Léonard DUSEVAL de Bouquemaison

Il y a 130 ans, le 22 juin 1895, naissait à Bouquemaison, département de la Somme, Léonard Charles Etienne DUSEVAL, sixième enfant d’une fratrie de neuf enfants.

Bouquemaison vient de « bouquet de maisons » : à l’origine, ce village n’était constitué que de quelques fermes. Cette commune, limitrophe du Pas-De-Calais, est située à moins de 10 kms au Nord de Doullens sur la route de Frévent.

La superficie est de 715 hectares et le nombre d’habitants en 1897 est de 856. C’est une commune d’importance ordinaire et essentiellement tournée vers l’agriculture.

Il n’y a pas de cours d’eau qui traverse la commune, mais la population se ravitaille à la mare communale qui est alimentée par les eaux pluviales. Il y a aussi quelques mares appartenant à des particuliers.

Deux écoles sont présentes dans ce village : l’école des garçons qui compte 91 élèves ; l’école des filles qui compte 87 élèves, à la fin du XIXème siècle.

La route nationale de Paris à Dunkerque traverse Bouquemaison. Une station de chemin de fer sur la ligne de Frévent à Gamaches dessert le village.

Marchés et foires de la ville proche, Doullens, permettent d’écouler les divers produits agricoles.

Léonard Charles Etienne est né le 22 juin 1895 à Bouquemaison, il est le sixième enfant de Erneste DUSEVAL, tonnelier de profession.

Son père, Erneste, est né le 6 juillet 1861 à Bouquemaison et décédé le 05 février 1940 dans la même commune.

Sa mère, Eugénie LEFEBVRE, est née le 29 février 1864. Elle décédera le 11 mars 1902, quelques jours après la naissance de son neuvième enfant.

Ils se sont mariés à Bouquemaison le 28 juillet 1883, leurs parents respectifs étaient décédés.

Léonard a ainsi huit frères et sœurs, nés de cette union à Bouquemaison, rue de la Ville :

– Origène Emile Zéphir, né le 9 décembre 1883, marié le 27 avril 1907 à Bouquemaison avec Marie Marthe Eugénie TRAULLE (1887). Ouvrier agricole, puis menuisier, cantonnier au Chemin de fer du Nord,il décèdeà Paris le 06 février 1932.

– Eugène Fernand Ernest né le 30 octobre 1885, marié le 26 juin 1909 à Bouquemaisonavec Georgette Jeanne Marie PERNET (1885-1938). Eugène estemployé au chemin de fer du Nord, il décède à Bouquemaison le 29 avril 1943.

– Suzanne Léa Gabrielle née le 16 avril 1890, garde-barrière, mariée le 11 février 1911 avec Lucien LUCE (1887-1956), cantonnier au Chemin de fer du Nord. Suzanne est décédée en 1948.

– Germaine Flore née le 4 mars1892, décédée le 24 mars1892.

– Hilaire Paul Alfred, né le 7 mai 1894, décédé le 27 mars 1897. 

– Ulphie Madeleine, née le 13 septembre 1896, mariée le 9 juin 1917 à Marcel SAINT AUBIN (1894-1969), cantonnier municipal. Ulphie, servante de cour, décède le 27 septembre 1974 à Amiens.

– Hilaire Ernest Edouard, né le 2 avril 1899, marié le 30 septembre 1922 à Rebreuviette (Pas-de-Calais) avec Marguerite Rose Marie LEDRU (1901-1971) concierge à Brest. Hilaire, menuisier, décède en 1958.

– Eugénie Marie Rose, née en février 1902, mariée le 23 février 1924 avec Jean-Baptiste Victor Joseph BAUCHET (1902-1976) alors cantonnier au Chemin de fer du Nord, et décédée en 1975 à Courrières (Pas-de-Calais)

En 1911, dans la rue de la Ville, à Bouquemaison, Erneste est toujours tonnelier, il vit avec Léonard, ouvrier agricole, et Hilaire, le cadet de la famille, sans profession. Léonard habitera à cette adresse jusqu’à son incorporation.

Il a fréquenté l’école des garçons, dont l’instituteur était M. Prosper PRUVOT et a eu comme copains Georges LEFEBVRE, Abel DEVILLERS, Paul BLOQUET et Maurice LEFEBVRE, tous les quatre nés la même année que lui.

En 1914, Léonard passe le conseil de révision à Doullens, inscrit sous le n° 51. C’est un jeune homme aux cheveux châtains, les yeux jaune clair et il mesure 1m60.

Incorporé au 8ème Régiment d’Infanterie à compter du 16 décembre 1914, il arrive au corps le 18 décembre.

Le 8ème était caserné à Saint Omer avant le conflit, en août 1914 il est en Belgique avant le repli sur la Marne dès le 29. Plus de 600 hommes sont déjà hors de combat.

Au début de 1915, Léonard se trouve en Champagne du côté de Somme-Tourbe (Marne), puis à Mesnil-les-Hurlus. En mars le régiment est envoyé à l’Est de Verdun, aux Eparges où en quatre jours, il perd près de 1000 officiers et hommes de troupe, début avril.  

Le 5 mai 1915, il est porté disparu au bois d’Ailly dans la Meuse, présumé prisonnier des allemands.

Le jugement déclaratif du décès sera rendu le 18 mars 1921 par le Tribunal de Doullens et transcrit sur les registres d’État Civil le 8 avril 1921 à Bouquemaison.

Il est déclaré officiellement décédé le 5 mai 1915 au bois d’Ailly (Meuse).

Inhumé dans le bois d’Ailly, il est transféré au cimetière de Marbotte (Meuse), qui deviendra Nécropole nationale en 1922, tombe collective n° 2005 où il repose encore aujourd’hui.

La famille DUSEVAL, après avoir perdu deux enfants en bas âge et leur mère en 1902, voit disparaître Léonard en 1915. Il n’avait que 19 ans et toute la vie devant lui. Il n’a pas eu le temps de se construire un avenir.

Son frère aîné, Eugène, classe 1905, incorporé au 128ème Régiment d’Infanterie le 7 octobre 1906 jusqu’au 25 septembre 1908, a été rappelé à l’activité le 4 août 1914.

Blessé par éclats d’obus à la main droite en janvier 1915 dans les bois de l’Argonne, il passe au 89ème Régiment d’Infanterie en mars 1915, régiment positionné également en Argonne. Nommé caporal en mai 1917, il sera de nouveau blessé en octobre 1918 dans l’Aisne.

En janvier 1919, détaché dans son village de Bouquemaison étant cantonnier au titre des Sections des Chemins de fer de Campagne, il sera démobilisé le 28 mars 1919.

Après trois citations en 1916, 1917, 1918, il recevra la croix de guerre avec trois étoiles de bronze.

Son frère cadet, Hilaire, classe 1919, est menuisier quand il est incorporé en avril 1918 au 51ème Régiment d’Infanterie, passé au 128ème en août 1918, puis au 87ème en juillet 1919. Il sera nommé caporal le 21 mai 1920, étant alors dans l’armée du Rhin jusqu’en mars 1921.

Les quatre garçons nés la même année que Léonard, dans le même village, ont eu des parcours différents :

– Georges Léon Armand LEFEBVRE, né le 23 janvier 1895.

Il est le fils de Alcide Zéphir et de Mathilde Marie Aline LEFEBVRE.

Blond, aux yeux bleus il mesure 1m63.

Cultivateur, il est incorporé au 147ème Régiment d’Infanterie à compter du 3 septembre 1916.

Réformé le 16 octobre 1916 pour musculature insuffisante et mauvaise dentition, il reprendra son activité de cultivateur à la ferme familiale rue de Saint Pol.

– Paul Emile Léon BLOQUET, né le 30 septembre 1895.

Il est le fils de feu Léon et de Philomène Clara CARON.

Mineur, blond aux yeux clairs, il mesure 1m58.

Incorporé au 110ème Régiment d’Infanterie à compter du 16 décembre 1914, il est soldat de 2ème classe. Nommé caporal le 13 février 1916, Paul est blessé le 11 septembre 1916 au Bois Louage (Somme).

Il sera déclaré Mort pour la France le 16 avril 1917 à Chevreux (Aisne- Chemin des Dames), son décès n’a été constaté que le 8 août sur le champ de bataille !

Il n’avait que 21 ans.

– Abel Georges Léon DEVILLERS né le 28 novembre 1895. Boulanger, il est convoqué au conseil de révision à Doullens début 1914.

Incorporé au 8ème Régiment d’Infanterie le 18 décembre, il passe ensuite au 108ème en avril 1915, puis arrive au front au 416ème, le 1er octobre 1915.

Fait prisonnier le 7 mai 1916 à Thiaumont (Meuse) près du Ravin de la Dame, et proche du fort de Douaumont, il est interné au camp de Hamelin (ou Hameln) en Basse-Saxe d’où il sera rapatrié le 14 janvier 1919.

Passé au 72ème il est placé en sursis d’appel comme boulanger à Bouquemaison chez M. CORNET, jusqu’à sa démobilisation le 29 août 1919.

Marié en 1921 à Sailly-Flibeaucourt avec Emilie BOYARD, il continuera à exercer son métier dans divers villages samariens jusqu’à Tours-en-Vimeu où il réside en 1924, c’est là qu’il sera inhumé, après être décédé au Havre en 1980.

– Maurice Louis Léonce LEFEBVRE, né le 13 mai 1895.

Il est le fils de Louis Victor Hyppolite et de Céleste Léontine BOULLY.

Les cheveux châtains, les yeux bleus il mesure 1m76.

Au moment de son incorporation, il est cultivateur. Il rejoint le 73ème Régiment d’Infanterie à compter du 16 décembre 1914. Soldat de 2ème classe il intègre le 162ème Régiment d’Infanterie le 18 mai 1915.

La commission d’Abbeville le réforme le 18 juillet 1916 pour œdème chronique des membres inférieurs. Une pension de 20% en 1919, puis 30% en 1921 et définitivement de 50% en 1930, lui sera accordée, suite à l’aggravation de son état de santé, tout en étant agriculteur rue de Doullens à Bouquemaison. Il habitera Amiens dès 1936 et occupera alors la fonction de concierge du Musée.

Les noms de Léonard DUSEVAL et de Paul BLOQUET sont inscrits sur le Monument aux Morts de Bouquemaison.

Léonard repose pour toujours à la Nécropole Nationale de Marbotte.

Danièle REMY – Christine BARBAUT – Lionel JOLY

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