21 août 1914 : la marche en avant

Une compagnie de Wurtembergeois envahit le marché de Virton et arrache le drapeau national du clocher. Mais vers le soir, des coups de feu éclatent. Les Allemands se retirent a toutes jambes vers les bois de Latour. Les Français sont entrés dans la ville. La population se croit sauvée.

Cette scène à laquelle sont confrontés les habitants de Virton,  est représentative des affrontements qui vont se dérouler pendant toute la journée du 21 août dans le sud de la Province de Luxembourg.

A l’arrivée des Français, les Allemands s’en vont. Souvent sans combattre. Des deux côtés, on sent que les vrais combats ne commenceront pas aujourd’hui, 21 août. Et que les armées ne sont pas encore en position pour livrer la Bataille des Ardennes.

Entre Signeulx et Baranzy, à Mussy-la-Ville, à Bleid, la pointe d’avant-garde française se heurte à certains bataillons allemands. Vers 3 heures d’après-midi, des soldats français prennent pied dans certains villages frontaliers : Gomery, Latour-Haut, Pierrard, Belmont, Robelmont… et donc, arrivent dans la ville basse de Virton, pendant que les Allemands restent sur les hauteurs, au niveau de Bellevue.

A 6 heures du matin, quelques timides tirs lancés de Longwy par les Français tentent d’atteindre Halanzy. Les Allemands prennent alors en otage le bourgmestre et le curé, et les exposent sur la place du village, en disant « Si ces boulets sont bons pour nos soldats, ils sont aussi bons pour vous ! ».

A Torgny, premier village en Belgique par la route de Montmédy, un accrochage se produit, dans les hauteurs du village, entre une mission de reconnaissance du 8e bataillon de chasseurs à pied et des Allemands qui sont postés en lisière de bois. Deux Français sont tués, dont André Bully, originaire de Laleu, dans la Somme. Il est le 1er mort du 18e BCP.

Le 20 août, à 20h30, le Grand Quartier Général avait envoyé les ordres suivants aux commandants des 3e et 4e Armée françaises.

« La 3e armée commencera, dès demain 21 août, son mouvement offensif en direction générale d’Arlon. La route Jametz, Bazeilles, Ecouvies, Virton incluse est la limite de la 3e armée à l’Ouest ».

La mission de la 3e armée est avant-tout de contre-attaquer toute force ennemie qui « chercherait à gagner le flanc droit de la 4e armée ».

Car c’est à bien à la 4e armée du Général Langle de Cary que repose la réussite du plan élaboré par Joffre quelques heures plus tôt.

Le 20 août, le général Joffre, commandant en chef des opérations, ne sait pas exactement dans quelle direction marchent les troupes allemandes. Les renseignements fournis par l’aviation, la cavalerie de reconnaissance, les prisonniers et l’espionnage lui permettent d’établir qu’une armée allemande se dirige vers l’Entre-Sambre-et-Meuse et une autre vers la Lorraine. Joffre en déduit que le point faible du front allemand se trouve entre les deux. Il décide d’attaquer au centre, à travers les Ardennes belges. Et c’est la 4e armée qui va être chargée d’opérer cette percée

Le 20 au soir, Joffre écrit à Langle de Cary : « Je vous autorise à porter, dès cette nuit, de fortes avant-gardes de toutes armes sur la ligne générale Bièvre, Paliseul, Bertrix, Straimont, Tintigny, pour assurer les déboutés de votre armée au-delà de la Semoy ». Langle de Cary attendait cette autorisation depuis le 16. Il est persuadé que les Allemands sont encore sur la rive droite de la Semois.

Le 21 août, des centaines de milliers de soldats français avancent à pied, à la queue leu leu, en direction de la frontière et des premières communes belges.

Le 2e corps d’armée, de la région d’Amiens, a comme objectif d’atteindre Bellefontaine, et le corps colonial qui intervient directement sur sa gauche doit rallier Saint-Vincent, avant, pour l’un comme pour l’autre, de franchir la Semois et de pourchasser les Allemands, en créant une brèche dans le dispositif allemand. Les soldats sont loin de tous ces aspects stratégiques. Le 21, ils marchent. Aucun repos n’est accordé aux troupes pendant toute la journée. Sous un soleil de plomb, dans une atmosphère orageuse, avec leur armement et leur sac à dos de 30kg, ils marchent. Les petites routes de Meuse ne sont pas assez larges pour que ces masses d’hommes s’écoulent rapidement. Les retards s’accumulent, et les lieux de repos, le soir, ne seront pas forcément ceux envisagés par l’Etat-major. Les Français n’ont pas atteint leurs objectifs, et ils devront continuer à marcher demain matin. Marcher et marcher encore. 

francais

Sur les fronts de Sambre, vers Charleroi et Mons, le commandement français s’attendait à des offensives allemandes limitées. Un calcul basé sur la certitude qu’un déferlement des troupes allemandes sur la Belgique laisserait le front Est dégarni, ouvrant la voie à une invasion russe. La déconvenue est de taille.

Le 21 août, les Britanniques terminent leur concentration dans le Nord de la France. La 5e armée est donc seule en pointe. Les hommes ont également beaucoup marché .En cinq jours, ceux des 3e et 10e corps ont effectué plus de 120 km de marche. Quand l’armée française arrive sur les bords de la Sambre, les Allemands sont déjà là. Les avant-gardes s’attaquent mutuellement, progressivement renforcées par les troupes qui arrivent dans les deux camps. Les Français sont chassés de la vallée le soir du 21 août. La Bataille de Sambre et Meuse n’a pas encore vraiment débutée non plus, comme dans les Ardennes.

L’atmosphère est orageuse. La nuit sera courte et certainement peu reposante. Que sera demain ?

A midi, il y a eu une éclipse totale du soleil. 2mn14s d’obscurité ! Et hier, le pape Pie X est mort.  Est-ce un mauvais présage ?

 

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