
Le 23 novembre 1891 à 11 heures du matin, Charles DACQUET, médecin de Saint-Blimont, qui a assisté à l’accouchement, déclare en mairie de Brutelles la naissance d’Adrien Clément BULTEL. Ledit enfant est né à 9 heures du matin en la demeure de Pierre MARCHANT dit Joseph, maréchal-ferrant, issu de Céline-Marie MOPIN dite Marcelline, originaire de Brutelles. A été déclaré également son frère jumeau Emile Godefroy.
Adrien et Emile ont été légitimés au mariage de Céline-Marie MOPIN, leur mère, et d’Adrien BULTEL de Poutrincourt, le 30 mai 1895 à Brutelles. Lors de cette union, a été reconnu un garçon prénommé Marcel, né le 6 septembre 1889.

En 1906, La famille BULTEL habite alors Grande Rue à Poutrincourt, un hameau de la commune de Lanchères sur la route de Brutelles. Le père, Adrien est cultivateur, Marcel le premier fils est ouvrier agricole chez son père, les jumeaux sont encore jeunes, et deux autres enfants nés à Lanchères complètent la fratrie, Louise en 1895 et Hippolyte en 1898.

Emile, le deuxième des jumeaux, décède le 20 juin 1910 au domicile de ses parents à Poutrincourt.
En 1911, dans la Grande Rue du hameau de Lanchères, la famille est toujours dans l’agriculture, le père Adrien est fermier, son fils Adrien l’accompagne dans les travaux des champs.
Marcel, le frère aîné est au service militaire. Il a été incorporé au 128ème Régiment d’Infanterie le 5 octobre 1910, son registre matricule indique qu’il a les cheveux et les yeux noirs et mesure 1.69m, il sait lire et compter. Marcel sera mis en disponibilité en septembre 1912.
Adrien, après le conseil de révision à Saint-Valéry-sur-Somme, est incorporé en octobre 1912 au 3ème Régiment de Hussards caserné à Senlis (Oise).

Début août, le régiment est dirigé vers la frontière belge, faisant partie du corps de cavalerie commandé par le général SORDET. Adrien sera de toutes les batailles de son régiment tout au long du conflit : la Marne en septembre 1914, puis la course à la mer, ensuite ce sera l’Artois en 1915, la Somme en 1916, l’Oise (secteur de Soissons-Noyon) en 1917, les Flandres au Mont Kemmel au printemps 1918, puis de nouveau la Marne à partir de juin.
Adrien, fatigué par toutes ces années de combat, décède de maladie le 13 octobre 1918 à l’hôpital d’évacuation de Sézanne, au sud d‘Epernay (Marne). Il est rayé des contrôles dès le lendemain, un secours de 150 frs sera versé à son père le 11 mars 1919.

L’acte de décès sera transcrit en mairie de Lanchères le 13 décembre 1919. Son nom figure sur une plaque commémorative dans l’église de Brutelles, son village de naissance, et sur le Monument aux Morts de Lanchères, son village d’adoption.


Adrien avait épousé Eugénie CAILLEUX le 26 juin 1916 à Lanchères et légitimé ses trois enfants, Andrée (1912), Adrien (1915) et Marcelle (1916). Ils n’ont pas vraiment connu leur père qui allait avoir 27 ans.
Son frère aîné, Marcel de la classe 1909, est incorporé le 5 octobre 1910 au 128ème Régiment d’Infanterie, caserné à Sevran (Région parisienne).

Il est mis en disponibilité le 25 septembre 1912 avec le certificat de bonne conduite. Rappelé à l’activité le 1er août 1914, il est présent au corps le 3. Arrivé à Dun-sur-Meuse par voie ferrée, le 128èmeentre en Belgique le 18 et connaît le baptême du feu dès le 22 à Meix- devant-Virton dans le Luxembourg belge. Puis c’est le repli, 2 bataillons du 128ème sont chargés de freiner l’avancée de l’ennemi et se positionnent au hameau de Fontenois, commune de Saint-Pierremont (Ardennes).

La bataille du 31 août fera plus de 400 victimes. Nombreux seront les prisonniers, envoyés en Allemagne avec les médecins qui les soignaient sur place, dans les granges du hameau. Marcel est fait prisonnier, il est interné à Erfurt dans la région du Palatinat. Il sera rapatrié par le dépôt de transition des isolés de Brest le 15 janvier 1919. Démobilisé le 24 mars 1919, Marcel rejoindra son hameau de Poutrincourt où il sera agriculteur chez ses parents. Le 20 octobre 1921, Marcel épousera Irma PETIT dans le village de Saint-Riquier-en-Rivière (Seine-Inférieure).

Son frère cadet Hippolyte, après le conseil de révision en 1917, est incorporé au 51ème R.I. à Beauvais le 2 mai, il a les cheveux châtains et les yeux bleus pour une taille de 1.59m et un niveau d’instruction moyen. Il passe au 129ème R.I. en décembre 1917 puis au 288ème R.I. le 8 juin 1918. Le régiment est sur les bords de l’Oise, les combats continuent, au gaz ypérite notamment. Hyppolite est porté disparu à Belloy (Oise) le 12 juin, il est fait prisonnier et interné à Parchim, Giessen, en Poméranie occidentale au Nord-est de l’Allemagne.

Il rentrera au dépôt du 128ème R.I. le 20 février 1919, et passe au 133ème R.I. le 10 mars 1920 avant de rentrer à Lanchères le 14 juin 1920. Hippolyte se mariera le 28 juillet 1923 à Poutrincourt avec une fille du pays, Francine HESDIN.
En 1936, à Poutrincourt, Hippolyte est cultivateur avec son épouse, son beau-frère, Serge HESDIN, est ouvrier agricole.

Danièle Remy – Lionel Joly
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