Un peu partout en France, les cérémonies commémoratives du 11 novembre de l’année 2014 avaient attiré beaucoup de monde autour des monuments aux morts, notamment beaucoup d’enfants. Nous commémorions le centenaire du début de la Grande Guerre. L’Education nationale avait intégré cette manifestation dans les programmes pédagogiques et de nombreux établissements scolaires étaient associés aux cérémonies.
Jusqu’en 2018, les actions menées localement, ça et là, pour entretenir la flamme du souvenir ont permis de maintenir une forme de dynamique autour du souvenir de la Grande Guerre. Puis est arrivée la crise sanitaire et son lot d’annulation ou de restrictions dans les rassemblements.
Aujourd’hui, la question peut se poser : est-il encore utile aujourd’hui d’organiser des commémorations dans les communes pour rendre hommage à ceux qui ont perdu la vie il y a plus d’un siècle ?
Assurément oui. Mais encore faut-il donner du sens à ces rassemblements pour qu’ils touchent la population d’une façon intergénérationnelle.
Dans le territoire de Somme où est née notre association, la Grande Guerre est inscrite dans l’ADN de chacune des familles qui y vit depuis plusieurs générations. Chaque famille de la Somme a été touchée par la Première Guerre mondiale.
Le territoire du département situé à l’Est d’Amiens a été façonné par la Grande Guerre et la reconstruction qui s’en est suivie. Toutes les communes de l’Est de la Somme comme Albert, Roisel, Péronne, Roye, Montdidier, Ham, Moreuil et la plupart des villages ont été détruits totalement ou partiellement. La reconstruction s’est poursuivie quelquefois jusqu’au milieu des années 1930. Ces populations qui avaient subi les horreurs de la guerre ont dû attendre longtemps avant de retrouver une vie presque normale.
Dans l’Est de la Somme, il n’y a quasiment plus de traces du patrimoine bâti de l’Ancien Régime, si ce n’est à l’état de ruines. Dans ce secteur, l’histoire des siècles précédents a été effacée par les combats de la Bataille de la Somme en 1916 et par ceux du printemps et de l’été 1918. De nombreux villages ont été aussi complétement anéantis pendant la retraite de l’Armée allemande laquelle, avant de se replier sur la ligne Hindenburg, a tout détruit et tout brûlé sur son passage, coupant même les arbres fruitiers et polluant les puits.
La petite commune de Ginchy, dans l’ancien arrondissement de Combles, est au cœur de ce territoire de souvenir et de douleur humaine. Notre association a choisi de répondre favorablement à l’invitation du maire, Jean-Marc DELMOTTE. A l’occasion de la cérémonie du 11 novembre, nous avons raconté plusieurs parcours de jeunes hommes qui ont combattu pendant la Grande Guerre. L’histoire d’Aimé FROMENT, ouvrier agricole dans le village, a été présentée. Aimé FROMENT est mort au début de la guerre, le 22 août 1914, à l’âge de 22 ans. Puis le parcours de deux copains a été raconté, deux copains qui ont passé toute leur jeunesse ensemble dans le village. La guerre les a séparés définitivement. L’un d’eux, Maurice DEFOULLOY, est mort en octobre 1914 à l’âge de 21 ans. L’autre, Eugéne MACACLIN, a survécu. Traumatisé mais survivant. Il est mort à Amiens à l’âge de 82 ans.
Le 11 novembre 2022 à 11h, dans ce village de 66 habitants, 40 personnes étaient réunies pour entendre les parcours de vie et de guerre de jeunes hommes de Ginchy.
Alors oui, les cérémonies du 11 novembre gardent tout leur sens, y compris dans les plus petits des villages ! Raconter les vies de ceux dont les noms sont inscrits sur le monument aux morts et de celles et ceux qui les ont connus prend tout son sens ! Cette démarche permet de mieux comprendre la vie du village, de mieux s’approprier son territoire de vie et son histoire, y compris pour les résidents originaires d’autres communes.
Ces cérémonies permettent aussi à une partie de la population de se retrouver et d’échanger un moment de convivialité (qui suit presque toujours la cérémonie…), un moment de vie autour du souvenir de ceux qui les ont précédés sur le sol de la commune. Le 11 novembre n’est pas uniquement l’affaire des élus et de quelques représentants d’association de devoir de mémoire. Dans la Somme comme dans tous les départements dont la terre transpire encore du sang des victimes de la Grande Guerre, le 11 novembre est l’affaire de tous !
Si nous voulons que ces commémorations réunissent les générations, rendons-les profondément humaines et pédagogiques. Montrons les conséquences d’une guerre sur la vie des familles du village. Evoquons les parents, les enfants, les frères, les sœurs des disparus. Racontons les parcours de vie que la guerre a profondément bouleversés ou auxquels elle a mis fin.
Oui, le 11 novembre a toute sa place dans la vie de nos communes et de leurs habitants !
Quand le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres (Alexis de Tocqueville)
De la Somme à Bellefontaine 
Merci à l’association pour tout ce travail de cherche à l’attention des disparus de nos communes. Cette cérémonie du 11novembre a été l’occasion de rassembler une grande partie des habitants du village pour rendre hommage aux jeunes soldats de 1914.
L’histoire de chacun d’eux relatée par Monsieur Becquet donne un sens particulier et plus intime à cette cérémonie.
Bien amicalement
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Merci. Bien sûr la commémoration est indispensable. J’ai bcp regretté que dans ma commune du Val d Oise on ait oublié les bleuets à porter. Où peut on se les procurer pour l année prochaine? Très amicalement à vous tous.
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