Alcide CANTILLON et ses frères de NAOURS à AILLY-SUR-SOMME

François FOURDINOY, maire de Naours, a vu comparaitre le 8 décembre 1893, François dit Jules CANTILLON, ouvrier de 33 ans, qui lui a présenté son fils né la veille à son domicile à sept heures du soir, de son épouse Alphonsine DULOUART, ouvrière de 28 ans.

L’enfant portera les prénoms d’Alcide, Gustave, Léon, l’instituteur du village Hippolyte LOUETTE et son adjoint Zénobe QUINT en sont les témoins.

Jules et Alphonsine s’étaient mariés le 25 octobre 1884 à Naours, village dont ils étaient originaires et où ils demeuraient.

Emile est le premier enfant du couple, né en janvier 1886, suivi par Julia en octobre 1887, Julien en décembre 1888, Emilien en juillet 1892, Alcide en décembre 1893, puis Gustave en décembre 1896 et Léa en mars 1898, toute cette belle fratrie est née à Naours : deux filles et cinq garçons qui fréquenteront l’école du village avec Hyppolyte ou Zénobe.

En 1906, la famille a déménagé à Ailly-sur-Somme, au lieu-dit Les Cités, le père Jules, est désormais ouvrier de fabrique chez Carmichael avec cinq de ses enfants.

L’industrie textile française a introduit, dès 1843, une nouvelle fibre issue d’une plante ligneuse, originaire du Bengale, le jute. Carmichael à Ailly-sur-Somme est devenue une manufacture réputée, et permet aux habitants du village dy trouver un travail.

En 1911, ils ne sont plus que trois enfants avec les parents, tous employés chez Carmichael.

En 1913 et 1914, Alcide est exempté pour faiblesse malgré ses 1.72m. Mais les besoins de l’armée sont importants, il faut compléter les effectifs, les batailles de Verdun et de la Somme ont décimé les régiments depuis le début de 1916, aussi, Alcide est déclaré bon pour le service armé en mai 1916.

Il est incorporé au 91ème Régiment d’Infanterie, caserné à Mézières dans les Ardennes avant le conflit.

Après quelques mois d’instruction, Alcide part aux armées le 17 février 1917.

Le régiment est en Algérie pour contribuer au maintien de l’ordre dans la région de Constantine où des troubles avaient éclaté fin 1916. Il rentre en France début avril 1917 et après une nouvelle période d’instruction en Haute-Saône en compagnie des 72ème et 136ème R.I., le 91ème est envoyé dans la Somme en avant de Roye face à Saint-Quentin, un secteur reconquis sur l’ennemi depuis quelques semaines.

Fin juin, c’est au Chemin des Dames, vers Cerny-en-Laonnois  que le régiment doit occuper le terrain, il est relevé le 6 juillet pour un repos à la Ferté-Milon. A partir du 17 août il retournera au combat, entre les rivières Aisne et Ailette.

Début janvier 1918, le régiment est transporté par camions au Nord de Vitry-le-François dans l’attente d’une possible attaque en Champagne. Dès le mois de mai, il remonte par Pont-Sainte-Maxence, Beauvais, Amiens, prêt à attaquer sur la rivière Avre. Fin mai il se dirige vers l’Aisne, à l’Est de la forêt de Villers-Cotterets où il doit contenir l’ennemi. Celui-ci se manifeste rapidement mais ne peut progresser, le 91ème résiste !

Le 13 juin 1918, Alcide sera tué à l’ennemi sous les bombardements ennemis à Montgobert, situé en bordure de la forêt.

Il sera inhumé d’abord dans le cimetière de ce village, avant son transfert à la Nécropole Militaire de Villers-Cotterets le 8 janvier 1923.

Une citation à l’ordre du régiment en date du 29 juin 1918 précise : Excellent soldat, brave et courageux, mortellement frappé à son poste de guetteur au cours du bombardement- Croix de guerre avec étoile de bronze.

Alcide n’avait que 24 ans. Son nom est gravé sur le Monument aux Morts d’Ailly-sur-Somme, son village d’adoption.

– Emile son frère aîné de la classe 1906 est ouvrier agricole à Courdimanche (Val-d’Oise) quand il passe au Conseil de Révision. Déclaré bon pour le service, il est incorporé au 51ème Régiment d’Infanterie le 7 octobre 1907, réformé le 5 août 1908, il rentre à Ailly-sur-Somme au n°22 de la 1èrecité. Il est de nouveau incorporé au 51ème R.I. du 6 août 1909 au 25 septembre 1909.

Emile se marie à Ailly-sur-Somme avec  Laurentine GOURGUECHON le 5 novembre 1910, un fils prénommé Emile naîtra en 1911.  

Rappelé à l’activité le 3 août 1914, il fera toute la guerre au 251ème.

Il reçoit une citation pour « sa plus belle attitude au feu… » en septembre 1917.

Evacué pour maladie du 15 mai au 31 août 1918, il est libéré le 21 août 1919 et se retire à Saint-Sauveur (Somme), où en 1921 il exerce la profession de soudeur. Une fille prénommée Emilienne, née en 1920, complétait la fratrie.

– Gustave, son frère cadet, est homme de peine au  moment du Conseil de Révision en 1915 à Picquigny. Il est incorporé dès le 11 avril au 45ème Régiment d’Infanterie pour son instruction avant de rejoindre le 62ème R.I. en décembre 1915 dans la région de Tahure (Marne). Dès février 1916, alors que l’ennemi déclenche son offensive sur Verdun, le 62ème gagne le secteur en camions en empruntant la célèbre Voie sacrée, route historique qui relie Bar-le-Duc à Verdun dans la Meuse.

La Voie sacrée

Gustave participe à la bataille de Verdun jusqu’au 15 août 1916 où il rejoint le 341ème R.I.

Il quitte Verdun en février 1917 pour l’Argonne, région guère plus hospitalière, dans la boue, les tranchées effondrées, sous le sifflement des obus…

Relevé en septembre, il part pour le Nord de l’Italie, entre Bergame et Vérone. Il reprend la direction de la France et arrive à Beauvais le 1er avril 1918 pour rejoindre Louvrechy (Somme).

Dépôt de matériel du 341ème RI près de Louvrechy en avril 1918

Gustave sera fait prisonnier le 3 août 1918 à Regnéville-sur-Meuse. Interné au camp de Darmstadt (Allemagne), il sera rapatrié le 17 décembre. Envoyé en congé illimité le 30 août 1919, il se retirera à Ailly-sur-Somme.

Nécropole nationale de Villers-Cotterets

Danièle REMY  –  Lionel JOLY

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