
Anatole Désiré CARPENTIER est né le 7 janvier 1895 à Amiens, rue Barbier.
Son père, Sosthène CARPENTIER, successivement ouvrier charpentier, teinturier puis garçon de magasin chez un marchand de toiles, est originaire de Frémontiers (Somme) où il est né en 1864, et sa mère, Annette DANTEN, culottière, est de Condé-Folie où elle a vu le jour en 1871.

Sosthène et Annette se sont mariés le 28 novembre 1891 à Amiens.
Anatole n’aura qu’un jeune frère, Paul, né le 6 novembre 1897.
Quelques années après la naissance de leurs deux fils, la famille CARPENTIER habitera au 19 rue d’Elbeuf, rue située dans le quartier Sud-Ouest de la capitale picarde,
Anatole, grand jeune homme de 1m76 aux cheveux châtains et aux yeux bleus, a un niveau d’instruction qui lui permet d’être employé de bureau dans une Association d’ingénieurs.
Comme tous les jeunes nés en 1895, il part à l’armée alors qu’il n’a pas encore vingt ans. Il est incorporé, le 16 décembre 1914 au 8ème Régiment d’Infanterie, caserne de La Barreà Saint-Omer (Pas de Calais) avant le conflit.

Parti aux armées le 2 avril 1915, après sa formation militaire, Anatole passe 1ère classe le 10 mars 1916 et atteindra le grade de caporal en avril 1918.
Fin mai 1918, après avoir chassé l’ennemi du Chemin des Dames, une nouvelle attaque a lieu en forêt de Villers-Cotterêts (Aisne), le 8ème Régiment d’Infanterie est alors chargé de la contrer.
A partir du 6 juin, le régiment rejoint La Ferté-Milon (Aisne).
Au lieu-dit Saint-Waast, un faubourg cette ville, le 29 juin 1918, il y a 107 ans, Anatole perd la vie, il avait 23 ans.

Anatole a reçu une citation à l’ordre du régiment pour avoir accompli une périlleuse mission de liaison en février 1916. Il est décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze.
L’acte de décès sera transmis à Amiens le 6 mai 1919.
Son jeune frère, Paul, également un grand jeune homme de 1m78, blond aux yeux châtains, est incorporé en septembre 1917 après avoir été ajourné en 1916 pour adhérence pleurale. Il est classé service auxiliaire, mais déclaré apte à faire campagne il sera affecté au 20ème Escadron du Train le 1er novembre 1917, il part aux combats le 4 novembre de la même année.
Paul atteindra le grade de brigadier en mai 1919.
Démobilisé en septembre 1919, il reste vivre à Amiens et fait sa carrière en tant qu’employé de banque, puis comptable au Crédit Lyonnais.
Paul se marie en 1929 avec Germaine DELAPORTE. Il décèdera en 1964 à Amiens.
Des deux fils de Sosthène et Annette, seul Paul reviendra et avec quels douloureux souvenirs et savait-il que son frère était disparu !

Près de la rue d’Elbeuf, au 28 rue Liénard Lesecq dans ce quartier Sud-Ouest d’Amiens, habite Albert Gaston JOLY. Il est né à Amiens, le 6 novembre 1895, la même année qu’Anatole,
Albert a perdu sa maman, Valentine CAHON, en 1903, il n’était alors qu’un enfant.
En 1906, il habite chez son père, Oscar, entrepreneur en maçonnerie, originaire de Longueau, où il est né en 1858, avec son grand frère de dix ans plus âgé, Robert, qui est maçon dans l’entreprise paternelle.
Leur père, Oscar, décèdera en 1910 à Amiens. Albert résidera avec son frère, rue de Cachy, pendant quelques années.
Exerçant la profession de mécanicien auto, il est incorporé en décembre 1914, à tout juste dix-neuf ans, comme Anatole. Les cheveux noirs, les yeux bleus, il mesure 1m67.
Affecté au 87ème Régiment d’Infanterie de Saint-Quentin il part aux armées, après sa formation militaire, le 2 avril 1915.
A peine trois mois plus tard, il est tué à l’ennemi le 29 juin 1915, il y a 110 ans, dans la tranchée de Calonne dans la Meuse.
Albert n’avait pas 20 ans.

Son grand frère, Robert, qui avait effectué son service militaire d’octobre 1906 à septembre 1908, au 17ème Régiment d’Artillerie, est mobilisé le 3 aout 1914. Dès décembre de la même année, et jusqu’en février 1917, il fait plusieurs séjours en hôpital pour problèmes pulmonaires et cardiaques.
A partir de février 1917, il est affecté dans différents régiments d’Escadrons du Train.

Quand il est démobilisé en mars 1919, il reprend son activité d’entrepreneur en bâtiment à Amiens. Dans les années 30, plusieurs commissions de réforme d’Amiens lui accorderont une pension de 40%.
Robert s’était marié à Amiens le 16 novembre 1909 avec Marie LAIGLE, il décède à Amiens en 1966.
Dans la rue Liénard Lesecq, il y a beaucoup de jeunes hommes en âge de partir à la guerre. Notamment, Edouard NIBART, et Arthur PALIN, guère plus âgés qu’Albert Joly, puisque nés en 1894. A n’en pas douter, ces garçons ont grandi ensemble.
En 1914, Edouard NIBART, imprimeur de profession, vit alors route de Paris, toujours dans le quartier Sud-Ouest d’Amiens. En 1914 il est exempté pour cachexie, affaiblissement extrême. Mais en février 1915, il est reconnu apte au service auxiliaire. En janvier 1918, il part pour l’armée d’Orient où il sera victime du paludisme et en gardera des séquelles.

Quand il est démobilisé en aout 1919, il retourne route de Paris, puis il part en région parisienne d’où étaient originaires ses parents. Il se marie en 1920 à Montrouge (Hauts-de-Seine), devient père de sept enfants et décède en 1956 à Sartrouville (Yvelines).
Arthur PALIN, qui a perdu son père alors qu’il n’avait pas encore deux ans et dont la mère est couturière, s’est engagé dès 1912 pour 3 ans au 43ème Régiment d’Infanterie de Lille. Réformé temporairement en janvier 1915 pour arthrite, il est reclassé en service armé en novembre 1915 au 72ème Régiment d’Infanterie. Il est nommé caporal en 1916.
Gazé en octobre 1917 à la Ferme de Rochefort à Ostel (Aisne) et en mars 1918 au Mont-Sans-Nom en Champagne, il est blessé au bras droit par éclats d’obus, en juillet 1918 à Villemontoire (Aisne). Arthur est cité à l’ordre du régiment pour avoir courageusement fait son devoir.
Il restera handicapé du bras et de la main droite.

Quand il est démobilisé en février 1919, il retourne dans les environs de Lille. Même s’il revient à Amiens en 1920, il n’y reste pas. Il s’installe à Rouvroy (Pas-de-Calais). Marié et père de trois enfants, il travaille ensuite pour la Compagnie des mines de Courrières. La commission de réforme d’Amiens lui alloue une pension de 60% en 1923.
Les noms d’Anatole CARPENTIER et d’Albert JOLY sont inscrits sur le Monument aux Morts d’Amiens.
Anatole figure également sur le monument du cimetière et sur une plaque commémorative de l’église du Petit-Saint-Jean, ainsi que sur la plaque commémorative de l’école Saint-Roch.
Albert repose dans le carré des « corps reconstitués » du cimetière ancien de Saint-Acheul.


Danièle REMY – Anick BARDET – Lionel JOLY
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