Né le 8 juillet 1893, Alfred JOLIS est le fils d’Angéline JOLIS. Il se prénomme officiellement Henri Frédéric, mais tout le monde l’appelle Alfred pendant toute sa vie.
Angéline est domestique. Elle vit chez ses parents, Frédéric et Victorine, Rue de l’Hommelet, à Bouillancourt-en-Séry. Un deuxième fils, Albert, naît trois ans après Alfred. Lui aussi aura comme patronyme JOLIS.
Située sur la rive droite de la Vallée de la Bresle, le bourg de Bouillancourt-en-Séry est situé à cinq kilomètres de Gamaches. Le village a la chance d’avoir deux magnifiques châteaux construits sur son territoire.
Le château reconstruit au coeur du village sur les ruines d’une forteresse médiévale est particulièrement imposant. Deux anciennes tours médiévales sont adossées au corps du logis construit en brique et pierre lui donnent un air de château-fort. Le château est occupée par la famille de Boiville.
L’autre château est celui d’Ansennes. Il a appartenu aux seigneurs de Cayeux, puis aux Mailly, familles d’aristocrates bien connues dans le département de la Somme. Puis une famille italienne, les Cottini-Rouget, l’ont acheté à la fin du XIXe siècle, avec des projets de grands travaux de rénovation et de réaménagement. Même si les habitants ne sont pas vraiment associés aux décisions des nouveaux châtelains, ce gigantesque chantier donne du travail à la population locale. Et c’est bien.
Frédéric, le grand-père d’Alfred, est charpentier à Bouillancourt. En lien avec les nombreux bûcherons du village, il effectue souvent des travaux dans les deux châteaux de la commune. Il y retrouve des peintres en bâtiment ou maçons du village. Les travaux d’entretien de ces imposants monuments et de leurs immenses propriétés nécessitent de la main d’oeuvre qualifiée qu’on peut trouver sur place. En ce qui concerne les places de domestiques et de jardiniers, elles sont rarement occupées par les habitants du village. Les châtelains préfèrent employer du personnel ayant déjà acquis de l’expérience au service de familles aristocratiques.
Comme beaucoup d’habitants des plateaux agricoles dominant la Vallée de la Bresle, qu’ils soient sur la rive droite, dans la Somme, ou sur la rive gauche, dans la Seine-Inférieure, les JOLIS vont quitter leur village, au début du XXe siècle, pour se rapprocher des lieux où on peut gagner plus « facilement » sa vie. Les communes du Tréport, de Mers et d’Eu sont devenues des lieux prisés par la haute société parisienne et picarde, transportée jusqu’au bord de mer par les trains à vapeur des lignes Paris-Le Tréport et Amiens-Le Tréport.

La pêche et le port du Tréport apportent du travail journalier presque tout le temps. Le chemin de fer a créé plusieurs centaines d’emplois dans la vallée, réunis à Mers dans un quartier appelé Le Dépôt, et surtout, pendant la belle saison, les bourgeois consomment beaucoup. Le commerce devient florissant, et chacun peut en tirer un peu de bénéfice.
Les grands parents ont pris à leur charge l’éducation des deux petits-fils. Frédéric et Victorine quittent Bouillancourt avec Alfred et Albert, pour s’installer au Tréport, rue Alexandre Papin. Leurs petits fils trouveront plus facilement un bon emploi à la Ville d’Eu ou au Tréport.

Au moment de passer devant le Conseil de Révision, Alfred est garçon épicier, dans la Grande Rue, à la Ville d’Eu. Il a les cheveux châtains et mesure 1,71m. Les militaires noteront qu’il a les yeux « orange ». Sa situation familiale lui permet d’éviter d’effectuer son service militaire, ou tout au moins de bénéficier d’un sursis. Mais quand, à l’été 1914, la guerre est déclarée, le sursis n’a plus de raison d’être. Incorporé le 18 décembre 1914, Alfred rejoint le 119e Régiment d’Infanterie. Quelques mois plus tard, il change de régiment pour aller combattre en Artois.



Lionel JOLY et Xavier BECQUET
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