
Le 30 décembre 1892, Joseph CAUCHETIER, un maraicher, domicilié Grande Rue à Rivery, déclare la naissance d’Albert Léon, son petit-fils. Celui-ci a vu le jour le 28 décembre. Sa maman Jeanne est couturière et elle est âgée de 20 ans. Le 13 mars 1896, Jeanne CAUCHETIER mettra au monde un autre garçon prénommé Raymond.
Ces deux enfants seront légitimés lors du mariage de leur maman avec Léon LELIEVRE le 6 février 1897 à Rivery.
Léon LELIEVRE, natif de Daours, est alors âgé de 28 ans.

Léon habite rue du Moulin à Rivery. Quant à Jeanne, elle est vestonnière et réside alors chez ses parents à Amiens, sa ville natale.
Ce mariage durera un peu plus de deux ans, les époux LELIEVRE-CAUCHETIER divorceront le 5 mai 1899. Leurs deux garçons sont encore bien jeunes : Albert est dans sa septième année, Raymond vient d’avoir trois ans.
Très vite les ex-époux « refont leur vie ». Jeanne CAUCHETIER se remarie avec Gaston DEMAGNEZ, né à Beauquesne en 1870. Le mariage a lieu à Amiens en 1905 où Gaston exerce la profession de garçon de magasin.
En 1906, ils résident rue Robert Lecoq à Amiens. La famille est alors composée de deux garçons, Gaston et Kléber, les enfants de Gaston DEMAGNEZ, nés d’un mariage antérieur et de deux autres enfants que Jeanne CAUCHETIER a mis au monde : Yvonne, giletière, née en 1890 et reconnue par sa mère comme enfant naturel en 1899, et Raymond né en 1896.
Quant à Albert, il va rester dans la sphère de son père, employé de commerce. Celui-ci épouse le 5 août 1907 à Amiens, Eugénie CORNU. Ils habitent alors au 192 de la rue Saint-Honoré à Amiens avec son demi-frère, Eugène, né en 1902.
La famille LELIEVRE-CORNU s’installe ensuite rue du Château à Allaines près de Péronne. En 1911 le père de famille y est cultivateur, aidé par les membres de sa famille.

Albert, reconnu apte pour le service militaire lors du conseil de révision qui se tient à Péronne, est incorporé au 120ème Régiment d’Infanterie le 9 octobre 1913. Sous le matricule n°4930, il fait partie de la 2ème compagnie du 1er bataillon de ce régiment. Il rejoint Stenay dans la Meuse où le 120ème R.I. est depuis quelques temps cantonné.

Après la déclaration de la guerre du 2 août 1914, Albert LELIEVRE ne reverra plus la Somme : il tombe très vite face à l’ennemi. Voici l’extrait du Journal Officiel du 1er septembre 1922 lui rendant hommage : « Soldat courageux et dévoué tombé en brave face à l’ennemi le 22 août 1914 en se portant à l’attaque du village de Bellefontaine. Croix de guerre avec étoile d’argent ».
Albert accomplissait son service militaire, pour lui et tant d’autres, la guerre aura duré vingt jours, et s’est terminée par ce samedi sanglant à Bellefontaine en Belgique, il n’avait pas encore 22 ans.
Albert LELIEVRE repose sépulture n°472 au cimetière militaire situé sur la plaine du Radan près de Bellefontaine.

Le 26 février 1921 le jugement attestant son sacrifice est transcrit en mairie d’Allaines. Son nom figure sur le Monument aux Morts de cette commune, comme sur celui de Rivery où il est né.
Son frère Raymond, coupeur de confection, aura un tout autre destin : engagé volontaire pour quatre ans le 7 février 1915, il fera toute la guerre dans l’artillerie et sera mis en congé illimité le 19 août 1919. Il se retire à Rivery. Affecté à la Société Amiénoise du Vêtement installée au 86 rue Saint Roch à Amiens, il deviendra chef de coupe.
Raymond est décédé à Rivery en 1973.


Jean Delhaye – Danièle Remy – Lionel Joly
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