme, fin juin, pour une période de repos et d’entraînement. Début septembre, le régiment repart dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Il y reste jusqu’en avril 1916. Il faut alors renforcer les troupes françaises en difficulté à Verdun. Même s’il n’y reste qu’une courte période, le 77e subit des pertes très importantes dans ses effectifs. En septembre, Renaud retrouve enfin son pays. Le régiment est envoyé dans la Somme pour participer à la Bataille de la Somme, aux côtés des Alliés. Après quelques jours d’instruction destinés essentiellement à l’utilisation des nouveaux fusils mitrailleurs, les hommes sont transportés à Bray-sur-Somme, puis dans le secteur de Combles. Le 23 octobre, Renaud arrive à Bouchavesnes. Son village ! Le régiment doit y consolider le gain de terrain obtenu par les Français. Le territoire vient d’être été repris aux Allemands. Même s’il savait son village aux mains des Allemands depuis septembre 1914, et qu’il avait appris l’évacuation de la population, il ne s’attendait pas à une telle vision d’horreur. C’est la consternation. Son village est détruit ! Plus aucun bâtiment n’est encore debout. Et la pluie qui tombe depuis près d’un mois donne à ce paysage familier un caractère encore plus irréel. Les champs qu’il cultivait il y a 3 ans encore, ne sont plus que fils barbelés, cratères d’obus et tranchées remplies d’eau.

Renaud reste à Bouchavesnes jusqu’en janvier 1917. La mission du régiment est de remettre en état le réseau de tranchées dans l’éventualité d’un retour des Allemands. Puis en avril, le régiment connaît les combats du Chemin des Dames, dans l’Aisne, avant de partir, au début de l’été, participer, dans la Meuse, à l’instruction des troupes américaines.

Mais la guerre n’est pas finie pour Renaud, La grande offensive allemande du printemps 1918 provoque le retour du 77e RI dans la Somme. Renaud est blessé à l’avant-bras par un éclat d’obus à Thory, près de Montdidier.

A peine l’Armistice signé, les parents de Renaud reviennent à Bouchavesnes . Ils veulent reconstruire leur ferme et pouvoir cultiver à nouveau, dès que les champs auront été « nettoyés ».

Renaud, lui, ne veut plus revenir. Il ne pourra jamais plus travailler cette terre qu’il sait baignée de sang.

Démobilisé définitivement le 28 juillet 1919, il s’installe près d’Abbeville, loin de toute la zone de front de l’Est de la Somme. En 1923, il épouse Yvonne. Puis les domiciles et les emplois se succèdent rapidement, Amiens (au Buffet du Cirque), dans un hôtel à Dreuil, puis à Paris, à Péronne… Renaud n’a plus vraiment de chez lui.

Les blessures physiques, aux bras notamment, ont laissé des traces, mais ce sont celles de l’âme qui restent les plus douloureuses.

Renaud FOURRIERE est mort le 27 octobre 1931, à l’âge de 40 ans. Loin de Bouchavesnes…

L.J et X.B.

« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme.  André MELET a réalisé la collecte de données pour la commune de Bouchavesnes-Bergen.

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