De Bonnay à Mesnil-Martinsart avec Marcel DEVAUX

Marcel Léopold Florent DEVAUX est né à Bonnay, il y a tout juste 130 ans, le 21 septembre 1895. La déclaration est faite devant le maire André POINTIN.

Il est le fils de Fernand DEVAUX, né en 1865 à Bonnay, tricotier à la naissance de son fils mais qui exerçait en 1891, lors de son mariage, la profession d’épicier dans son village natal.

La mère de Marcel, Berthe BONNIERE, née en 1868 à Fontaine-lès-Cappy, est couturière résidant  à Corbie, quand elle se marie.

Le mariage des parents de Marcel est célébré à Bonnay, village dans lequel le jeune couple s’installe.

Ils ne vont pas y rester bien longtemps. Quelque temps après, en 1900, on retrouve la famille à  Albert.

Le 10 juillet de cette année marquant le début du XXème siècle, au 10 rue des Boucheries, Fernand DEVAUX, alors journalier, décède.

Berthe est veuve à 32 ans et Marcel n’a plus de papa alors qu’il n’a pas encore 5 ans.

En 1904, Berthe BONNIERE, veuve DEVAUX, se remarie avec Albert DHERISSART à Aveluy. Le couple s’y installe, Grande Rue, avec Marcel.

Albert DHERISSART est né à Méaulte en 1872 et exerce la profession de forgeron à l’usine des Cycles Rochet à Albert.

Lui aussi est veuf. Il s’était marié à 21 ans, le 17 avril 1893, avec Emma HESSE âgée de 17 ans. Malheureusement la jeune épousée décède le 14 novembre 1893, neuf jours après avoir mis au monde une petite fille, Maria Emma, qui perd la vie le même jour que sa maman.

Albert DHERISSART, qui devait partir au service militaire à la mi-novembre de cette année 1893, obtient un sursis de huit jours avant de rejoindre le 5ème Régiment du Génie

En 1907, la famille s’agrandit avec la naissance de Sidonien. Ce sera le seul frère de Marcel.

Marcel passe son enfance à Aveluy. C’est un village d’environ 460 âmes, arrosé par la rivière Ancre où les habitants aiment pêcher la truite.

Ils pratiquent également la chasse aux lapins dans les bois aux alentours. Aveluy est essentiellement un village de petites parcelles agricoles, mais il n’y a pas d’élevage. Pour tout ce qui est commerces, il faut aller à Albert. Et c’est aussi dans cette grande ville, toute proche, que les Abelloluciens trouvent du travail dans les usines ou ateliers métallurgiques. C’est pourquoi la population d’Aveluy va augmenter avec le développement industriel.

En 1911, la famille DHERISSART emménage rue de l’Eglise à Mesnil-Martinsart, commune limitrophe,  située au Nord d’Aveluy. Marcel, alors âgé de 16 ans exerce la profession de fraiseur à la Société Industrielle, entreprise de construction de cycles, à Albert.

Mesnil-Martinsart, comme Aveluy, est un village agricole mais avec des élevages de moutons et de bovins. Pour un village comptant 444 âmes, il n’y a pas moins de trois écoles, deux publiques mixtes (une à Mesnil et une à Martinsart, hameau de Mesnil) et une privée pour filles (à Mesnil). Mais les habitants de Mesnil-Martinsart vont trouver dans la ville d’Albert des emplois rémunérateurs et le village, plus éloigné d’Albert qu’Aveluy, voit sa population décroitre.

Marcel reste à Mesnil-Martinsart jusqu’à ce qu’il soit appelé pour aller combattre sur les champs de bataille.

Quand Marcel est convoqué à l’activité militaire le 16 décembre 1914, c’est un jeune homme de 1m67 aux cheveux châtain foncé et aux yeux bruns. Marcel ne répond pas à cet appel, il est donc déclaré insoumis le 13 janvier 1915. Arrêté à Mesnil-Martinsart le 12 février, alors qu’il aurait pu être sanctionné par une peine de prison, il bénéficie d’une ordonnance de non-lieu du fait d’insoumission par le général commandant la Région Nord. Il est  incorporé au 8ème Régiment d’Infanterie le 2 mars 1915.

Le 7 juin 1915, il passe au 36ème R.I. et vingt jours plus tard il part aux armées, affecté au 129ème. Ce régiment est alors positionné à Souchez, au Sud-Est de Lens (Pas-de-Calais), Marcel y connait le baptême du feu, dans les tranchées de la Bataille d’Artois. En décembre, c’est le secteur de Cappy-Frise qu’occupe le 129ème. Le 28 mars 1916, c’est Compiègne, et il arrive aux environs de Verdun le 2 avril. Dès le 3, le régimentmonte en ligne, objectif  le fort de Douaumont  et le village de Fleury.

C’est lors d’une des nombreuses tentatives pour essayer de reprendre le Fort de Douaumont  (Meuse), fort occupé par les Allemands depuis février 1916, que Marcel perd la vie le 5 avril 1916.

Il n’avait pas encore 21 ans. La médaille militaire lui sera décernée à titre posthume le 7 juin 1921.

Ses parents et Sidonien restent encore quelques années à Mesnil-Martinsart avant de partir pour Amiens, route de Doullens, vers 1921. Albert DHERISSART exerce maintenant la profession de garde particulier chez GUYOT.

Sidonien, en 1931, habite toujours avec ses parents, il est « garçon marchand de vins ».

En 1936, il réside route de Rouen à Salouel avec son épouse Yvonne Domont, originaire de Salouel. Il exerce alors, la profession de cireur et Yvonne est femme de ménage. Sidonien meurt le 19 juillet 1980 à Amiens.

Alors qu’il vivait à Mesnil-Martinsart, Marcel DEVAUX a sûrement passé du temps avec Paul ROUVILLAIN et Maurice BOULANGER, tous deux originaires de Mesnil-Martinsart et nés comme lui en 1895.

Paul ROUVILLAIN, fils d’agriculteur né le 26 septembre, est incorporé le 16 décembre 1914 au 87ème Régiment d’Infanterie à Quimper, puis passe au 4ème Régiment de Zouaves le 2 juin 1915.

Il est tué à l’ennemi le 24 octobre 1916  alors que les troupes françaises lancent la reconquête du fort de Douaumont. Il venait d’avoir 21 ans.

Maurice BOULANGER est né le 8 décembre, de Mathilde BOULANGER, âgée de 22 ans , et de père inconnu. Son frère aîné Léon, né le 23 décembre 1892, est reconnu par Emile DUQUENNE, le 8 janvier 1893. Il ne portera donc pas le même nom de famille que Maurice.

Maurice, 1m61, cheveux châtains et yeux marron, est incorporé au 120ème R.I. le 16 décembre 1914. Léon y est depuis le 9 octobre 1913. Maurice est nommé caporal le 19 avril 1918, Léon est sergent le 25 septembre 1916.

Maurice décède le 30 septembre 1918 au sud de Liry dans les Ardennes. Le lendemain, à 5 km de là, à Aure, c’est son frère Léon qui est tué à l’ennemi.

Mathilde vient de perdre deux fils en 24 heures. Maurice allait avoir 23 ans et Léon, 26 ans !

Les noms de Marcel, Paul, Maurice et Léon figurent sur une plaque commémorative à la mairie de Mesnil-Martinsart.

Maurice, Léon et Paul sont inscrits sur le Monument aux Morts de Mesnil, et Marcel sur celui de Martinsart.

 Le village d’Aveluy, complètement détruit pendant la première guerre mondiale, est honoré de la Croix de Guerre avec  palme le 27 octobre 1920, ainsi que celui de Mesnil-Martinsart.

Anick BARDET – Danièle REMY – Lionel JOLY

Un article sur les soldats Paul et Louis ROUVILLAIN a été publié sur notre site :

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