Maurice HADENGUE de Nesle  

Le six octobre 1894, à deux heures de l’après-midi Jean-Baptiste HADENGUE, manouvrier de cinquante et un ans, déclare en mairie de Nesle son fils Maurice Léon, né la veille à neuf heures du soir à son domicile, rue de l’Appentis. Son épouse se nomme Marie LIÉTOIR, elle est âgée de 35 ans et exerce le métier de manouvrière.

Les parents s’étaient mariés dans cette même ville le 27 mai 1876. Marie n’avait que 17 ans !

De cette union sont nés cinq enfants, Maurice est le dernier. En mars 1877 ce sera Marie Blanche décédée à 6 mois, puis en 1879, Marie Annoncia qui épousera Emile PARADIS en 1909 et décèdera à Ham en 1961. Une troisième fille, Blanche, née en 1883, se marie en 1900 avec Eugène GRAVET et finit sa vie à Nesle en 1964, elle a donné naissance à Raymonde en 1909.

Ernest Louis (surnom Raymond), le premier garçon de la famille verra le jour le 5 janvier 1888 et ce n’est qu’en 1894 que Maurice viendra compléter la fratrie.

En 1906, rue de l’Appentis, Jean-Baptiste est ouvrier d’usine à la distillerie Savary, Marie, son épouse, est mère au foyer, Raymond est employé de commerce à la quincaillerie Gobin, Maurice est encore trop jeune pour travailler.

En 1911, Maurice est le dernier enfant domicilié avec ses parents, il a remplacé son frère à la quincaillerie Gobin.

Au Conseil de Révision au printemps 1914 à Nesle, il est employé de commerce à Chauny (Aisne), il est noté qu’il a un bon niveau scolaire, il mesure 1,71m avec des cheveux châtains et des yeux verdâtres et a une déformation de l’ongle à l’index droit, il est toutefois déclaré bon pour le service armé.

Maurice est incorporé au 120ème Régiment d’Infanterie à partir du 6 octobre 1914. Après une formation accélérée en raison des pertes importantes des premières semaines de la guerre, il part en renfort dès le 29 octobre. Il reçoit un éclat de balle dans l’œil gauche le 20 décembre 1914, puis sera  blessé à la cuisse droite le 2 mars 1915 à Mesnil-les-Hurlus (Marne).

Après plusieurs semaines de convalescence il passe au 272ème Régiment d’Infanterie (régiment de réserve de l’armée active) le 27 octobre 1915. Nommé 1èreclasse le 16 juin 1916, il est caporal le 13 septembre suivant.

Après les Hauts de Meuse, le 272è arrive à Belloy-en-Santerre le 29 juillet 1916, il participe ainsi à la bataille de la Somme. Le régiment est présent dans le secteur de Berny-en-Santerre en fin d’année, Maurice est près de chez lui…

Puis c’est Craonne, Berry-au-Bac, et retour à Verdun au mois de mai 1917. Transporté en camion sur la rive de la Meuse le 29 juin, il part relever d’autres troupes éprouvées par les combats au sud de la côte 304, lieu qui va être reconquis de haute lutte par les français le 20 août 1917.

Mais le 24 août 1917, Maurice sera déclaré Mort pour la France à la côte 304, à Esnes-en-Argonne (Meuse). Maurice n’aura jamais 23 ans …

Maurice a reçu la croix de guerre avec étoile d’or pour sa bravoure et sera cité à l’ordre du Corps d’Armée:

« Très bon gradé. Le 12 juillet 1917, s’est distingué dans la défense d’un point particulièrement battu par l’artillerie et les engins de tranchée. Bien que criblé d’éclats de pierre est resté à son poste au milieu de la fumée des explosions ne cessant de lancer des grenades sur l’ennemi qui tentait en force d’aborder nos lignes. A ainsi entraîné ses hommes par son exemple et contribué à repousser l’ennemi ».

Maurice est inscrit sur le Monument aux Morts de Nesle, inauguré en 1923.

Son frère Raymond a eu plus de chance, mais certainement d’autres traumatismes…

Il est employé de commerce lorsqu’il passe au Conseil de révision en 1909, il a les cheveux châtains et mesure 1.84 m. Titulaire du permis moto, il est incorporé le 7 octobre 1909 au 4ème Bataillon de Chasseurs à Pied stationné à Saint-Nicolas-de-Port (au Sud-Est de Nancy – Meurthe-et-Moselle). .

Passé au 5ème Régiment d’Artillerie à Pied le 1er mars 1910, régiment nouvellement créé pour la défense autour de la ville de Verdun, il obtient une autorisation exceptionnelle émanant du Conseil d’Administration le 28 octobre 1910, afin de se marier le 12 novembre 1910 à Nesle avec Rose BOUCHARD, habitant alors la ville.

Mis en disponibilité le 24 septembre 1911, Raymond est rappelé aux armées le 4 août 1914. Il sera hospitalisé à deux reprises pour maladie, entre 1914 et 1916.

Il participera à la campagne d’Italie à partir du mois de juillet 1916, et Il passera au 77ème Régiment d’Artillerie lourde à Grande Portée le 1er août 1917. Démobilisé le 24 mars 1919, il se retire à Meulin (Saône-et-Loire).

Raymond a été autorisé à porter le ruban de la médaille de guerre d’Italie le 5 juillet 1917 par le chef d’état-major de l’Armée Italienne.

Il se mariera en secondes noces le 4 février 1939 à Fontainebleau avec Henriette GRANGER et décèdera à Meulin le 29 août 1957.

Danièle Remy – Lionel Joly

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