ILS AVAIENT 20 ANS EN 1914 – Jules MARCHANT de Béhencourt

Né le 27 septembre 1891, Jules MARCHANT est le fils de Joseph MARCHANT et d’Uranie PREUVOST

Béhencourt est un petit village de moins de 350 habitants du canton de Villers-Bocage. Situé au fond de la Vallée de l’Hallue, petite rivière affluent de la Somme, Béhencourt est un village agricole. La culture est essentiellement céréalière. Les grains sont conduits au moulin de Ribemont à 7km. Les pâturages des bords de rivière permettent facilement d’élever les vaches et les moutons. C’est au marché de Contay, à 4 km, que sont vendus les bestiaux. Enfin, toutes les familles sans exception disposent d’une basse-cour. Les œufs, les volailles et les lapins se vendent facilement sur les marchés d’Amiens, à 16km.

L’autre activité du village est la bonneterie. Il reste, dans la commune, quelques ouvriers à domicile qui travaillent pour les fabricants de Corbie et de Villers-Bretonneux.

Les copains du même âge que Jules dans ce petit village qu’est Béhencourt, sont tous, comme lui, fils d’agriculteurs. Les parents de Marius LEROY et Amédée SALIN ont une ferme Rue de la Ville, ceux de Gaston OGEZ et François VADURELLE Rue des Pommiers. Quant à l’exploitation de Joseph MARCHANT, le père de Jules, elle est située Rue de la Fontaine.

Jules a un frère de quatre ans son aîné. Il se prénomme Louis. Il avait aussi un autre frère aîné qu’il n’a jamais connu. Un coup du sort et la mortalité infantile. Ainsi Charles Jules Henri, premier enfant du couple formé par Joseph et Uranie, est décédé à l’âge de 9 ans et demi. Ce drame s’est produit le 5 avril 1891. Uranie était alors enceinte. Quand le bébé de sexe masculin est arrivé cinq mois plus tard après cette catastrophe, les prénoms de Charles Jules Henri, ceux du frère aîné tragiquement disparu, s’imposèrent aux parents comme une évidence. Le petit Jules portait dès le départ un bien lourd héritage dans son état-civil.

Les filles de la fratrie se prénomment Henriette, Blanche et Solange, la plus jeune, née en 1895. Un autre garçon, Henri, suivra en 1898, puis Charles qui viendra compléter la famille près de huit ans plus tard.

L’exploitation des MARCHANT est modeste. Les deux garçons, Louis et Jules, sont invités à trouver du travail ailleurs. Profitant du gîte et du couvert chez leur employeur, ils contribuent à réduire les dépenses pour leur famille, apportant même un peu d’argent pour aider leurs parents. Louis travaille comme apprenti boulanger chez Edouard CAGNARD, Rue de la Ville. Jules vit et travaille à quelques mètres de la boulangerie. Il est domestique de ferme chez Honoré DEBRAY.

Jules MARCHANT voit ses copains partir au service militaire sans lui. Le Conseil de Révision de Villers-Bocage l’a exempté en 1912 pour « arrêt de développement ».

Gaston OGEZ et François VADURELLE sont affectés au 51e Régiment d’Infanterie de Beauvais. Marius LEROY est affecté au 3e Bataillon de Chasseurs à Pied et Amédée SALIN au 1er Régiment de Génie.

Les deux plus âgés, Marius LEROY et Amédée SALIN terminent leur période de service militaire en novembre 1913.

Quand la guerre est déclarée le 3 août 1914, ils sont immédiatement rappelés. Gaston OGEZ et François VADURELLE ne reviennent pas embrasser leurs familles. Ils sont envoyés avec leurs unités dans l’Est de la France. L’armée active est rapidement opérationnelle avec le renfort de ceux qui viennent de terminer leur service militaire. Les hommes plus âgés arrivent progressivement.

Jules MARCHANT n’est pas mobilisé. La Commission de Réforme d’Amiens l’exempte à nouveau. Ses copains sont partis se battre. Lui travaille à la ferme.

Au printemps 1917, la grande offensive envisagée au Chemin des Dames doit permettre de mettre en difficulté les Allemands et faire céder une partie du front du Sud de l’Aisne. L’Armée française a besoin de renforts supplémentaires. La commission de réforme d’Amiens réunie le 20 mars 1917 déclare Jules MARCHANT apte au service armé. Incorporé au 8e Bataillon de Chasseurs à Pied, Jules reçoit l’instruction qu’il n’avait pu avoir jusqu’alors, puisque exempté de service militaire. En décembre 1917, il est affecté au 10e Régiment d’Infanterie.

Intégré dans l’Armée d’Orient, la guerre continue pour Jules sur le front du Sud de l’Europe. Des combats de maintien de l’ordre qui se poursuivent bien au-delà de la date de la signature de l’Armistice.

Le 15 juin 1919, Jules MARCHANT est déclaré mort de maladie à Szegedin en Hongrie.

Sur les cinq copains fils d’agriculteurs, trois ne rentrent jamais à Béhencourt. Gaston OGEZ est tué dès le 5 septembre 1914. Marius LEROY est mort le 11 octobre 1916 pendant la Bataille de la Somme. Son jeune frère, Alfred LEROY, est également tué à la guerre. Il est mort dans l’Aisne le 18 septembre 1918.

Les survivants parmi les fils de fermiers de la génération de ceux qui avaient 20 ans en 1914  se nomment Amédée SALIN et François VADURELLE.

Amédée SALIN a fait une belle guerre. Débutant dans le Génie, il est muté au 2e groupe d’aéronautique où il devient sous-officier. Ses actes de courage lui valent plusieurs citations, notamment le 3 août 1915 où  « il a assuré à proximité immédiate des tranchées ennemies et dans la zone des fusées éclairantes le démontage et le transport de tout ce qui restait d’utilisable d’un avion de leur escadrille ».

François VADURELLE a eu moins de chance. Dans la Marne, il est gravement blessé aux jambes, et tout particulièrement à la cuisse gauche, blessure qui n’a jamais pu vraiment guérir. Après de longs mois de convalescence, il repart au front. Le 19 février 1918, il est évacué,  victime de vapeurs irritantes d’obus toxiques lui occasionnant vomissements et larmoiements. François VADURELLE est devenu cultivateur à Fréchencourt, village voisin de Béhencourt, mais il n’a jamais retrouvé la santé qui était la sienne avant la guerre.

Les noms de Jules MARCHANT, Gaston OGEZ et Marius LEROY sont inscrits sur le monument aux morts de Béhencourt.

Lionel JOLY et Xavier BECQUET

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