Il n’a pas connu 1915… Gabriel CORET de Puchevillers

Gabriel Alfred est né le 1er septembre 1877 à Puchevillers de Ferdinand, menuisier âgé de 34 ans et Adèle DHEILLY, ménagère de 39 ans. Ferdinand, originaire de La Cauchie, petit village du Pas de Calais, est venu s’installer comme menuisier à Puchevillers où il a rencontré sa promise. Ils se sont mariés à la mairie de ce village le 10 février 1869 à 9 heures du soir.  Gabriel est le dernier enfant d’une fratrie composée de Anselme né le 27 mai 1869, François le 4 février 1873 et Angèle ou Angéline le 4 novembre 1874.

La famille habite Rue d’En Bas : rue très pentue au nord de l’église de Puchevillers. En cette fin de XIXème siècle, la commune de près de 700 habitants est surtout composée de petits cultivateurs qui, l’hiver, teillent le lin produit localement, la production laitière est destinée à la laiterie de Raincheval, le village voisin. Une petite centaine d’ouvriers travaillent pour l’industrie de la chaussure amiénoise. Quelques commerces permettent au village de s’épanouir.

En 1881, Ferdinand le père a appris le métier à Anselme, qui malgré son âge, à peine 12 ans, travaille avec lui à la menuiserie ; Gabriel est encore trop jeune.                                                                                            

Anselme l’aîné, après son conseil de révision à Acheux-en-Amiénois avec un niveau d’instruction moyen, devenu terrassier à Puchevillers, est incorporé au 72ème Régiment d’Infanterie à Amiens le 13 novembre 1890. Il sera libéré de ses obligations militaires le 26 septembre 1893 avec un certificat de bonne conduite. Il effectue ensuite 2 périodes d’exercice en octobre 1895 au 328eme Régiment d’Infanterie puis en septembre 1899 au 128e. Il fera une 3ème période d’exercices en 1905 à la 2ème Section d’infirmiers.

Dès 1908 Anselme réside à Bouchavesnes où il est prêtre, puis à Vaux-sur-Somme en 1912.

A la mobilisation il est rappelé le 3 août 1914 dans la 22ème Section d’infirmiers militaires et participe à l’aide aux blessés lors de la bataille des frontières en Belgique et le repli à partir du 24 août. Anselme est capturé à Givet dans les Ardennes le 31 août et sera interné dans différents camps de prisonniers en Allemagne, notamment à Münden en Basse-Saxe de mai 1915 à septembre 1916, puis à Langensalza où vu son âge, il sera rapatrié à Lyon le 10 octobre 1916.

Camp de prisonniers de Hann. Münden

Anselme est de nouveau dirigé vers la 22ème Section d’Infirmiers en février 1917, mais il est réformé pour aortite le 10 mars 1917. Il se retire alors à Puchevillers ne pouvant retourner dans l’est de la Somme sous occupation allemande.

En 1919 il rejoint la paroisse de Vaux sur Somme, et en 1931 il revient à Puchevillers, rue d’En Bas, comme curé de son village natal. Il y vivra avec sa sœur Angéline jusqu’à son décès le 23 mars 1940.

François né en 1873, est exempté de service militaire en 1893. De santé fragile, il perd la vie le 29 mars 1894 à Puchevillers. C’est son père, Ferdinand le menuisier du village, accompagné de Clément BERGO, le voisin, débitant de boissons qui déclareront son décès.

Ferdinand décédé le 8 octobre 1910, est déclaré à la mairie par Gabriel, son fils de 33 ans, et Clément Bergo devenu garde-champêtre.

Gabriel né en 1877, est un jeune homme aux cheveux châtains, aux yeux bleus, il mesure 1m.73. Il est menuisier comme son père lorsqu’il passe le conseil de révision à Acheux. Déclaré bon pour le service, il est incorporé au 9ème Régiment de Cuirassiers en garnison à Noyon (Oise) le 16 novembre 1898, il partira en disponibilité le 27 septembre 1901 avec le certificat de bonne conduite. Gabriel va retrouver son métier et sa famille dans son village natal.

Revenu à la vie civile, il effectue une période d‘exercices en 1904 au 2ème escadron du train, au 128ème Régiment d’Infanterie en 1907 comme conducteur, et en 1912 au 14ème Régiment d’Infanterie Territoriale. Rappelé à la mobilisation au 328ème à Abbeville le 4 août 1914, ce régiment de réserve embarque le 8 août, en direction de Dun-sur-Meuse, avec un effectif de 2262 hommes en 2 bataillons et 132 chevaux.

Positionné sur les bords de Meuse, au nord de Verdun, le 328ème prend la direction de Montmédy vers la Belgique, étant en réserve du 128ème. Après le repli sur la Marne début septembre, le régiment de Gabriel prend la direction de l’Argonne et se positionne vers Le Four de Paris, Vienne-le-Château, Saint-Hubert.

L’hiver commence dans les tranchées, sans aucun confort, dans une vigilance de tous les instants, à la merci de la canonnade ennemie, les hommes du 328ème repoussent les attaques mais tiennent le terrain. A partir du 17 décembre, à La Harazée (Marne), dans un terrain boisé et accidenté, ce régiment résiste pendant plusieurs jours, les pertes s’intensifient.

Le 31 décembre 1914, Gabriel CORET, soldat de 2ème classe du 328ème Régiment d’Infanterie, 5ème Bataillon, 20ème Compagnie est « déclaré tué à l’ennemi au Bois de La Gruerie, commune de Vienne-le-Château (Marne) » par le sous-lieutenant BESSON, officier d’état-civil, suivant les déclarations de Jules LECOINNET et de Ernest SCHUPPE sergent, tous deux de la 20ème Compagnie, à partir de la déclaration suivante « vu la proximité de l’ennemi, il nous a été impossible de nous transporter sur le lieu du décès ».

Gabriel ne connaîtra pas la nouvelle année…

Il avait 37 ans.

La transcription de son décès sera effectuée le 2 mai 1915 à Puchevillers.

Son nom est inscrit sur le Monument aux Morts de son village natal, c’est le dernier de la liste des victimes de l’année 1914.

Adèle DHEILLY, veuve de son époux Ferdinand CORET vient de perdre un deuxième fils Gabriel, victime de cette guerre brutale, un troisième, Anselme est prisonnier en Allemagne en cette fin d’année 1914.

Elle habitera toujours Puchevillers, près de son unique fille Angélique, qui décèdera le 25 janvier 1949 dans la maison familiale de la Rue d’En Bas, maison qu’elle n’a jamais quittée.

Route d’Arras ou rue d’En Bas

Le village de Puchevillers a hébergé un hôpital de campagne de l’armée britannique à partir de 1916, un cimetière militaire y regroupe 1761 tombes de soldats tués lors de la 1ère guerre mondiale.  

Danièle REMY et Lionel JOLY

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