
Louis René TAHON est né le 19 octobre 1892 à Ribemont-sur-Ancre. Fils d’Emile âgé de 39 ans et de Clara GORET de 39 ans également, il est déclaré à six heures du soir devant Paul HOURDEQUIN, maire de la commune.
Emile, domestique à Amiens, était originaire de Buire-au-Bois (Pas-de-Calais) et Clara, née à Heilly, est également domestique. Ils s’étaient mariés à Heilly le 2 août 1879, et ont reconnu pour leur fille Marie Rose née en 1875. En 1891, ils habitent à Ribemont-sur-Ancre où Emile Victor, le frère aîné de René, voit le jour.

Le territoire d’Heilly a une superficie de prés d’un millier d’hectares et une population d’environ 400 habitants. C’est un charmant village situé dans la vallée de la rivière Ancre, entre Corbie et Albert. Plus de 95% des terres sont consacrés à l’agriculture, malgré tout on dénombre quelques artisans.
Des peupleraies occupent le fond de la vallée et on y extrait la tourbe de qualité supérieure.
La famille TAHON ayant déménagé, la liste électorale de 1900, signale Emile père, journalier, habitant rue de la Grande Carrière à Heilly, village proche de Ribemont. En 1906, la famille se compose alors des parents, René, son frère Emile, et Marguerite, la mère de Clara.
Emile fils, est typographe chez BOUCHEZ à Méricourt, René est encore trop jeune pour avoir un emploi.

Cinq ans plus tard, habitant toujours à la même adresse, Emile, le père, et René sont journaliers au village ; Emile, fils, travaille toujours à Méricourt.
Après le Conseil de révision, René est incorporé au 128ème Régiment d’Infanterie le 8 octobre 1913, 2ème classe, 1er bataillon, 4ème compagnie.
Lorsque la guerre est déclarée, René est toujours au service militaire, étant sous les drapeaux, il fait partie des premiers hommes à se rendre sur le front. Son régiment est transporté par chemin de fer vers la frontière de l’Est le 5 août 1914. Le 18, il gagne le Luxembourg belge et le baptême du feu a lieu le 22 août dans la région de Meix-devant-Virton. Le 25 commence le repli en direction du Sud par la rive gauche de la Meuse. Le 31, à Fontenois, dans les Ardennes, 2 bataillons ont pour mission de ralentir l’avancée allemande alors que l’armée française se regroupe sur la Marne.
Après la première bataille de la Marne du 5 au 12 septembre, le 128ème poursuit l’ennemi jusqu’au Bois de la Gruerie où des combats très disputés se déroulent. René s’y distingue, il est nommé caporal le 22 novembre 1914, la guerre de position commence.

Le 128ème passe l’hiver en Argonne et part en Champagne à partir du 19 février, René est nommé sergent le 17 mars 1915.
Après quelques jours de repos au Sud-Ouest de Sainte-Menehould, le 128ème prend la direction des Eparges le 1eravril, et participe à l’offensive de la Woëvre, au Sud-Est de Verdun.
C’est en ces lieux, dans les Hauts de Meuse, qu’il sera tué à l’ennemi le 10 juin 1915, il n’avait pas 23 ans !

Son frère aîné, Emile, est né à Ribemont-sur-Ancre, le 7 mars 1891.
Après le conseil de révision passé à Corbie au printemps 1912 et titulaire du brevet spécial d’aptitude obtenu le 27 juillet suivant, il est incorporé au 128ème Régiment d’Infanterie le 8 octobre. Nommé soldat de 1ère classe au 2ème bataillon, 7ème compagnie le 11 octobre 1913, alors que son frère vient d’être incorporé dans le même régiment. Il est réformé temporairement le 23 juin 1914 pour troubles consécutifs à une méningite.
Rentré à Heilly le 24 juin 1914 il est maintenu réformé lors de la commission du 10 novembre. Il sera finalement reconnu apte lors de la commission du 5 mars 1915, il est à la 32ème compagnie le 26 juin 1915. Nommé caporal-fourrier le 21 juillet 1915, il passe au 251ème Régiment d’Infanterie le 29 juin 1916.
Cité à l’ordre de la division le 13 septembre 1917, pour acte de bravoure dans le secteur de Verdun-Douaumont,
« Brave, énergique, a fait preuve de beaucoup de courage et de sang froid au cours de l’attaque du 26 août 1917 surtout dans le nettoyage des abris ennemis »
Emile sera décoré de la croix de guerre avec étoile d’argent.
Il sera tué à l’ennemi le 15 juillet 1918, lors de la 2ème bataille de la Marne où seront dénombrés 58 tués, 449 blessés et 656 disparus en quelques jours. Emile fait partie de ces victimes, tombé au champ d‘honneur au Bois-du-Roy, près de Villers-sous-Châtillon (Marne) entre Château-Thierry et Reims, à l’Ouest d’Epernay, il avait 27 ans.

Si la transcription de René a été faite à Heilly le 3 février 1916, la transcription d’Emile ne sera effectuée que le 8 août 1919.
Les deux fils de la famille TAHON sont morts à la guerre…
Emile et son épouse Clara se retrouvent seuls dans la maison de la rue de la Grande Carrière, les noms de leurs deux fils sont inscrits sur le Monument aux Morts de la commune d’Heilly.

Danièle REMY – Lionel JOLY
Publié par