Jules BOURGEOIS de Domart-sur-la-Luce

Le 10 août 1894, il y a 131 ans, naissait Jules Robert BOURGEOIS à Domart-sur-la-Luce.

Cette localité se situe à une quinzaine de kilomètres à l’est d’Amiens.

Camille et Marie, les parents de Jules, se sont mariés le 12 février 1889 à Domart-sur-la-Luce. Marie Julienne FOURNIER y est née en 1870 ; quant à Camille il a vu le jour en 1864 à Aubvillers près de Moreuil.

En 1906, Domart-sur-la-Luce compte 451 habitants, à 200 mètres, un hameau Hourges avec 29 habitants et un peu plus loin la ferme CANU où vivent cinq personnes. La Luce, rivière longue de 18 kms, traverse le territoire.

Les BOURGEOIS y habitent rue du Pont. Le père est entrepreneur de battages. Avec la modernisation de l’agriculture et la généralisation des moissonneuses-batteuses, cette profession s’est éteinte au cours du XXème siècle. Auparavant les céréales se récoltaient sous forme de gerbes. Celles-ci étaient entreposées dans les granges ou en meules extérieures. Puis à la « morte saison » les cultivateurs attendaient la venue de l’entrepreneur de battages pour disposer de leurs grains.

En 1914 Jules est garçon-boulanger lorsqu’il est reconnu apte pour le service militaire. C’est un jeune homme aux cheveux noirs et aux yeux bleus, il mesure 1 mètre 67.

Le 1^er septembre 1914 il est incorporé de par sa profession à la 2^ème Section des Commis et des Ouvriers Militaires d’Administration (C.O.M.A.). En 1914 les sections des C.O.M.A. sont au nombre de 25. Elles regroupent les hommes affectés aux tâches administratives et celles relevant de l’intendance. Ce domaine concerne l’alimentation, l’habillement et l’équipement des unités.

Après la 2^ème Section des C.O.M.A., Jules BOURGEOIS intègre le 34^ème Régiment d’Infanterie, 10^ème Compagnie, le 2 juin 1916 pour monter au front.

Le régiment est positionné en Haute-Marne et part en chemin de fer vers Sainte Menehould (Marne). Le 22 juin, il est au bois de la Gruerie jusqu’au 26 août, avant de partir en Champagne, au Mont Muret près de Tahure.

Puis c’est le retour en Argonne, avant une période d’instruction au camp de Mailly.

Fin novembre, le 34^ème se rend à pied en direction de Clermont (Oise) avant d’en repartir vers le 30 décembre, par camions, en direction d’Harbonnières (Somme). Le 30 janvier, il relève le 49^ème R.I. à Ablaincourt-Pressoir (Somme). Les 11 et 12 février il est relayé à son tour par un Régiment d’Infanterie Britannique et va cantonner à Crévecoeur (Oise) où il séjourne jusqu’au 4 mars. Il se dirige alors vers Clermont afin de renforcer des fortifications de défense. Puis, par étapes, c’est aux environs de Maizy (Aisne) qu’il se rend, en vue d’une grande offensive.

Le 16 avril au matin le 34^ème traverse l’Aisne, mais les lignes allemandes n’ayant pu être enfoncées, il regagne Arcis-le-Ponsart dans la soirée. C’est l’offensive Nivelle.

Dans la nuit du 23 au 24 avril un bataillon du 34^ème monte en première ligne à l’Ouest de Craonne. Ce ne sont que des trous d’obus, pas de boyaux de communications, et l’ennemi est en position sur les hauteurs. Les troupes essaient de s’organiser : repos le jour et travaux la nuit, tout est à reconstruire, les dépôts de vivres et de munitions.

Le 4 mai une attaque permet la capture de 70 prisonniers dont 3 officiers.

Un nouvel assaut a lieu le 5, puis le 6 en direction du Plateau de Californie. Jules est porté disparu au combat de Craonne ce même jour.

Fait prisonnier, il est déclaré décédé à l’Hôpital Catholique de Coblence le 11 mai 1917, des suites de maladie.

A titre posthume il sera décoré de la Médaille Militaire le 30 juillet 1925.

Camille et Marie ont perdu leur fils unique. Il n’avait pas encore 23 ans.

Domart-sur-la-Luce a été détruit à l’issue de la Première Guerre mondiale, la rue du Pont ayant particulièrement souffert.

Le village s’est reconstruit, Marie est devenue débitante après la guerre, Camille l’a rejoint dans son commerce en 1926, ils habitent toujours rue du Pont à Domart-sur-la-Luce.

Marie décède en 1933 et son époux en 1936.

C’est sous le prénom « Robert » que le fils unique de Marie et Camille est inscrit sur le Monument aux Morts de Domart-sur-la-Luce.