
Iréné Julien Bélonni COQUEL est né à Berny-sur-Noye le 11 mai 1892.
Ses parents se sont mariés à Berny le 13 décembre 1890 ; Jules, son père, a vu le jour dans la localité en 1870 et il est manouvrier. Léontine PETIT, sa maman est née en 1872 à Etaing, un village du Pas-de-Calais. Elle est journalière.
Irénée est le second d’une fratrie de huit enfants ; il a cinq sœurs, l’aînée Irène (1891), Andrea (1895), Simone (1899), les jumelles Gisèle et Gilberte (1902) et deux frères, les jumeaux Maurice et Marcel, nés en 1906. Maurice a dû disparaitre entre 1906 et 1911.

En 1899, le village compte 245 habitants. Il est traversé par un seul cours d’eau, la Noye, non navigable. Une tannerie est implantée sur les bords de cette rivière. Installée à la fin du 19ème siècle, en remplacement d’une des deux fabriques à papier, elle emploie une dizaine d’ouvriers. Les cuirs issus de cette tannerie sont exportés vers Paris.

Berny étant un village essentiellement agricole, les produits dérivés comme les blés sont fournis à la meunerie d’Ailly-sur-Noye et le lait, par l’intermédiaire de la laiterie de La Faloise, est dirigé vers la capitale.
Iréné est scolarisé comme sa sœur ainée Irène à l’école du village ; 16 garçons et 12 filles y reçoivent l’enseignement de Mademoiselle BAILLET, l’unique enseignante de Berny-sur-Noye. En 1899, l’institutrice avec ses élèves rapporte les informations locales sur la « Notice géographique et historique », un document qui est diffusé dans toutes les écoles de la Somme.

La famille COQUEL habite rue du Hamel, souvent orthographiée « rue Duhamel » par les éditeurs de cartes postales !
En 1911, Jules, le père est maintenant bûcheron à Berny-sur-Noye et Léontine, son épouse est manouvrière, ils vivent dans cette rue avec leurs cinq filles et Marcel.

Au conseil de révision d’Ailly-sur-Noye en 1913, Iréné COQUEL est ajourné pour faiblesse.
C’est un jeune homme aux cheveux châtains, il a les yeux gris-bleu et mesure 1mètre 56. Il est lamineur, vraisemblablement dans une usine métallurgique implantée au chef-lieu de canton, Ailly-sur-Noye.
Iréné est exempté en 1914 pour arrêt de développement.

Mais la guerre ayant éclaté début août, il est incorporé le 14 décembre 1914 dans la 25ème compagnie du 72ème Régiment d’Infanterie.
Après quelques mois de formation, il est plongé dans les combats de la Marne. Iréné est porté disparu le 5 mars 1915 à Mesnil-lès-Hurlus (Marne).

Le 72ème perd ce jour-là 126 fantassins tués ou portés disparus. Une quarantaine d’entre eux étaient natifs de la Somme. Beaucoup d’autres, mis hors de combat suite à blessures, ne sont pas dénombrés. Après cette bataille, ce régiment est relevé pour être envoyé sur Verdun.
Le décès d’Iréné est fixé au 5 mars 1915 suite au jugement déclaratif rendu par le tribunal de Montdidier le 13 janvier 1921 et transcrit en mairie de Berny-sur-Noye le 25 janvier 1921.
Iréné, à peine trois mois de guerre, il n’avait pas 23 ans !
Sur le Monument aux Morts de la localité, on dénombre 13 victimes de la Grande Guerre :
7 dont Iréné COQUEL, sont natifs de Berny-sur-Noye.

Durant l’année 1914, Berny-sur-Noye avait déjà perdu trois de ses fils :
Marcel BOULFROY est le premier, tombé le 7 septembre à Sermaize-les-Bains (Marne) lors de la bataille de la Marne. Marcel était né le 28 mai 1891.
Employé au chemin de fer du Nord, il est appelé au conseil de révision en 1912, puis incorporé en octobre au 120ème Régiment d’Infanterie, il passe caporal en décembre 1913, puis sergent-fourrier quand la guerre est déclarée. Porté disparu, il sera décoré de la médaille militaire à titre posthume en 1922.
Marcel n’avait pas encore 23 ans.
Remica ATTELEYN était né le 24 janvier 1876, couvreur lorsqu’il passe le conseil à Ailly-sur-Noye, il est toutefois dispensé, étant l’aîné d’une famille de huit enfants.
Incorporé en novembre 1897 au 120ème, il est envoyé en congé en septembre 1898, il fera deux périodes d’exercice en août 1903 et en septembre 1906 dans le même régiment.
En 1906, habitant toujours à Berny, il est marié. Couvreur, il est patron et également ouvrier à la Compagnie Sucrière d’Ailly-sur-Noye, emploi de couvreur qu’il occupe encore en 1911. Rappelé le 4 août 1914, il est porté disparu, étant au 16ème Régiment d’Infanterie Territoriale, le 3 octobre 1914 à Courcelles-le-Comte (Pas de Calais), il sera également décoré de la médaille militaire à titre posthume en 1922. Il avait 38 ans et laisse une veuve et deux enfants.
Le 28 octobre 1914, Albert DUSART est tué à La Harazée (Marne). Il était né le 27 janvier 1881, sans profession il est incorporé au 128ème Régiment d’Infanterie en novembre 1902, passé caporal en janvier 1904, il est en congé en septembre 1905. Lui aussi avait accompli deux périodes au 120ème en novembre 1910 et en mai 1911. Rappelé à l’activité le 2 août 1914, il passe dès le 15 septembre au 272ème Régiment d’Infanterie, nommé caporal le 22 octobre 1914, il n’aura l’honneur de porter ce grade qu’une semaine. Son épouse recevra un secours immédiat de 200 Francs le 15 novembre suivant. Albert avait 33 ans.

En 1915, deux soldats, nés dans l’Oise, mais demeurant à Berny tomberont également au champ d’honneur, comme Iréné COQUEL :
Georges JACQUET, de Breuil-le-Vert où il était né le 19 mars 1896, pupille de l’Oise, il est berger.
Engagé volontaire le 31 décembre 1914 à Beauvais, soldat au 8ème Bataillon de Chasseurs à Pied, il est tué à l’ennemi à Auberive-sur-Suippes (Marne) le 25 septembre 1915. Georges n’avait pas vingt ans !
Henri SERET, né à Sacy-le-Grand le 12 mai 1877, est blanchisseur et habite d’abord à Boves (Somme) lors de son appel au conseil de révision.
Il est incorporé au 128ème Régiment d’Infanterie le 16 novembre 1898 et envoyé dans la disponibilité le 25 septembre 1901. Il devient cantonnier de la Compagnie du Nord en 1907 et, en 1913, s’installe à Berny.
Henri est rappelé le 1er août 1914 au 12ème Régiment d’Infanterie Territoriale, il est nommé caporal le 16 juillet 1915 et décèdera de ses blessures à l’Ambulance 2/82 à Saint-Jean-sur- Tourbe (Marne) le 11 octobre 1915. Il avait 38 ans, une femme et deux enfants !
Son corps repose au cimetière de Berny-sur-Noye.


En 1965 la commune de Berny-sur-Noye a été absorbée administrativement comme celle de Merville-aux-Bois, par Ailly-sur-Noye. Ce qui amène maintenant à honorer les « Morts pour la France » de ce bourg devant trois monuments implantés sur son territoire.
Danièle REMY – Jean DELHAYE – Lionel JOLY
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