Raymond VILLAIN de Curchy

Sainte-Marie Rémi dit Raymond VILLAIN est né le 23 janvier 1880 à Curchy, commune située près de Nesle. Quatrième de la fratrie, il est déclaré par son père Armand, ouvrier agricole âgé de 50 ans. Sa mère Marie Héloïse MOUTON, a 37 ans. Le couple s’est marié dans le village le 20 juillet 1867.

En 1881, les parents habitent à Curchy, rue de Nesle, avec quatre enfants, une fille, Louisa, et trois garçons, Edmond l’ainé a 12 ans, Aimé 5 ans et Raymond à peine deux ans. En 1882, nait Louis Aristide, mais il décèdera à l’âge de 16 ans.

Edmond, le grand frère, se marie à Etalon avec Aline GENCE en 1897 et ils vont vivre à Moyencourt-les-Poix.

Au recensement de 1906, les parents Armand et Marie sont toujours présents à Curchy, rue de Nesle, avec Louisa et Raymond. Aimé s’est marié et travaille à Libermont dans l’Oise, il a une fille  Louise.  

En 1911, le père Armand est décédé ; Marie, la mère, réside alors rue de Manicourt à Curchy, avec sa fille Louisa et son premier fils Edmond. Deux petites filles vivent avec eux, Bernadette, née en 1896, et Yolande en 1905, les enfants de Louisa. Aimé est ouvrier agricole chez Louis LONGUET à Nesle et Raymond le cadet est parti travailler à Maucourt comme domestique de culture chez Prosper et Yvonne BOURY, cultivateur dans la Grande rue. 

Curchy est une petite commune rurale de 270 à 300 habitants, tous les métiers y sont présents, beaucoup d’ouvriers agricoles mais aussi des « sans profession ». Mr le curé TERNISIEN a baptisé les enfants dans l’église Saint-Médard, et les instituteurs Mrs MOREL ou GAUDEFROY ont enseigné les bases rudimentaires à plusieurs générations d’enfants.  Six à sept enfants naissent chaque année dans cette commune.

Eglise de Curchy

En 1900, Raymond a 20 ans et se présente au Conseil de révision, il est déclaré apte. Il mesure 1.64 mètre, son degré d’instruction est de zéro.

En novembre 1901, il est incorporé au 51ème Régiment d’Infanterie (R.I.) de Beauvais. Dans ces années-là, le service militaire est de deux ans, mais comme soutien de famille, il est mis en disponibilité en novembre 1902 avec la motion de bonne conduite.

En novembre 1904, il passe dans la réserve de l’armée d’active.

Durant septembre 1907 et juillet 1910, il accomplit deux périodes d’exercices au 120ème R.I. de Péronne.

Le 1er aout 1914, la mobilisation est décrétée en France, et l’Allemagne lance les hostilités contre la France le 3. Raymond a 34 ans, il passe pour un ancien pour tous ces jeunes samariens qui ont commencé leur service militaire en 1911, et celui-ci à peine fini, ils sont réintégrés aussitôt dans leur régiment. Il arrive le 12 août au 120ème R.I. qui est stationné à Stenay depuis plusieurs mois au vu des événements. C’est le lieutenant-colonel MANGIN qui commande ce régiment jusqu’au 1 septembre 1914, il sera alors remplacé par le lieutenant-colonel  Nicolas GIRARD.

Le régiment part vers la frontière belge pour essayer d’arrêter les Allemands. A la bataille de Virton et surtout à Bellefontaine le samedi 22 aout 1914, les premiers hommes en tête tombent sous les balles des Allemands que l’Etat-major pensait être positionnés beaucoup plus loin. C’est une mauvaise surprise, et plusieurs centaines d’hommes sont tués ou blessés.

Un jeune de Curchy, Edmond COLOMBIER du 120ème né en 1891, est tué ce jour-là, également Théodore THOCQUENNE de Maucourt né en 1892 qui était dans le 87ème R.I.

Edmond Colombier

Sur tout le front, les régiments français subissent d’énormes pertes humaines.

Le 120ème fait retraite pour se ressaisir et combler les pertes avec des hommes qui ne viennent plus maintenant uniquement de la Somme.

Fin aout, le régiment est dans les Ardennes où il y a encore de nombreux soldats disparus comme Albert HOSCHEDE de Maucourt du 320ème R.I., tué dans la journée du 30, à Chesnois-Auboncourt (au Nord-Ouest de Vouziers).

En septembre, tous les régiments de la Somme combattent dans la Marne, trois noms sur les Monuments aux morts de Curchy et de Maucourt l’indiquent : Anatole CARON du 128ème R.I., Henri BOCQUET du 72ème R.I., Edmond TOPART du 320ème R.I.

En octobre, le régiment combat  en Argonne. Le 18 octobre, il remplace le 147ème R.I. dans le Bois de la Gruerie, appelé par les poilus « bois de la tuerie ».

Des fusillades et des attaques allemandes ont lieu tous les jours, à chaque fois il y a des morts côté français, aussi bien des soldats que des officiers. La journée du 23 octobre est particulièrement mauvaise avec 40 tués et près de 80 blessés, 230 soldats sont portés disparus.

Raymond a été blessé assez gravement, et dirigé sur l’ambulance 2 de Sainte Menehould. Mais ses blessures sont trop sérieuses, il décède le 26 octobre 1914, il y a 111 ans aujourd’hui.

Pour avoir courageusement combattu, il est décoré de la médaille militaire à titre posthume le 13 février 1923, et inhumé dans la Nécropole nationale de Sainte-Menehould, tombe 3953.

La Nécropole militaire de Sainte Menehould où reposent 5763 corps de soldats français dont 277 en 8 ossuaires.

Le 27 octobre, le régiment est relevé par le 147ème R.I. Deux jeunes de Maucourt, Charles SOYER du 120ème R.I. est tué à Vienne-le-Château (Marne) le 16 octobre et Firmin FAVREL du 8ème Bataillon de Chasseurs à pied, né en 1880 comme Raymond, décède à Saint-Léonard (Marne) le 24 octobre 1914. 

Tous ces jeunes ont leurs noms inscrits sur les Monuments aux morts soit à Curchy où Raymond était né, soit à Maucourt où ils travaillaient depuis plusieurs années. Une stèle commémorative se trouve dans l’Eglise de Curchy. Quelques plaques ont été récupérées et sont exposées sur un présentoir.

Sur l’Etat-civil régimentaire de Sainte-Marie Remi dit Raymond VILLAIN, une mention rectificative a été ajoutée :

Raymond a épousé Valentine LHOMME le 24 août 1912 à Maucourt.

A Curchy, les habitants avaient creusé des muches pour se protéger des invasions diverses. Pendant la guerre, la commune est occupée par les Allemands qui construisent un hôpital sous l’église. En 1918, un terrain d’aviation y est installé par les Allemands sur la route entre Curchy et Manicourt, terrain qui sera ensuite pris par les Français, ils y feront aussi décoller leurs avions. Le village et les deux communes proches de Dreslincourt et Manicourt sont entièrement détruits. Ils seront décorés de la croix de guerre 14-18.

En 1966, Curchy et Dreslincourt fusionnent et en 1973 Manicourt les rejoint, les trois communes portent depuis le nom de Curchy.

Présentoir de plaques

Didier Bourry – Danièle Remy – Lionel Joly

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