
Louis François VERDEZ est né le 16 décembre 1892 à Colincamps dans le canton d’Acheux-en-Amiènois, le village est limitrophe du Pas-de-Calais. Dans ce département, deux autres communes ont vu naitre les parents de Louis, la commune de Sailly-au-Bois pour Uranie DEMAILLY sa mère et celle de Bucquoy pour Oscar son père.
Oscar est né en 1864 il est maréchal-ferrant en 1886 alors que son père est boulanger.

Cette année là, plusieurs familles « VERDEZ » habitent à Bucquoy, rue de la Carte. A Sailly où résident les DEMAILLY, le chef de famille est maçon, et le couple d’une soixantaine d’années vit toujours avec leurs six enfants qui ont entre 26 et 17 ans, dont Uranie qui a 22 ans.

En 1886 la commune de Bucquoy comporte environ 500 maisons et un peu plus de 2000 habitants, tandis que Sailly a 200 ménages pour 700 individus. Une dizaine de kilomètres séparent ces deux communes du Pas-de-Calais. Dans ce temps là, les jeunes allaient de village en village pour participer aux différentes fêtes locales et danser au bal. Oscar rencontre alors Uranie DEMAILLY, ils ont le même âge, 24 ans.
Oscar et Uranie se marient à la mairie de Sailly-au-Bois le 13 avril 1890, et trouvent une maison dans le quartier des écoles, rue de Courcelles.

Oscar est ouvrier maréchal, mais le couple ne reste pas à Sailly, il emménage à Colincamps où il faut un maréchal. Il s’installe rue Grande. Cette commune de la Somme n’a qu’une cinquantaine de maisons pour 175 habitants. Entre les recensements de 1881 et 1906, plus de vingt familles sont parties pour trouver du travail dans des communes plus importantes. Chez la famille ELOY on est cordier, ainsi les trois enfants âgés de 15 à 22 ans sont cordiers.

Dans d’autres familles, des femmes font le trajet jusqu’à Sailly chez Norbert TIRON pour exercer le métier de boutonnière.
En septembre 1891 dans la famille VERDEZ nait une première fille Françoise. L’année suivante en décembre 1892 nait Louis François. Viennent ensuite Victor en 1897 et Marie en 1900.
Une dizaine d’enfants sont nés en 1892 à Colincamps, mais il n’en reste que cinq au recensement de 1906 dont deux garçons. A l’école de Louis VILBERT, une demi-douzaine de garçons de plus ou moins un an, a l’âge de Louis.
Tous ces enfants sont des copains, et à 20 ans ils sont appelés pour passer le Conseil de révision à Acheux. Les trois garçons nés en 1891 partent à l’automne 1912. Louis, avec deux de son âge, part en octobre 1913, il est incorporé au 3ème Régiment de Génie basé à Charleville-Mézières à la caserne du Merbion, dans les Ardennes.

Ce régiment a été créé sous la Restauration à Mézières. Il est dissous en aout 1914, pour être réduit à un dépôt de guerre à Rouen, et les hommes sont répartis dans une centaine de compagnies qui vont combattre sur différents fronts.
A la fin aout ils participent au siège de Maubeuge, à la bataille du fort de Leveau et à la bataille de l’Yser.
Louis VERDEZ est tué à l’ennemi, il y a juste 110 ans aujourd’hui, le 28 septembre 1915 à la ferme de Moscou située sur la commune de Berry-au-Bac (Aisne).
Il n’avait pas encore 23 ans…

Au cours de cette guerre, le 3ème Régiment du Génie reçoit 67 citations, il perd plus de 3000 hommes qui sont honorés dans la chapelle Saint-Louis de la citadelle d’Arras. Les Régiments du Génie sont là pour aider à la progression des unités combattantes en creusant des tranchées, construire des sapes, passer des câbles téléphoniques entre les différents lieux du front et l’arrière où se trouvent les centres de commandement. Ils creusent également des tunnels vers les lignes ennemies afin d’entreposer des explosifs qui exploseront sous les tranchées adverses.

Parmi les 8 jeunes nés entre 1891 et 1893 à Colincamps qui effectuaient leur service militaire juste avant aout 1914, seul Louis est décédé, trois ont été prisonniers en Allemagne dont Arthur LECLERE qui appartenait également au 3ème Régiment du Génie.
Victor VERDEZ, frère de Louis, est né en septembre 1897.
Fin aout 1914, les troupes allemandes déferlent sur la Somme, les habitants évacuent. La famille VERDEZ se dirige vers la Creuse.
Quand il passe le conseil de révision, Victor est cultivateur et habite à Reterre dans la Creuse. Bien que né en 1897, il fait partie de la liste 5 de la classe 1915. Il est ajourné pour faiblesse, puis inscrit dans la liste 2 de 1916.
Le 22 aout 1916, Victor est incorporé dans la 2ème Section de Commis et Ouvriers. Au vu des énormes pertes des batailles de mai 1916 en particulier à Verdun, il est déclaré apte au service armé, et le 15 novembre 1916 il est transféré dans le 24ème Régiment d’Infanterie sous le commandement du colonel Jean Henry. En 1917 le régiment est engagé au Chemin des Dames où il perdra les deux tiers de ses effectifs.
Victor combat pendant presque deux ans, et lors de la dernière offensive allemande le 12 aout 1918, il est tué à l’ennemi au combat de la ferme de Canny-sur-Matz dans l’Oise.
Il allait avoir vingt ans en septembre !

Dans la famille VERDEZ, après la perte cruelle de Louis et Victor, il ne leur reste que les deux filles, Françoise et Marie. La famille quittera la Creuse à la fin de la guerre pour s’installer à Lille. Oscar décèdera le 13 mai 1919 à l’âge de 55 ans.
Les noms des deux frères ont été gravés sur le Monument aux Morts de Colincamps comme ceux de leurs onze camarades.

Louis VERDEZ (Plaque commémorative de la Mairie)


« Merci à Jean-Paul Mittay pour la photo de Louis Verdez, issue d’une plaque commémorative des enfants de Colincamps Morts pour la Patrie »
Didier Bourry – Danièle Remy – Lionel Joly
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