L’association « De la Somme à Bellefontaine » a organisé ce jeudi 9 novembre 2023 une journée de sensibilisation sur la Grande Guerre à l’école primaire d’Arvillers, dans l’Est de la Somme.

L’objectif était de faire prendre conscience aux élèves de CM1 et CM2 de la notion de « victime de guerre ». Au-delà de ceux dont le nom est inscrit sur un monument, il ne faut pas oublier que les épouses, les parents, les enfants, tout comme les rescapés des combats, sont aussi des victimes.

Les enfants se sont immergés dans la vie du village au début du XIXe siècle. A l’époque, Arvillers comptait 897 habitants. Les usines de bonneterie et les ateliers de filature du village employaient plusieurs dizaines d’hommes et de femmes. Dans la commune, il y avait une trentaine de fermes et presque autant de débits de boissons ! A travers les listes des professions du village, les enfants ont pu découvrir les métiers de fileur, de tisseur, de bourrelier, de maréchal-ferrant, de charron, de ferblantier, de chaufournier…

Ils ont aussi appris qu’Arvillers disposait d’une fabrique de sucre et d’une gare sur la ligne de chemin de fer Albert-Montdidier. En 1900, dans la commune, il y avait un médecin, un pharmacien, un boucher, deux boulangers, deux instituteurs , un cantonnier, un garde-champêtre, un facteur et un curé desservant. Des parcours de vie de jeunes garçons du village qui avaient près de 20 ans quand la guerre a été déclarée, en août 1914, ont été racontés aux élèves.
Des images sur les destructions des habitations et monuments publics d’Arvillers en 1918 ont également été présentés aux enfants de la classe.

Aucun des élèves ne connaissait Clodomir MARMINIA, dont le nom est inscrit pourtant depuis plus d’un siècle sur le monument d’Arvillers. Ils savent maintenant que son père était le garde-champêtre du village, emploi qu’il a occupé jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Que Clodomir était le seul garçon de la fratrie et que sa soeur Marie travaillait comme bonne dans le seul hôtel de la commune. Les élèves savent aussi maintenant que les morts n’ont pas pris fin avec la signature de l’Armistice. Clodomir, gazé en novembre 1917 près de Verdun, est mort à l’hôpital en décembre 1918, un mois après la fin de la guerre.

Aucun d’entre eux n’avaient remarqué que sur le monument aux morts du village figurait à cinq reprises le patronyme de JEROME. Parmi eux, trois étaient frères. La dramatique histoire de la fratrie JEROME a été présentée aux enfants.

Aucun d’entre eux ne savaient qu’il y avait un lien très étroit entre 3 hommes dont le nom figure sur le monument d’Arvillers : Oscar CENSIER, Charles BOTTI et Jules POINTAIN. Tous trois avaient 37 ans quand la guerre a été déclaré, en août 1914. Ils avaient vécu toute leur jeunesse ensemble dans le village, depuis l’école jusqu’à l’âge adulte. Mobilisés dans le même régiment d’infanterie, ils succombent tous les trois le même jour, le 3 octobre 1914, sur le même champ de bataille dans le Pas-de-Calais. Dramatique coïncidence s’il en est !
Loin de n’atteindre que les soldats, la guerre tue aussi les civils. Le plus jeune mort cité sur le monument est une fille. Simone JEROME n’avait que 3 ans quand des tirs d’artillerie allemande l’ont atteinte. C’était le 7 décembre 1914 dans la rue Saint-Germain. Le village d’Arvillers n’était pas encore évacué.

Une visite au cimetière communal a permis de localiser les tombes des soldats Morts pour la France, qu’ils soient originaires du village ou qu’ils aient été tués à proximité. Les enfants ont déposé des bleuets en signe d’hommage pour chaque victime. Un moment particulier a été consacré à Clotaire DOBEL, mort dans une prison en Algérie le 9 mai 1919. Son corps repose au cimetière d’Arvillers.

Intervention réalisée par Xavier BECQUET, président de l’association « De la Somme à Bellefontaine »
Merci à Thomas DEBUIRE et Annick DUBOIS pour leur investissement dans la préparation de cette journée mémorielle.
Merci à Michèle STOCKLIN-BECQUET pour les photos et merci à Lionel JOLY et Danièle REMY pour leur contribution aux recherches préalables.

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