De Friaucourt à Nibas : Marcel HAUDIQUERT

Marcel Charles Paul HAUDIQUERT est né le 20 juillet 1895 à Friaucourt.

Son père Fursy HAUDIQUERT a vu le jour le 11 novembre 1868 à Friaucourt, petite commune de 350 habitants dans le canton d’Ault.  Le patronyme de « HAUDIQUERT » apparait déjà vers 1650 à Friaucourt.

Dans cette commune du Vimeu industriel, les métiers sont comme dans beaucoup de villages dans ce secteur, à savoir des cultivateurs, serruriers et aussi des tourneurs en métaux ou sur cuivre. Les habitants alternaient souvent le travail aux champs en été et le travail en atelier l’hiver.

Fursy est le cadet d’une fratrie de cinq enfants dont l’ainé est un garçon. Après sa naissance, toute la famille déménage à Saint-Martin-le-Gaillard, au hameau d’Etocquigny, en Seine Inférieure, aujourd’hui Seine Maritime.

Ses parents sont cultivateurs. En 1875 son père, François, décède et Augustine, sa mère, se retrouve seule à cinquante ans avec ses cinq enfants âgés de vingt-deux à sept ans, elle est assistée d’un jeune domestique de 17 ans, Joseph BERGER. A côté de la ferme d’Augustine se trouve celle de son beau-frère Gustave HAUDIQUERT et de son épouse Julie. Ils auront six enfants.

Vers 1886, Fursy part de ferme en ferme pour trouver du travail, il change de métier et découvre le commerce.  

Il rejoint Friaucourt, puis Bourseville où il rencontre Joséphine DEBEAURAIN dont le père est serrurier. Le 9 juin 1894, Fursy et Joséphine se marient à Bourseville.

Ils emménagent  à Friaucourt, où un premier garçon nait en 1895, il s’appelle Marcel, né le 20 juillet, il y a juste 130 ans aujourd’hui.

En février 1897 Charles vient agrandir la famille. Après cette dernière naissance, la famille part s’installer à Nibas, commune plus importante d’environ 800 habitants et ouvre un magasin d’épicerie dans la Grande Rue, au centre du village. Les deux enfants Marcel et Charles âgés de seize et quatorze ans travaillent avec leur père, après avoir quitté l’école où deux instituteurs publics se partageaient la population enfantine, Xavier BELLEBOUCHE et Jules JOVELET.

Dans cette commune, on trouve naturellement des cultivateurs et aussi beaucoup de serruriers, en 1906 on en compte plus d’une centaine. Ces derniers travaillent très souvent à domicile et sont leur propre patron, quelques-uns sont employés par l’entreprise Depoilly-Fleury.

Des serruriers

Le 3 août 1914 la guerre est déclarée. A partir de cette date les jeunes incorporés ne vont pas effectuer de service militaire comme leurs ainés, mais faire directement leur apprentissage dans la première caserne où ils seront affectés.

Au conseil de révision, l’année de ses 19 ans, Marcel est classé dans la première liste des conscrits de 1914, il est signalé comme épicier avec un niveau d’instruction moyen.

Cheveux châtains, yeux marron, 1m67, le 16 décembre 1914, il est incorporé au 73ème Régiment d’Infanterie, qui était caserné dans plusieurs villes du Pas-de-Calais, telles que Béthune, Hesdin ou Aire-sur-la-Lys en 1914. Après sa formation militaire, Marcel passe au 108ème en avril 1915, et peu de temps après, en septembre, il est muté au 236ème, pour combler les pertes de ce dernier régiment qui a déjà combattu dans la Somme et dans les Vosges depuis plusieurs mois.

Lors de la Bataille de la Somme commencée le 1er juillet 1916, il est blessé gravement près de Foucaucourt, dans le Santerre (Est de la Somme), transporté vers l’arrière à l’hôpital de Wiencourt-l’Equipée, il y décèdera le 6 août 1916.

Le 30 novembre 1916, un secours de 150 francs est accordé aux parents, car leurs deux seuls enfants sont au front.

Marcel venait d’avoir 21 ans le 20 juillet. Il recevra la croix de guerre avec étoile de bronze en 1922.

 La commune de Nibas ne sera officiellement avertie qu’en octobre 1926.

Son frère Charles, classe 1917, n’a pas encore 19 ans. Il est classé dans la première liste de 1915, et incorporé le 8 janvier 1916 au 21ème Régiment d’Infanterie Coloniale (RIC). En octobre 1916, il passe au 3ème RIC, puis au 24ème RIC positionné dans l’Oise, en février 1917 alors que commence le repli allemand sur la ligne Hindenburg. Il participe à la Bataille de l’Aisne, puis se trouve au Chemin des Dames à partir du 16 avril. Les pertes humaines y seront très importantes. A la fin de 1917, après un repos bien mérité dans le sud de la Marne, le 24ème RIC rejoint l’Est de Reims au Sud du Fort de La Pompelle, il y combattra plusieurs mois.

Charles sera porté disparu le 30 mai 1918, il est en réalité prisonnier mais blessé gravement à la cuisse par arme à feu. Il décède le 19 juillet 1918 au camp de Cassel  au centre de l’Allemagne.

Camp de Cassel

Inhumé dans un premier temps au cimetière de Niederzwehren, annexe de Cassel, Section 24, Rang 4, Tombe 14, son corps sera rapatrié dans la Nécropole militaire du cimetière Saint-Pierre à Amiens, sépulture n°209.

La commune de Nibas reçoit l’avis de décès officiel en décembre 1920.

Fursy et Josephine HAUDIQUERT viennent de perdre leurs deux enfants, ils n’auront pas de petits enfants et se retrouvent seuls.

Les deux frères, Marcel et Charles, ont leurs noms gravés sur le Monument aux Morts de Nibas, commune de leurs parents et de leur dernier domicile.

Les parents sont encore épiciers en 1921 à Nibas et en 1926 ils retournent tous les deux à Bourseville, commune natale de Joséphine au hameau de Marteigneville. Ils sont indiqués sans profession. Ils s’y trouvent encore en 1936, ils ont alors 68 et 65 ans.

Dans la famille HAUDIQUERT, il y a quatre petits-cousins de Marcel et Charles, ils ont tous les six le même arrière-grand-père, Pierre François HAUDIQUERT. Tous les six sont aussi cousins germains par leurs mères, Joséphine et Pélagie DEBEAURAIN, deux sœurs, ils ont donc le même grand-père maternel.

Pélagie et son époux, Wulphy HAUDIQUERT (cousin de Fursy), cultivateur-fermier, sont restés à Friaucourt, Grande Rue, avec leurs  enfants.

L’un des cousins, Fernand Irénée HAUDIQUERT, né le 14 janvier 1893, est incorporé le 28 novembre 1913 au 21ème Régiment d’Infanterie Coloniale, comme Charles. Il est présent au front dès le début de la guerre, mais en mars 1915, il est réformé pour myocardite et insuffisance rénale. Il est renvoyé à Friaucourt et décède chez lui le 20 avril 1915 à l’âge de 22 ans.

Il n’est pas Mort pour la France car décédé de maladie non imputable au service, par contre son nom est bien inscritsur le Monument aux Morts de Friaucourt.

Son frère, Léon Maurice, né le 21 janvier 1894, est affecté au 123ème Régiment d’Infanterie. Le 123ème après avoir combattu en Belgique en Août 1914, puis lors de la bataille de la Marne en septembre, se retrouve ensuite au Chemin des Dames, où il passera l’hiver 1914-1915.

Maurice est tué le 16 janvier 1915 à Vendresse dans l’Aisne au Sud de Laon.

Il allait avoir 21 ans le 21 janvier.

Léonce Gabriel, frère de Fernand et Maurice, est né le 30 avril 1895, la même année que Marcel. Il est incorporé en décembre 1914 au 73ème  Régiment d’Infanterie et change plusieurs fois de régiment. Il sera muté au  236ème, 7ème Compagnie, en septembre 1915.

Blessé à la fesse le 5 aout 1916, il retourne aux armées le 16 octobre de la même année.

Le 9 juin 1918, Léonce est fait prisonnier des allemands à Chevincourt (Oise) et interné à Soltau, le plus grand camp de prisonniers en Allemagne situé au Sud de Hambourg. Léonce y restera jusqu’à la fin de la guerre.

Rapatrié en France, il sera rattaché au 128ème Régiment d’Infanterie d’où il sera mis en congé illimité de démobilisation le 28 août 1919. 

Léonce se marie à Bourseville en 1923 et y trouve du travail comme ouvrier agricole puis cultivateur. C’est dans le hameau de cette commune, Martaigneville, qu’il finira sa vie.

Le quatrième petit-cousin, René, ouvrier agricole, né le 12 juin 1899, est ajourné en 1918 pour faiblesse et palpitations. Il est quand même incorporé en avril 1921, mais la guerre est finie, et le service militaire ne dure plus qu’un an à cette époque, il se retire alors  à Friaucourt.

Dans cette autre famille HAUDIQUERT, les deux premiers garçons, Fernand et Maurice, sont morts à la guerre, ils sont inscrits sur le Monument aux Morts de Friaucourt, le troisième, Léonce, a été prisonnier !

Les « HAUDIQUERT » ont payé un lourd tribut à cette Première Guerre Mondiale.

Merci à Jacky Haudiquert qui nous a remis la photo ci-dessous, sur laquelle se trouve son grand père Auguste, un cousin de Marcel et Charles, issu d’une autre branche de la famille HAUDIQUERT.

Auguste est assis avec un tablier blanc.

Merci à René BASTIN, pour toutes ses informations sur les prisonniers de guerre.

Danièle REMY – Didier BOURRY – Lionel JOLY

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