D’Ennemain à Brie, en passant par Monchy-Lagache avec Etienne FACHE

Le fanion du 18ème Bataillon de Chasseurs à Pied.

Etienne Alexis est déclaré à la mairie d Ennemain par son père Oscar de 26 ans, le 14 décembre 1894, il y a juste 131 ans aujourd’hui, sa mère, Marie Rose RIPERT dite Eugénie, a 20 ans. Oscar, berger et valet de charrue, est originaire de Libermont (Oise) et Eugénie, d’Ennemain, commune de  l’Est de la Somme d’environ 400 habitants près d’Athies, où ils se sont mariés en mai 1893.

Etienne n’a pas connu cette commune d’Ennemain, car peu après sa naissance, la famille part à Monchy-Lagache qui compte un millier d’habitants. Il est l’ainé d’une fratrie de onze enfants nés entre 1894 et 1914, tous ses frères et sœurs sont déclarés à la mairie de Monchy-Lagache, deux d’entre eux décèderont en bas âge dans cette commune.

Cette grande famille habite à Montécourt, hameau de Monchy-Lagache, composé d‘une quinzaine de foyers pour 70 personnes.

La rivière, l’Omignon, qui prend sa source dans l’Aisne, au Nord de Saint-Quentin, serpente dans les marais et sépare le hameau du village.

Etienne avec ses frères et sœurs, en âge d’aller à l’école, doivent se rendre à pied à Monchy, distant d’un kilomètre. Il y a un instituteur Monsieur FOURNIER et deux institutrices Madame TERRIEN dont le fils Emile a le même âge qu’Etienne et Melle JUSTIN.

Un moulin fonctionne au bord de l’Omignon tenu par Anatole DENIS, et une fabrique de sucre est dirigée par Monsieur LAPIERRE, cette entreprise emploie plusieurs habitants.

En 1906, la famille FACHE, habite Montécourt avec cinq de ses enfants, seuls les parents travaillent, Oscar est domestique chez PERDRIX, Eugénie, ouvrière agricole.

En 1911, la famille est de nouveau au complet dans le hameau, Etienne a rejoint le monde du travail, comme journalier agricole chez PERDRIX, ses frères et sœurs sont encore trop jeunes.

Quelque temps avant le conseil de révision d’Etienne à Péronne, toute la famille a déménagé à Brie. Etienne, les cheveux châtains et les yeux marron, mesurant 1m66, est classé dans la première liste de 1914, il est bon pour le service armé, et sait lire et écrire. Il n’a pas encore 20 ans lorsqu’il doit rejoindre le 18ème Bataillon de Chasseurs à pied le 1er septembre 1914.

Avant la guerre, les jeunes étaient très souvent envoyés dans les régiments de proximité comme le 120ème R.I. de Péronne pour les habitants de l’Est du département, d’où une meilleure fraternité dés le début, mais avec les nombreux tués des premiers jours, des villages ont perdu beaucoup de leurs garçons. Après, l’armée a dispersé les nouveaux mobilisés dans tous les régiments, et c’est ainsi qu’Etienne s’est retrouvé au 18ème  B.C.P.

Ce bataillon a été créé en 1854 sous le Second Empire. En 1914 il stationne à Longuyon et fait partie du 2e Corps d’armée. Quand Etienne doit le rejoindre, le bataillon est dans le secteur des Ardennes, après s’être distingué à Bellefontaine, il participe à la première bataille de la Marne, et de septembre 1914 à février 1915 il est présent en Argonne.

A partir du 5 septembre 1914, Etienne accomplit sa période d’instruction jusqu’au 9 novembre et part en campagne le 10. Le bataillon est sous les ordres du commandant MAYER qui sera tué le 27 janvier 1915. Il est remplacé par le commandant ESPINOUSE.

Le commandant Espinouse et le 18ème Bataillon de Chasseurs à pied

En mars 1915, le bataillon participe à la bataille de Champagne et cantonne à Herpont (Marne). Etienne ne la connaitra pas, car il est déclaré disparu le 3 mars 1915 vers Mesnil-les-Hurlus dans la Marne, d’après un avis officiel du 12 avril. Son commandant ESPINOUSE est tué le 4 mars 1915 d’une balle à la tête et sera remplacé par le chef de bataillon DE TORQUAT DE LA COULERIE.

Tranchées et abris près de Mesnil-les-Hurlus

N’ayant plus de nouvelles, le tribunal de Péronne fixera le décès d’Etienne au 3 mars 1915 et accordera la mention « Mort pour la France ». Il n’a pas de tombe individuelle. Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Brie alors qu’il n’y a vécu que quelques mois. Par contre il n’est pas inscrit sur celui de Monchy-Lagache où il a résidé  presque 20 ans.

« Sa guerre » aura duré quelques mois, du 10 novembre 1914 au 3 mars 1915, il n’avait pas 21 ans.

De sa classe de 1914, à Brie ou à Monchy, ils sont trois à n’être pas revenus de cette guerre.

Comme lui, Gaston DELAINE, né à Eterpigny (Somme) le 7 octobre, sergent au 1er Régiment de Zouaves, est mort le 13 juillet 1916 à Maricourt (Somme) à une vingtaine de kilomètres de chez lui, il est enterré à Brie.

Paul PICART, né à Péronne le 27 mars et résidant à Brie, du 128ème Régiment d’Infanterie est décédé le 24 février 1915 également à Mesnil-les-Hurlus et, comme Etienne, il est noté disparu, donc sans tombe connue.

Le village de Brie se trouvant en zone occupée  par l’ennemi pendant la première guerre, les Fache ont évacué dans le Sud de la France, en Haute-Garonne près de Blagnac. Oscar le père y décèdera  le 20 octobre 1918, il ne connaîtra pas l’armistice

Après l’armistice, la mère, Eugénie, est remontée à Brie avec ses six enfants, deux étaient décédés en Haute-Garonne en 1916. Elle a eu la possibilité d’avoir un logement, c’était la condition pour que les évacués puissent revenir dans leur village. Elle habite rue de Mesnil-Bruntel en 1921 et dans la ruelle Cochet avec quatre enfants en 1926. Au village elle retrouve son frère Gédéon et sa sœur Léonie qui est mariée avec un de ses cousins Fache. En 1931 à 62 ans, elle vit chez sa fille Geneviève. Elle décède peu après en septembre 1932, elle est enterrée à Brie, à côté des autres membres de sa famille comme son neveu Henri qui étant né en 1892 à Ennemain a fait la guerre sans être blessé et décédera en 1952.

Monument aux Morts de Brie

Didier Bourry – Danièle Remy – Lionel Joly

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