Victimes de la Première Guerre mondiale – une Somme de vies brisées par 14 18.
Né le 6 juillet 1892, François CARNEAU a vu le jour dans le hameau de Saint-Nicolas-des-Essarts.
A Buigny-Saint-Maclou, près d’Abbeville, dans la Somme, à la fin du XIXe siècle, une grande ferme constitue la presque totalité du hameau de Saint-Nicolas-des-Essarts. A proximité de la route qui relie Boulogne-sur-Mer à Abbeville, et à quelques centaines de mètres du village, le hameau de Saint-Nicolas est constitué de la ferme de Paul Oger, avec son habitation, et de 4 maisons. C’est dans l’une d’elles que voit le jour François CARNEAU.
Tous les habitants du hameau, en âge de travailler, sont employés à la ferme de Saint-Nicolas.
En plus de Monsieur Oger, de sa femme, une Belge, et de leurs trois enfants, il y a toujours au moins 6 ou 7 domestiques qui vivent à la ferme, profitant du gîte et du couvert – prestation retenue sur leurs maigres émoluments. Dans les quatre maisons à proximité de la ferme, on trouve les Mocomble, les Sauvage, les Hordel et les CARNEAU, la famille de François.
Toutes ces familles sont venues s’installer ici pour gagner de quoi vivre dignement. Les Mocomble viennent de Forest-Montiers, près de Crécy. Les Sauvage de Cahon, village voisin. Les Hordel, de Huppy, près de Oisemont, et Jean-Baptiste CARNEAU, le père de François, est originaire de Cappelle, dans le Nord.
Quand on vient s’installer à Saint-Nicolas, on sait qu’il y aura toujours du travail pour tous les membres de la famille. Jean-Baptiste et Juliette ont sept enfants, tous nés dans la maison de Saint-Nicolas, et qui tous, dès qu’ils ont douze ans, sont embauchés à la ferme Oger. L’aîné se prénomme Léopold, puis vient François, en 1892, suivi de Louis, Jules, Emile, Olga et Marcel. Le frère de Juliette est hébergé par la famille. Lui aussi travaille à la ferme.
Si Léopold parvient, en tant que soutien de famille, à ne pas partir au service militaire, il n’en est pas de même pour François. Convoqué par le Conseil de Révision de Nouvion-en-Ponthieu, le chef-lieu de canton, il est affecté au 128e Régiment d’Infanterie d’Abbeville. La proximité du lieu de casernement, dans la proche agglomération située dans la vallée, au pied du plateau où se trouve la ferme, est une aubaine. François pourra revenir régulièrement pour aider aux travaux des champs.
Mais hélas, quand la guerre est déclarée, début août 1914, le régiment doit quitter la caserne Courbet d’Abbeville, pour se rendre dans le département de la Meuse, près de la frontière belge.
Les premiers combats se déroulent, le 22 août, à proximité de Virton. Après la défaite de la Bataille des Frontières, l’Armée française se replie sur la Marne. Le 128e perd beaucoup d’hommes pendant la Bataille de la Marne, début septembre. Commence ensuite la guerre de position, pour le 128e, dans les tranchées d’Argonne ou des Hauts de Meuse. François change à plusieurs reprises de régiment. Il passe au 402e RI, puis au 111e et enfin au 321e RI. François a perdu de vue tous ses copains d’Abbeville qui effectuaient le service militaire avec lui. Beaucoup sont morts ou ont été évacués, et les survivants ont souvent été répartis dans d’autres régiments.
Quatre années d’horreur desquelles François s’en est plutôt bien sorti. Blessé une seule fois en quatre ans, François a pourtant vu la mort de près. Victime de commotion cérébrale par éboulement en juillet 1915, il a été éloigné pendant deux mois des zones de combat avant d’être envoyé à nouveau au front. La blessure était plus psychologique que physique.
Au moment où l’offensive finale est déclenchée, en Picardie, pour repousser définitivement l’Armée allemande, c’est alors qu’une balle vient mettre un terme à la courte vie de François. Une vie de labeur et de guerre… Le 16 août 1918, François CARNEAU est tué à Tilloloy.
Ironie du sort, son frère cadet, Louis, mobilisé en avril 1915 seulement en raison de son jeune âge, est également tué dans la Somme, à Sauvillers-Mongival, quelques jours avant François. Louis avait été affecté au 87e Régiment d’Infanterie, et comme Louis, il avait connu tous les champs de bataille de la Marne, de l’Argonne, de Verdun, de l’Aisne… avant de venir s’écrouler, sans vie, sur la terre de Somme.
François avait 26 ans et Louis en avait 22 quand la mort les a frappés.
Le plus jeune frère mobilisable, Jules, est revenu vivant.
Après la guerre, la ferme Oger a continué son activité. Avec ses domestiques et « ses » 4 familles. La famille Mocomble s’était agrandie, et deux familles venant d’Abbeville et de Villers-sur-Authie avaient remplacé les Sauvage et les Hordel, remplacées elles-même ensuite par des familles polonaises. La famille Carneau était toujours présente et a travaillé de longues années encore pour Monsieur Oger.
Jean-Baptiste et Juliette, les parents, étant pour toujours ouvriers agricoles de la Ferme de Saint-Nicolas, comme l’étaient devenus leurs enfants, Léopold, Jules, Emile, Olga et Marcel.
Comme l’auraient été François et Louis CARNEAU.
L.J. et X.B.
« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme. Jean DELHAYE a réalisé la collecte de données pour la commune de Buigny-Saint-Maclou.
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