Georges MONNIER  d’Epehy

Né le 17 aout 1891 à Epehy, il est déclaré par son père Jules, alors valet de charrue de 30 ans, sa mère se nomme Anna LECLERE, journalière, elle est âgée de 29 ans.  A Epehy, il y a environ 1900 habitants en cette fin de XXème siècle, le canton de Roisel est le plus à Est du département et  la commune a son territoire en limite avec les départements du Nord et de l’Aisne. Epehy est situé au croisement de deux lignes de chemin de fer, ce qui a contribué à son développement et à celui de la sucrerie de Sainte Emilie. En 1891 il y a 47 naissances à Epehy, sur les 18 garçons, seulement 12 arriveront à l’âge du conseil de révision. Les parents de Georges sont d’Epehy, ils ont grandi pas loin l’un de l’autre et naturellement se sont rapprochés, leur mariage est acté en novembre 1884, un premier garçon Nestor naît dès février 1885, Georges en 1891 et André en février 1900. A Epehy, il y a un hospice dirigé par une mère supérieure et deux sœurs. Le bureau de poste est tenu par la receveuse Lucie ELOY. Le prêtre Alphonse CHOQUET officie à l’église et baptise les enfants. Il y a plusieurs instituteurs au village, Lucie JOFFES, Julienne COTTINET  et Julien MATTE. Georges est un bon élève, il suit attentivement les cours de son instituteur, ceci se verra au conseil de révision car il est noté avec un bon  degré d’instruction. A ses 20 ans, Jules, son père, est facteur des Postes ; Georges, cordonnier comme son frère Nestor, passe au conseil de révision de Péronne en 1911.

Un atelier de cordonnier

Matricule 790, brun aux yeux marrons, il mesure 1.71m, il arrive le 8 octobre 1912 au 72ème RI, mais au vu de son bon niveau d’étude, il passe rapidement à la 2ème section de secrétariat le 3 décembre 1912. Il est nommé « commis » affecté aux tâches bureaucratiques. La guerre est déclarée, alors qu’il est toujours sous les drapeaux, il suit le 2ème corps d’armée dans ses différentes batailles.

Le 6 avril 1915, après les nombreuses pertes du début de la guerre, tous les hommes doivent aller combattre en première ligne. Georges passe alors au 65ème RI, le régiment stationné à Nantes en août 14 est composé pour une grande partie de bretons et de vendéens et commandé par le colonel DESGREES DU LOU. Le régiment prend part à l’offensive d’Artois du printemps 1915 et gagne sa première citation à l’ordre de l’armée. En juillet, le régiment est relevé par les anglais, les régiments français se déplacent vers l’Est et le 65ème part vers la Champagne. Le 25 septembre 1915, c’est la seconde bataille de la Marne, lors d’une attaque dans le secteur de Mesnil-les-Hurlus, le colonel qui participe à l’assaut en tenant le drapeau du  régiment est frappé à mort par les mitrailleuses ennemies. Là une du journal l’Illustration lui rendra hommage le 20 novembre 1915

Le colonel sera enterré par les Allemands, avec les honneurs de la guerre, le 29 septembre mais sa tombe n’a jamais été retrouvée. Il est remplacé par le lieutenant-colonel DE VIAL. Georges Monnier participe encore à de nombreux assauts comme le Trapèze et la Courtine en Champagne courant octobre avant d’être blessé très grièvement. Il reçoit une distinction : « sujet méritant d’un dévouement à toute épreuve, très grièvement blessé le 31 octobre, a dû être amputé de la jambe droite, mais décède le 16  novembre suite à des complications à l’hôpital de Croix en Champagne (Marne) ». Sur le journal officiel du 14 décembre 1915, Il est décoré à titre posthume de la médaille militaire et de la croix de guerre.

Trois copains de l’âge de Georges sont au 120ème RI de Péronne, le premier Léon DOTIGNY est tué le 22 aout 1914 à Bellefontaine en Belgique et le deuxième Louis CARRE blessé, décède  de ses blessures à l’ambulance de Sainte Ménéhould le 10 octobre suivant. Ernest DESAILLY, engagé volontaire au 1er régiment de Zouaves sera tué en aout 1918 aux combats de l’Ailette (Aisne).

En 1921, Epehy n’a plus qu’un millier d’habitants, le village a été détruit par les bombardements, et surtout quand les Allemands ont reculé en pratiquant la politique de la terre brûlée en détruisant tout ce qu’ils pouvaient.  Maisons détruites, arbres coupés, les populations des villages ont été regroupées puis déportées vers l’arrière du front.  La commune recevra la croix de guerre en octobre 1920. Epehy a été occupé dès le 27 aout 1914 et ce jusqu’en mars 1917.

En revenant à Epehy, les habitants ont reconstruit sur les ruines. En 1931, les parents de Georges habitent dans la grande rue, Jules, le père, y est encore présent en 1936. Sur le monument aux morts d’Epehy, 4 soldats ont pour nom Monnier, (avec un ou deux N), tous sont « cousins », mais orthographiés différemment suivant les actes.

Sur ce monument aux morts, il y a 64 d’hommes qui sont tombés pendant la guerre 14-18. Granger Ernest et Colet Lucien les plus jeunes avaient 19 ans et Georges Gustave le plus vieux 43 ans. 24 étaient tombés dans les 5 premiers mois de guerre.  Parmi les 4 Monier (ou Monnier) : Florimond et Ernest du 150ème RI sont tombés près de Verdun en1914 et Henri est mort de maladie le 4 octobre 1918 en Salonique (Grèce), il repose au cimetière militaire de Zeitenlik.

Didier Bourry – Lionel Joly

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