
A la fin du XIXe siècle, l’agglomération de Doullens est composée de la ville et de cinq faubourgs ainsi que de dix-sept hameaux dont Haute Visée fait partie. C’est le plus important, environ 140 personnes y habitent. Il est situé en haut de la côte dite de Saint-Pol sur la route qui conduit vers le nord en direction du département du Pas-de-Calais et qui mène à Frévent.
C’est à Haute-Visée que le 12 octobre 1893, Alcide Octave Adolphe CRESSON voit le jour. Sa naissance a été déclarée le 14 octobre en mairie de Doullens par le docteur en médecine Emile LEFEBVRE ayant assisté à l’accouchement.
Alcide CRESSON est le fils d’Octave, garçon de magasin chez MOREL, et d’Emilienne Malvina née DACHEUX, une ouvrière de fabrique alors âgée de 28 ans. Octave et Emilienne sont tous deux natifs de Haute-Visée et y résident dans des maisons voisines. Ils se connaissent bien et vont se marier à Doullens le 14 mai 1887 à l’âge de 26 ans pour Octave et de 22 ans pour Emilienne.

En 1906, la famille CRESSON habite rue du Boulevard de l’Ouest au pied de la citadelle de Doullens.
Alcide a trois sœurs : son ainée Marthe née en 1888, ouvrière en coton chez Sydenham, s’est mariée avec Clément GROULT en 1919, Marguerite en 1897, s’est mariée en 1920 avec André COLLART et décédée en 1976 à Maisons-Alfort, et Marie née en 1902. André, le dernier de la fratrie, voit le jour en 1905.
En 1911, Alcide est serrurier à l’entreprise Carpentier de Doullens.

Octave, le père de famille, décède en 1912 à l’âge de 51 ans.
Alcide CRESSON, déclaré bon pour le service, est incorporé fin 1913 au 128ème Régiment d’Infanterie. Le régiment composé en majorité de samariens est stationné à la caserne Courbet d’Abbeville.

Suite à la déclaration de la guerre, le régiment quitte sa caserne le 4 août et prend par voie ferrée la direction de l’Est jusque Dun-sur-Meuse entre Sedan et Verdun. Jusqu’au 17 août le régiment est chargé de la défense des Hauts-de-Meuse sur la nouvelle frontière depuis la défaite de 1870.
Le 18, c’est vers le nord, au Luxembourg belge, que se dirige le 128ème. Le contact avec l’ennemi a lieu à Meix-devant-Virton dès le 22 août où en 3 jours, le régiment perd 66 hommes et un officier. Le 25, c’est l’ordre de retraite qui est donné en gardant la rive gauche de la Meuse. Le 28, le repli se poursuit par Buzancy jusqu’au hameau de Fontenois, commune de Saint-Pierremont, dans les Ardennes. Le 31 août, deux bataillons défendent le hameau et retiennent l’avancée ennemie, alors que les troupes françaises continuent leur repli vers la Marne, mais les pertes ont été sont importantes, au moins 17 officiers et 379 hommes selon les relevés.

Alcide n’est pas touché, il poursuit avec son régiment sa marche vers le sud jusqu’à Heitz-le-Maurupt. Il prend part à la première bataille de la Marne qui débute le 6 septembre.
La bataille fait rage pendant plusieurs jours, Maurupt-le-Montois est pris et repris, c’est dans ce village qu’Alcide est tué face à l’ennemi le 9 septembre 1914.

Il allait avoir 21 ans deux mois plus tard.
La transcription de son décès a lieu le 15 juin 1920 en mairie de Doullens.
Son nom figure sur le Monument aux Morts de la localité, sur une plaque commémorative de l’Eglise Notre Dame et sur celle de l’Hôtel de ville.
La maman d’Alcide, Emilienne Malvina née DACHEUX, décède en 1922 à l’âge de 57 ans.



Jean DELHAYE – Danièle REMY – Lionel JOLY
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