Victimes de la Première Guerre mondiale – une Somme de vies brisées par 14 18.
Né le 1er septembre 1893, Gaston QUILLET est l’enfant unique d’Alphonse et de Célinie QUILLET.
Originaires du village de Bonneville, dans le canton de Domart-en-Ponthieu, Alphonse et Célinie sont fermiers dans la commune. Leur ferme est située Rue de Fieffes.

Bonneville est un village de 700 habitants du Nord-Amiénois, entouré par les territoires des communes de Candas, de Naours, de Canaples, de Montrelet et de Fieffes.
Alphonse est le seul enfant du couple. Son avenir est tout tracé, dans un village agricole comme l’est celui de Bonneville. Il prendra la succession de son père comme fermier, comme Alphonse l’a fait avec son propre père.
Dans les très nombreuses petites parcelles qui constituent le territoire agricole du village, on cultive essentiellement, en cette fin de XIXe siècle, de l’avoine, du blé et du méteil. Il y a aussi un peu de betteraves à sucre, de luzerne et de pommes de terre. L’élevage du mouton a été presque abandonné, car il n’y a plus de fileurs de laine à Bonneville depuis assez longtemps.

Dans la commune, il n’y a aucune usine, aucun atelier. Avec la mise en service de la gare de Montrelet, à moins d’1 km, l’industrie du lin a repris un peu, mais l’activité principale reste l’agriculture. Le petit garçon blond aux yeux bleus, Gaston, le fils d’Alphonse, a donc toutes les chances de pouvoir devenir fermier, comme son père et son grand-père.
Tout en étant un bon élève à l’école, Gaston aide, à chaque fois qu’il le peut, ses parents. Puis, à l’adolescence, il occupe à plein temps le métier de cultivateur dans l’exploitation familiale.
A 20 ans, comme tous les jeunes hommes, il est convoqué pour passer devant le Conseil de Révision. Il se rend à Domart-en-Ponthieu. Jugé apte au service armé, il est affecté dans la cavalerie. Gaston QUILLET rejoint le 1er Régiment de Cuirassiers, caserné au Quartier Dupleix à Paris, le 26 novembre 1913.

La guerre est déclarée le 2 août 1914. Le jour même, le régiment embarque en gare du Bourget, pour rejoindre le Nord-Est de la France. Après être passé par Sedan, les cuirassiers, avec toute la 1ère Division de cavalerie, entre en Belgique le 6 août. La Belgique a refusé l’ultimatum du Kaiser réclamant le passage des troupes allemandes sans aucune réaction. La neutre Belgique devient alors un ennemi pour les Allemands, et un allié de la France qui se doit de la protéger. Les cavaliers français arrivant dans la ville de Bouillon sont acclamés par la population. Les sauveurs sont arrivés…
En réalité, les missions confiées aux cuirassiers sont avant tout des reconnaissances à courte portée, ou des patrouilles pour préparer la grande offensive du 22 août.
Dans tous les régiments de l’Armée française, la retraite qui suit la défaite de la Bataille des frontières, est très éprouvante. Au 1er Cuirassiers, si les hommes sont fatigués, les chevaux le sont aussi. Le régiment ne peut alors plus remplir ses missions de cavalerie. Il se replie, tentant d’éviter les combats, et traverse le département de l’Aisne pour se positionner, début septembre, dans le secteur de Lizy-sur-Ourcq et de Meaux, où il rejoint les lignes anglaises du général Chestwood.
Après la victoire de la Bataille de la Marne, les cavaliers français ne poursuivent pas les Allemands pour les chasser du territoire, comme il pouvait l’être envisagé. Les chevaux, utilisés pendant les combats du 6 au 10 septembre, dans des conditions particulièrement difficiles, sont épuisés.
Les Allemands se replient jusqu’à l’Argonne et dans les Hauts de Meuse. Une autre partie des troupes ennemies se lance vers la Manche, et, s’installe, presque essentiellement sur les crêtes, de la Somme et du Pas-de-Calais. C’est dans cette direction que part le 1er Régiment de Cuirassiers, vers Albert, puis Mont-Saint-Eloi et Bouvignies. La guerre de tranchées commence alors. Dans ce contexte, la mission initiale des cuirassiers ne peut plus être remplie. Le régiment de Gaston QUILLET est « décuirassé » le 20 octobre. Dans cette nouvelle forme de guerre, les chevaux seront beaucoup plus souvent utilisés à l’arrière, pour le transport des munitions, des vivres et des blessés, que pour les combats. En deux mois, le 1er Régiment de Cuirassiers a perdu un tiers de ses hommes et près de 300 chevaux.
Le 4 novembre, malgré une « très belle conduite au feu », Gaston est blessé. Evacué et transporté à l’hôpital, il peine à guérir. Les éclats d’obus à la fesse gauche laissent des séquelles face auxquelles la médecine n’a que peu de moyens d’action. La Commission de réforme de la Seine estime, en janvier 1916 que Gaston ne peut plus aller combattre. Il est classé en service auxiliaire pour « cicatrice adhérente fesse gauche ». Puis la même commission, réunie en septembre 1917, le reconnaît inapte définitivement et le renvoie dans ses foyers, à Bonneville.
C’est le 24 octobre 1918, à quelques jours de la signature de l’Armistice, que Gaston QUILLET meurt, dans la ferme de ses parents, à Bonneville.
L’Armée reconnaît immédiatement que Gaston est bien mort des suites de ses blessures et de la maladie qu’elles ont entraînée. Un secours immédiat de 150 francs est envoyé au père de Gaston.
Dérisoire dédommagement pour la perte d’un enfant. Un jeune homme blond, intelligent et courageux, dont l’ambition était simplement de devenir fermier, et vivre heureux, à Bonneville.
L.J. et X.B.
« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme. André MELET a réalisé la collecte de données pour la commune de Bonneville.

Retrouvez d’autres « Victimes de la Première Guerre mondiale – une Somme de vies brisées par 14 18 » Articles « UN JOUR, UN PARCOURS » déjà parus sur notre site
[…] Gaston QUILLET de BONNEVILLE […]
J’aimeJ’aime
[…] Gaston QUILLET de Bonneville […]
J’aimeJ’aime
[…] Gaston QUILLET de BONNEVILLE […]
J’aimeJ’aime