
Paul PRÉVOST, cultivateur, âgé de 24 ans, né le 17 novembre 1864 à Le Hamel, commune de Ponthoile, épouse le 30 janvier 1889 Victorine MACQREST, sans profession, âgée de 20 ans, née à Arry le 9 juillet 1868 où elle réside avec sa mère, et où Joseph HARENT officie comme maire.
Ponthoile est un petit village de plus de 700 habitants dans le Ponthieu maritime avec plusieurs hameaux dont Le Hamel (ou Le Hamelet), à l’ouest du centre bourg, proche du Crotoy et de Rue.
Les parents Paul et Victorine se sont installés comme cultivateurs à Arry, et le 5 février 1890, vient au monde leur premier fils Daniel Paul Laurent.
Arry est situé au Nord de Ponthoile, environ 250 arryennes et arryens y habitent en cette fin de XIXème siècle. C’est un village tranquille, traversé par une petite rivière, La Maye, qui va se perdre dans la baie de Somme. En dehors des cultures agricoles traditionnelles, céréales et betteraves, il n’y a pas d’industrie, mais simplement l’extraction de la tourbe qui est utilisée comme combustible dans les foyers des ouvriers et des agriculteurs. Un moulin à vent disparu, comme tant d’autres, vers 1917, agrémentait la vie des habitants.

S’ensuit le 10 juin 1891, la naissance d’Alice Marie Victorine, fille aînée de la fratrie, Victorine, la maman exerce alors le métier de cafetière, épicière.
Le 25 mai 1895, Gaston Jules Clovis, le second fils précède d’une bonne année, la naissance de sa sœur Cécile, le 24 août 1896.
Au recensement de la commune d’Arry, en 1906, Daniel est hébergé chez sa grand-mère maternelle, Laurentine PECQUET, une fermière qui habite au bout de la rue Joseph Harent, du nom du maire du village décédé en février 1891. Les parents résident dans la même rue avec Gaston et Cécile, leurs plus jeunes enfants.
En 1911, dans la rue Joseph HARENT, le père Paul est cafetier en compagnie de son épouse Victorine et sa fille Alice. Les deux frères, Gaston et Daniel, résident toujours chez la grand-mère Laurentine, ils ont repris l’exploitation agricole avec l’aide d’un ouvrier agricole Anatole CARPENTIER
Le 9 octobre 1911, comme tous les jeunes de sa classe, Daniel part effectuer son service militaire au 161ème Régiment d’infanterie, caserne Canrobert de Saint-Mihiel (Meuse).

Le 8 novembre 1913, il est renvoyé dans ses foyers, le certificat de bonne conduite « accordé ».
Rappelé à l’activité par décret de mobilisation générale en date du 1er août 1914, il arrive au corps du 128ème Régiment d’Infanterie, 4ème compagnie, le 3 août 1914.
Le 28 octobre 1914, dans l’enfer du Bois de la Gruerie (Marne), Daniel est « Mort pour la France » des suites de ses blessures de guerre.

Il sera décoré de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre avec Étoile de Bronze à titre posthume, la transcription dans son village natal sera effectuée le 21 juillet 1915.
Le second fils, Gaston, né le 25 mai 1895, il y a 130 ans, est incorporé au 72ème Régiment d’Infanterie, 5ème compagnie, à compter du 16 décembre 1914 et arrive au corps le 18 décembre.
En janvier 1915, le 72ème est en Argonne, dans la région de Vaubécourt, Gaston fait partie des renforts qui arrivent sur place à la fin du mois. Début février, le régiment cantonne à Saint-Mard-sur-Auve (Marne) à l’Ouest de Sainte-Menehould, et prépare une attaque dès le 22 février dans le secteur de Mesnil-les-Hurlus.
Quelques jours plus tard le régiment va se positionner vers Somme-Tourbe (Marne) où les conditions sanitaires laissent à désirer. Début mars c’est une attaque conjointe avec le 128èmequi ne peut être appuyée par l’artillerie en raison de la proximité des lignes ennemies. Le 8 mars, retour à Saint-Mard où l’on dénombre 14 officiers et 450 hommes hors de combat (morts, blessés et disparus). Le 25 mars, le général Joffre passe le régiment en revue et le 28 dans l’après-midi a lieu l’exécution d’un soldat coupable d’abandon de poste face à l’ennemi devant l’ensemble du régiment.
Début avril, le 72ème reprend la route vers l’Est jusqu’au Fort-du-Rozellier au Sud-Est de Verdun, puis direction Riaville (Meuse) où les attaques se poursuivent.
Un repos bien mérité s’impose aux hommes du 72ème qui ont livré bataille depuis une quinzaine de jours au Nord des Eparges.

Au vu de son comportement dans les combats, Gaston est nommé caporal le 11 avril 1915. Blessé par éclats d’obus à la tête et à la cuisse le 29 avril dans les combats des Eparges (Meuse), il est évacué vers l’hôpital temporaire n° 3 de Montpellier dans l’Hérault: un lycée transformé en hôpital militaire qui pouvait accueillir entre 100 et 255 personnes.

Gaston y décède 13 mai 1915, suite à une méningite cérébro-spinale consécutive à ses blessures de guerre. Il sera promu, à titre posthume, sergent le 1er octobre 1915. Un secours de 150 Frs sera accordé à son père le 6 octobre 1916 soit plus d’un an après son décès
La guerre a tué en 14 mois les deux fils de la ferme Prévost d’Arry, Daniel avait 24 ans et Gaston allait avoir 20 ans.

En 1921, les parents, Paul et Victorine, toujours à la même adresse à Arry, ont repris leur métier de cultivateurs, à la place de leurs deux fils tombés au champ d’honneur, en hébergeant leur mère respective, Clara PRÉVOST et Laurentine MACQREST toutes deux veuves.
Avec la perte de leurs deux fils, les liens familiaux se sont resserrés, leurs filles ne se sont pas éloignées :
Cécile s’était mariée à Arry le 21 octobre 1919 à Georges CARPENTIER, cultivateur à Machy, où ils se sont établis.
Le 27 janvier 1920 à Arry, Alice a épousé Arthur MANIER, cultivateur de Saint-Firmin-lès-Crotoy, où ils ont vécu. Machy et Saint-Firmin sont deux communes très proches d’Arry.
Les noms des deux frères PRÉVOST sont inscrits sur le Monument aux Morts de la commune d’Arry, érigé sur le parvis de l’église Saint-Quentin.


Danièle REMY – Philippe DEGROOTE – Lionel JOLY
Bonjour, je possède une photo des frères Prévost, vous pouvez me contacter laurentsoyer@yahoo.fr merci.
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