UN JOUR, UN PARCOURS – Edmé CAUET de Louvencourt

Victimes de la Première Guerre mondiale – une Somme de vies brisées par 14 18.

Né le 31 juillet 1891, Edmé CAUET habitait près du château de Louvencourt.

Edmé est le fils de Fulgence CAUET, journalier agricole, et de Marie Bonnay, couturière. Fulgence est originaire de Vauchelles-les-Authie et Marie de Louvencourt. C’est dans le village de l’épouse que le mariage a lieu, en novembre 1889. Le couple s’installe dans la Grande Rue, à Louvencourt, chez les parents de Marie. C’est dans cette maison que nait Edmé, leur seul enfant. Louvencourt est un village agricole du Nord de la Somme, dont le territoire est limitrophe avec le Pas-de-Calais.

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Au décès de sa mère, Edmé n’a que 10 ans. C’est sa grand-mère maternelle, Sidonie, qui s’occupe de lui. Dans la petite maison de la Grande-Rue, Fulgence vit avec sa belle-mère et son fils. Edmé est finalement fils unique.

Fulgence est jardinier au château de Louvencourt.  Le château, au cœur du village, a été construit, en même temps que l’église, au milieu du XVIIIe siècle. Les anciens du village parlent encore des châtelains comme la famille SERPETTE, du nom de l’ancien maire de Louvencourt, Edouard SERPETTE, inspecteur des domaines à la fin du règne de Napoléon III.  Edouard SERPETTE, bien que châtelain de Louvencourt, n’était pas noble. C’est la République qui lui offre la particule ! En 1874, suite à sa demande, le Ministre de la Justice de la jeune IIIe République autorise les enfants d’Edouard à « ajouter à leur nom patronymique celui de De Bersaucourt et à s’appeler à l’avenir Serpette de Bersaucourt ».

Georges SERPETTE de BERSAUCOURT, avocat à la Cour d’Appel et Conseiller d’Arrondissement d’Amiens, devient ensuite le châtelain de Louvencourt. Et après lui, ses enfants, légèrement plus âgés qu’Edmé CAUET, le fils du jardinier, habitant toujours le château, délaissent rapidement le patronyme du grand-père, pour se faire appeler uniquement De Bersaucourt…  Il y a Joseph, René, Albert et Marguerite.

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Mais Edmé est bien loin de ce monde de grands bourgeois. Après avoir suivi les cours de l’école publique, Edmé cherche un travail. C’est dans les fermes de Louvencourt qu’il le trouve, et au château, quand l’entretien du jardin a besoin de bras supplémentaires.

A 20 ans, convoqué devant le Conseil de Révision d’Acheux-en-Amiénois,  Edmé est jugé apte au service armée et affecté au 29e Régiment d’Artillerie de Laon, en tant que canonnier. Il y arrive début octobre 1913.

Deux jours après la déclaration de guerre, le 5 août 1914, le régiment est transféré vers Dun-sur-Meuse, au Nord de Verdun. Mais si pour la guerre, il est important de trouver des combattants, il l’est également de pourvoir à tous les besoins de ces combattants. Edmé est affecté au Peloton Hors Rang du régiment. Cette section, qui agit en étroite collaboration avec l’état-major du régiment, comprend des armuriers, des secrétaires, des ordonnances, des logisticiens, ainsi que tout un personnel qui va assurer l’organisation de l’alimentation des hommes et des chevaux.

Bien qu’éloigné de la première ligne du front, Edmé reste en contact avec tous ses copains du service militaire, incorporés, comme lui, le 10 octobre 1913. Copains avec lesquels il a partagé plus de 9 mois de vie collective dans un monde qui n’était pas encore en guerre.

Quand il apprend leur mort, Edmé ne peut s’empêcher de revoir leur visage et de se souvenir des bons moments passés, aussi bien dans les chambrées de Laon que sur les terrains d’entraînement de Sissonne.

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Après les combats d’août et septembre 1914, les tranchées deviennent l’univers des soldats. L’artillerie prend alors une place déterminante dans les combats, et les canonniers deviennent des cibles prioritaires pour l’ennemi. En avril 1915, c’est Louis MESSE, le charron de Saint-Gratien, du 29e RA, qui est tué, dans la Meuse.

Quand la Commission de Réforme de Lorient décide de l’envoyer rejoindre les hommes au front, Edmé sait ce qui l’attend. Il y arrive le 25 mai 1915.

Si les batteries sont éloignées les unes des autres, réparties sur plusieurs champs de bataille, entre la Champagne et l’Alsace, les nouvelles des morts d’artilleurs vont vite. Car elles sont souvent liées à la destruction d’un canon qu’il va falloir remplacer au plus tôt.

En septembre 1915, Christophe BROUTIER, le menuisier de Vron, et Charles DEFLOND, le charron de Falvy, qui ont débuté leur service militaire en même temps qu’Edmé, perdent la vie, à Souin, dans la Marne. En février 1916, Louis LECLERC, ouvrier agricole à Vauvillers, s’écroule sans vie, en Alsace. Pendant la Bataille de la Somme, c’est Léon RIQUIER, de Doullens, qui est tué, à la mi-août 1916. Même si certains visages s’estompent dans la mémoire d’Edmé, chaque nouvelle mort d’un copain du 29e RA apporte une forme de nostalgie teintée d’indifférence et de peur. Le prochain éclat d’obus sera pour qui ?

Le 6 avril 1917, Edmé est blessé à l’arcade sourcilière droite. Le coup est passé très près. Après seulement quelques jours à l’hôpital bénévole de Berck-sur-Mer, et une permission de 7 jours, il revient au front.

Fin avril 1918, Edmé est évacué pour maladie. Il a un abcès sur chaque fesse. L’hospitalisation est cette fois-ci beaucoup plus longue. Il rejoint son corps le 13 juin.

Edmé s’est signalé à plusieurs reprises pour sa bravoure. Le 20 novembre, il est promu brigadier. Démobilisé en août 1919, il ne rentre pas à Louvencourt, mais rejoint Antoinette, une fille du village voisin de Léalvillers, à Vermelles, dans le département du Pas-de-Calais. Sa grand-mère, Sidonie, loge avec eux.

Si Edmé est revenu indemne de la guerre, un des trois fils des châtelains de Louvencourt y a été tué. René Serpette de Bersaucourt, incorporé au 128e RI d’Abbeville, est mort le 16 novembre 1914, des suites de ses blessures de guerre. Sur le monument aux morts de Louvencourt, seul le nom de DE BERSAUCOURT a été gravé, oubliant, de ce fait, l’histoire du grand-père SERPETTE.

Edmé CAUET est devenu comptable pour la Compagnie de mines de Béthune. C’est à Vermelles, qu’il est mort en février 1927, âgé de 35 ans.

L.J. et X.B.

« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme.  Josiane HEROUART a réalisé la collecte de données pour la commune de Louvencourt.

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