ILS AVAIENT 20 ANS EN 1914 – Edouard HOCHARD d’Esclainvillers

Né le 27 janvier 1891 à Paillart dans l’Oise, Edouard HOCHARD a passé la plus grande partie de son enfance à Esclainvillers dans la Somme.

Les villages de Paillart et d’Esclainvillers, situés de part et d’autre de la frontière administrative entre l’Oise et la Somme, sont très proches. Le petit village de la Somme, comptant à peine 200 habitants, est entouré des communes de La Faloise, Folleville, Chirmont, Sourdon et Quiry-le-Sec, toutes rattachées au canton d’Ailly-sur-Noye, au Sud-Est d’Amiens.

Les six aînés de la fratrie sont nés à Esclainvillers. Edouard, le septième, voit le jour à Paillart où la famille a déménagé pour quelques mois.

Edouard HOCHARD est le fils d’Ulysse HOCHARD et de Théodosie REVEL. Ulysse est originaire de Contoire-Hamel, près de Montdidier. Il est berger. Théodosie est native d’Esclainvillers. Quand ils se marient en 1881, Théodosie n’a que 18 ans. L’année suivante naît leur premier enfant. C’est une fille prénommée Théodosie, comme sa mère. Puis, avant l’arrivée d’Edouard, ce sont Zéphir, Elise, Marie, Gabrielle et Eugène qui viennent agrandir la famille.

L’activité est essentiellement agricole dans le secteur. Ulysse a quitté son activité de berger. Il est journalier, allant de ferme en ferme et de fabrique en fabrique, d’un côté ou de l’autre de la frontière entre la Somme et l’Oise. Si l’industrie du bois était prospère à Esclainvillers, il ne reste plus que quelques rares tourneurs à bois dans le village. Les hommes travaillent essentiellement dans les fermes et les femmes confectionnent, surtout en hiver, des chaussons de lisières pour la fabrique de Paillart.

L’été, on trouve beaucoup de petits Amiénois dans le secteur. Les colonies de vacances rencontrent un vif succès.

A peine, Edouard est-il né, que les HOCHARD reviennent s’installer Grande Rue à Esclainvillers.

Les naissances se poursuivent alors mais la mortalité infantile sévit. Deux des trois enfants mis au monde ensuite par Théodosie meurent dans leur première année. Seule la petite Jeanne survit.

Nouveau déménagement au début de l’année 1895. Les HOCHARD s’installent à Quiry-le-Sec, village voisin et rejoignent, quelques mois plus tard, la commune de Laversines, près de Beauvais. Arsène HOCHARD naît donc à Quiry-le-Sec et Jules, son frère cadet, à Laversines.  Les quatre plus jeunes fils de Théodosie sont nés dans quatre villages différents. 

Quand, à l’automne 1897, Ulysse HOCHARD meurt, Théodosie, sa jeune veuve de 34 ans, est enceinte pour la 13e fois. Elle quitte alors Laversines pour revenir vivre dans son village natal, au sein de sa famille, avec ses enfants les plus jeunes. La petite Yvonne, dernier enfant du couple que formait Ulysse et Théodosie, naît à Esclainvillers au début du printemps 1898.

Quelques mois plus tard, un ouvrier tonnelier parisien entre dans la vie de Théodosie. Ernest BELVAL épouse Théodosie et s’installe dans la maison de la Grande Rue à Esclainvillers. Trois nouveaux enfants viennent ensuite agrandir la grande fratrie, Adrienne, Ernest et Marcel. Mais les trois derniers enfants ne portent pas le nom de HOCHARD. Ils s’appellent BELVAL comme leur père.

Edouard HOCHARD, comme ses frères et sœurs aînés, doit dès qu’il a atteint une douzaine d’années subvenir à ses besoins. Il travaille comme domestique chez Adrien FROIDURE, voisin de la famille BELVAL-HOCHARD dans la Grande Rue à Esclainvillers. Adrien FROIDURE est négociant en vins. Edouard change ensuite, à plusieurs reprises, de métier, avant de devenir charretier puis cultivateur.

Quand la guerre est déclarée le 3 août 1914, Edouard est déjà sous les drapeaux. Il effectue son service militaire depuis le 9 octobre 1912. Affecté au 51e Régiment d’Infanterie de Beauvais, il devient ensuite ordonnance à l’Ecole Supérieure de Guerre. Au début de la guerre, Edouard HOCHARD est affecté comme ordonnance auprès du capitaine Allard à l’Etat-Major de la 62e Division d’Infanterie. Nul ne sait pourquoi ce jeune homme blond, tatoué au bras droit de ses initiales « E H », cultivateur dans le civil, sachant à peine lire et écrire, est-il nommé ordonnance à l’Etat-Major ? Quand il quitte l’Etat-Major pour la 7e Compagnie du 12e Escadron du Train le 15 mai 1916, la plupart des copains qui ont débuté le service militaire avec lui, en octobre 1912, ont déjà été fortement éprouvés.  Des gars de villages proches de chez lui ont été tués. Emile TERRIEZ de Quiry-le-Sec, Joseph GRAFTE de Contoire, Louis HENIQUE de Sauvillers-Mongival ne reverront jamais les vallées de l’Avre et de la Noye. D’autres ont été blessés comme Félicien LECOCQ de Remaugies ou Jules LEGRAND de Villers-Tournelle, évacués tous deux du champ de bataille de Fontenois le 31 août 1914, l’un emmené par les Français et l’autre capturé par les Allemands.

Edouard HOCHARD a beaucoup de chance et cette chance l’accompagne jusqu’au 17 mars 1919, date de sa démobilisation.

Ses frères ont également été mobilisés. Arsène, né en 1895, a été convoqué le 16 décembre 1914 pour rejoindre le 18e Bataillon de Chasseurs à Pied. Jules, né en 1896 intègre le 148e Régiment d’Infanterie le 9 avril 1915. Quant à Eugène, l’aîné des quatre frères HOCHARD mobilisés, c’est au 8e Bataillon de Chasseurs qu’il a combattu.

Arsène a été blessé à plusieurs reprises. En mars 1916, à Verdun, il a reçu des éclats d’obus dans le bas du dos. En juin 1918, à Méry dans l’Oise, à quelques kilomètres de chez lui, une balle lui a perforé la main droite.

Jules a été intoxiqué par les gaz allemands en octobre 1918.

Eugène, l’aîné, est mort. Il a été tué, dès le 17 septembre 1914.

Comme toutes les familles du village, les HOCHARD ont été dramatiquement touchés par la guerre. Ils ont perdu un fils, un frère. Ils ont aussi perdu deux cousins, les neveux de Théodosie, Gustave et Alfred REVEL.

Le petit village d’Esclainvillers est en deuil. Chez les GREUX, chez les THUILLIER, chez les PASCAL, on pleure aussi un être cher.

Edouard HOCHARD est toujours resté dans sa région d’origine. Il a quitté son village pour reprendre une ferme dans la commune voisine de Chirmont. Il a épousé Camillia TONNELIER. Ils ont eu trois enfants. Pour tous les survivants, la vie a repris son cours, alternant les moments difficiles et tant d’instants de bonheur familial qu’Eugène HOCHARD ne connaîtra jamais.

Le nom d’Eugène HOCHARD, le frère aîné d’Edouard, est inscrit sur le monument aux morts d’Esclainvillers.

Lionel JOLY et Xavier BECQUET

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