Né le 9 mai 1892, Marcel LE BAILLY est un enfant de l’Assistance Publique. Il est né en Région Parisienne et, en tant qu’orphelin, il est « assisté » du département de la Seine (Ville de Paris et l’ex Seine-et-Oise).
Quand arrive-t-il et comment arrive-t-il à Bussus-Bussuel, petit village de la Somme, situé entre Saint-Riquier et Ailly-le-Haut-Clocher, nous ne le savons pas. Comme beaucoup d’enfants de l’Assistance Publique, le parcours de vie est très compliqué à suivre.
On trouve la trace de Marcel comme domestique de ferme. Rien d’étonnant ! Beaucoup d’orphelins parisiens étaient envoyés pour vivre leur adolescence dans des fermes. Les familles d’agriculteurs étaient accueillantes, pour qui pouvait apporter ses bras et son courage. Les tâches manuelles étaient nombreuses dans les exploitations agricoles au début du XXe siècle, et pour les plus grandes exploitations, il fallait régulièrement faire appel à des ouvriers agricoles, à des journaliers, pour effectuer certaines activités saisonnières. Un domestique de ferme envoyé par l’Assistance Publique ne se refusait pas. Le jeune homme, nourri, logé et blanchi, pouvait même y trouver, quelquefois, une forme de reconnaissance sociale
Au moins 3 familles de cultivateurs du village emploient des jeunes « Parisiens » comme domestiques. Ils s’appellent Louis, Germaine ou Louise, et ont presque le même âge que Marcel. . Bussus-Bussuel, petit village rural de 318 habitants avant 1914, semble donc un point de chute idéal pour des orphelins de la Seine.
Marcel sait correctement lire et écrire. Devenu presque majeur, il peut se lancer seul pour enfin pouvoir mener sa vie. Même si les salaires ne sont pas très élevés, c’est dans une filature qu’il se fait embaucher.
Déclaré bon pour le service au conseil de révision de 1913 à Ailly, le petit Parisien d’1,60m est incorporé au 120e Régiment d’Infanterie de Péronne. Il intègre la 4e compagnie du 1er bataillon.
C’est dans ce bataillon qu’il participe aux premiers combats à Bellefontaine, en Belgique. Le 120e perd plus de 920 hommes en une seule journée. Hasard de l’incorporation, il se retrouve dans le bataillon le moins éprouvé dans cette bataille. Les 2e et 3e bataillons s’engagent dans la Plaine du Radan, où les attendent les mitrailleuses allemandes, cachées en lisière des bois, alors que les hommes du 1er bataillon devaient, dans un premier temps, se diriger vers les habitations du village, évitant le piège.
Suivent, en septembre, la Bataille de la Marne et les combats en Argonne. Le 5 novembre 1914, Marcel est fait prisonnier.
C’est au camp de Gardelegen, en Saxe, qu’il est interné.
Les conditions de vie y sont difficiles. Des milliers de prisonniers français, britanniques, belges et russes séjournent dans ce camp. A l’intérieur de chaque baraque, il y a une série de paillasses en fibre de bois, sur quatre rangs. Trois repas sont donnés aux prisonniers : le matin, café de glands ; à midi et le soir, soupe de farine d’os ou de marrons d’Inde, agrémentée de quelques rutabagas, et un morceau de pain KK. Les rations sont insuffisantes. Et côté hygiène, ça laisse à désirer. A partir de février 1915, plus de 2 000 prisonniers seront malades du typhus. Il faut attendre la fin de l’épidémie, pour que des douches soient installées dans le camp.
Marcel n’est rapatrié que le 13 janvier 1919. La guerre est finie depuis plus de deux mois. L’euphorie de la victoire, le 11 novembre, ce n’est pas pour lui. Aucune attache familiale ne le reliant à ce village, lui le domestique de ferme, ce n’est pas à Bussus-Bussuel qu’il s’installe. Il reste toutefois dans le secteur proche de la Vallée de la Somme, puisqu’en 1938, il semble qu’il habite à Pont-Rémy.
Dans la vie de Marcel, entre le départ au service militaire et le retour à la vie civile, il y a une terrible parenthèse de 7 années, dont il n’a certainement jamais pu parler. Il n’est pas revenu en héros .Il a juste sauvé sa peau, en échappant à la mort pendant les premiers combats de la guerre, et en survivant aux maladies pendant sa captivité. A 27 ans, il peut tenter de retrouver une vie normale. Mais qu’est-ce qu’une vie « normale » pour un « Sans famille » qui revient de l’enfer ?
L.J. et X.B.
« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme. Jean DELHAYE a réalisé la collecte de données pour la commune de Bussus-Bussuel.
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