
Octave Oscar BENARD est né le 18 mai 1895 à Miraumont.
C’est à Miraumont, petit village limitrophe avec le Pas-de-Calais, que naît la rivière Ancre, affluent de la Somme rive droite. La population d’environ un millier d’habitants est composée du bourg principal et de cinq hameaux : le Moulin, la Briqueterie, la Prairie, les Royards-de-Pys et Beauregard pour une vingtaine de résidents.
Les 1400 hectares de la commune sont traversés par la ligne ferroviaire d’Amiens à Lille. La culture de céréales est la production principale, les deux sucreries, la briqueterie, les moulins ainsi que les deux fours à chaux et l’atelier de cordonnerie en font une agglomération assez importante et développée.

L’année 1895 a vu naître une vingtaine d’enfants à Miraumont dont huit garçons qui atteindront l’âge du conseil de révision, parmi eux Oscar BÉNARD né le 18 mai, il y a aujourd’hui 130 ans.
Oscar est le fils d’Henri, né à Paris en 1862. Parti en province pour trouver du travail, il se fixe dans la culture, à Puisieux une commune du Pas-de-Calais à la limite du département de la Somme. C’est là qu’il rencontre Marie DEMOULIN, une fille du pays, née en 1864. Lorsqu’ils se marient en 1883 à Puisieux, Henri est garçon de cour et Marie est bonnetière.
Tous deux, enfants naturels, sans père connu, ils habitent d’abord à Puisieux où nait en 1885 leur premier garçon, Félix (enregistré à l’état-civil de Puisieux avec le prénom Henri).

Puisieux est à 4kms de Miraumont, et c’est dans celui-ci que naîtront Sophie en 1886, Oscar en 1895 et Henri en 1898.
En 1906, rue des Héritages, à Miraumont, Marie DEMOULIN, la mère de famille est ouvrière agricole chez FRUITIER, et son premier fils Félix est domestique chez le même employeur.

En 1911, à Miraumont, la famille a déménagé rue des Fontaines, le père, Henri, est charretier, Marie est à la maison et Henri fils est apprenti cordier.
Félix s’est marié avec Adèle GOUBET, une fille de Mailly-Maillet née le 27 mars 1888, ils sont ouvriers agricoles et habitent rue des Héritages où résidaient les parents BENARD.

En 1914, Oscar âgé de 19 ans, passe au Conseil de révision dans le Canton des réfugiés, le secteur de Miraumont étant occupé par l’armée allemande depuis la fin août.
C’est un garçon boulanger d’1m54, incorporé le 16 décembre 1914, qui se présente au 9ème Bataillon de Chasseurs à Pied le 16 janvier 1915, étant en subsistance au 120ème Régiment d’Infanterie jusqu’à ce jour. Le 19 mai 1915, il passe à la 1ère Section des Ouvriers de l’Administration puis à la 4ème Section le 1er février 1916. Le 22 avril il est muté au 124ème Régiment d’Infanterie qui occupe le secteur de Massiges dans la Marne.

L’hiver 1915/1916, en plus d’être rigoureux, beaucoup de soldats ont eu les pieds gelés, a fait de nombreuses victimes dans les tranchées en raison des attaques ennemies.
Le 29 juillet 1916, Oscar passe au 67ème Régiment d’Infanterie, alors en retrait du front, après de belles prestations dans le secteur de Verdun.
Il vient cantonner au Sud de La Fère-en-Tardenois (Aisne) pour des exercices et instructions. Le 23 août, le régiment vient rendre les honneurs au Général GOURAUD, commandant de la IVème Armée sur la pelouse du champ de courses de Chantilly (Oise). Le 67ème prend ensuite le train et débarque à Marseille-en-Beauvaisis (Oise) les 6 et 7 septembre pour rejoindre la région de Conty (Somme) le 15 septembre. Le 21 c’est le retour aux tranchées dans le secteur de Suzanne, dans le département de la Somme.
Oscar sera tué le lendemain au Sud-Ouest de Bouchavesnes (Somme), (aujourd’hui Bouchavesnes-Bergen), c’est l’une des 64 victimes, tuées, blessées ou disparues de cette journée du 22 septembre 1916, journée où le 67ème est relevé par le 106ème Régiment d’Infanterie, tout juste reposé de l’enfer de Verdun.
Il sera inhumé le 24 au cimetière de Curlu avant de rejoindre la Nécropole de Biaches, aménagée à partir de 1920, tombe 695.
La transcription a été faite à Paris 1er arrondissement le 20 mars 1919.
Oscar avait 21 ans.

Des copains de Miraumont, de la classe 1915, seul Oscar est tombé au champ d’honneur.
Son frère Félix, né à Puisieux en 1885, était soldat de 2ème classe au 114ème Régiment d’Infanterie. Fait prisonnier à Saint-Quentin en octobre 1918, il est conduit à Giessen, puis au camp de Cassel en région Hesse, dans le centre-Ouest de l’Allemagne, à l’annexe de Niederzwehren. Il décèdera d’une pneumonie, le 30 octobre 1918, au « Lazaret » (hôpital militaire allemand), et sera enterré à l’endroit de sa captivité.
Son corps sera rapatrié dans la Nécropole militaire des prisonniers de guerre de Sarrebourg en Moselle parmi les 13320 tombes individuelles.
Félix avait 33 ans et l’armistice allait être signé le 11 novembre !

La transcription de son décès aura lieu le 2 septembre 1921 à Miraumont.
Le nom des deux frères BENARD, Oscar et Félix, sont inscrits l’un après l’autre, sur le Monument aux Morts de Miraumont, village où ils résidaient avant la guerre.


Danièle REMY- Didier BOURRY – Lionel JOLY
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