
Lucien LEMOINE est né le 21 avril 1889 à Corbie.
Son père Gustave, corbéen aussi, est âgé de 27 ans ; il est tricotier. Sa mère, Valentine AUBRESPY est née en 1866 à Paris dans le 4e arrondissement. Elle est ouvrière de fabrique. Ils se sont mariés le 21 août 1888 devant Léon Curé, le maire de Corbie. Lors de leur mariage, Gustave LEMOINE reconnaît comme son fils Milfort AUBRESPY né à Corbie le 19 septembre 1885.
La famille LEMOINE habite en 1906 au 25 rue du Calvaire à Etampes, un quartier de Corbie.

Gustave, le père de famille, est domestique. Les trois premiers garçons, dont Lucien, sont alors ouvriers de fabrique. Suivent trois sœurs et trois frères nés entre 1893 et 1902.
Lucien est ouvrier d’usine lorsqu’il se marie le 25 juin 1910 à Fouilloy, avec Georgette ROUARD originaire de ce bourg. Elle est âgée de 18 ans, Lucien vient d’avoir 21 ans. Lors de leur mariage Lucien reconnait, le fils de Georgette, prénommé Lucien comme son père, né en 1907 à Fouilloy.

Lorsque son mari est au service militaire, Georgette est ouvrière de filature chez Paul Masse. Elle habite avec leur fils au 19 rue Baillet à Fouilloy.

Dans le même temps, les frères et sœurs LEMOINE habitent encore avec leurs parents, au quartier d’Etampes à Corbie, rue Parmentier (aujourd’hui rue Albert Wamain).
Gustave et Valentine ont toujours avec eux leurs huit enfants d’après le recensement de 1911.
Emile, né en 1891, est alors le plus âgé de la fratrie présent au domicile des parents.
Milfort et Lucien ont quitté le cocon familial. Milfort habite au 19 rue Sainte Colette à Corbie où il est cordonnier. Il s’est marié le 22 avril 1909 à Corbie avec Gabrielle GARANDAIT née à Villers-Bretonneux en 1886. Lucien, marié, est au service militaire.

Au conseil de révision de Corbie, Lucien LEMOINE est reconnu apte pour le service militaire. Les cheveux châtains et les yeux de couleur marron, il mesure 1 mètre 56. Ses avant-bras sont tous deux tatoués.
Déclaré soutien de famille, il incorpore le 72e Régiment d’Infanterie le 5 octobre 1910. Il est mis en congé le 25 septembre 1912 et obtient son certificat de bonne conduite.
Avant de partir à la guerre, Lucien LEMOINE était ouvrier-tanneur ; il résidait avec son épouse et leur fils, rue Baillet à Fouilloy.
Rappelé le 3 août 1914, à la mobilisation générale, il se retrouve « aux armées » au 72e, dès le 5 août.
Il disparait le 8 septembre 1914 lors des combats de Maurupt-le-Montois dans la Marne. Lucien est « présumé tué ».
Le 31 juillet 1920, le tribunal d’Amiens fixe officiellement son décès au 8 septembre 1914 à l’âge de 25 ans.
Il repose à la Nécropole Nationale de Pargny-sur-Saulx (Marne) à proximité de Maurupt-le-Montois. Cette Nécropole regroupe les dépouilles de 284 soldats français morts au cours de la Première Bataille de la Marne.

Trois de ses frères ont été meurtris aussi par la Grande Guerre.
Milfort, né en 1885, est blessé à Souchez dans le Pas-de-Calais le 8 juillet 1915 par schrapnells au bras gauche. Il est alors au 109e Régiment d’Infanterie. En congé illimité le 25 mars 1919, il est dégagé de toute obligation militaire le 15 octobre 1935. Il décèdera à Dourges (Pas-de-Calais) en 1946.
Emile, né en 1891, est incorporé au 128e Régiment d’Infanterie le 8 octobre 1912, il sera soldat-musicien de 2ème classe en novembre 1913. Blessé le 23 avril 1917 à Craonne dans l’Aisne, il revient au dépôt en septembre, et sera nommé caporal le 1er juin 1918. Son bras droit ayant été atteint par éclat d’obus, il obtient le 20 avril 1938 une pension définitive à 20% pour suite de blessure de guerre. Emile décède à Corbie en 1937.
Louis, né le 11 mai 1898, est au 128eme en 1918. Il prend part à la seconde bataille de la Marne qui touche aussi l’Aisne entre Fère-en-Tardenois et Hartennes.
Il est tué à l’ennemi le 1er août 1918 devant Cramaille (Aisne).
A 4 km à l’ouest de Cramaille, en juillet 1935, un monument en hommage aux victimes de cette seconde bataille de la Marne, est inauguré par le Président de la République, Albert Lebrun, sur la butte de Chalmont. Celle-ci dépend de la commune d’Oulchy-le-Château dans le département de l’Aisne.
Le monument, composé de trois ensembles, a été réalisé par Paul Landowski, sculpteur de renom.
Une sculpture, érigée en haut de la butte, s’intitule « Les Fantômes », elle symbolise sept soldats, incarnant chacun une arme, entourant et protégeant le huitième, un jeune martyr…

Que sont devenus la veuve et le fils de Lucien LEMOINE tombé en septembre 1914 ?
Georgette, née ROUARD, s’est remariée le 25 juin 1921 à Fouilloy avec André MARTIN, bonnetier chez Truquin.
Lucien fils, né en 1907, habite avec eux au 13 rue Hippolyte Noiret dans la localité. Comme son beau-père il est aussi bonnetier chez Truquin. René MARTIN, le demi-frère de Lucien, naît en 1926.
En 1931, Lucien fils est recensé à La Barette sur la commune de Corbie. Il est toujours bonnetier chez Truquin. Il a épousé Julia native de Dompierre-Becquincourt (Somme). De cette union sont nés deux enfants : Liliane en 1929 et Marcel en 1930.
Le nom de Lucien LEMOINE est inscrit sur Le Monument aux Morts de Fouilloy. Il venait d’avoir 20 ans.
Le nom de Louis LEMOINE est inscrit sur le Monument aux Morts de Corbie. Il venait d’avoir 25 ans.


Danièle REMY – Jean DELHAYE – Lionel JOLY
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