Né le 28 novembre 1892, Henri MADUREL est le fils d’Eugène MADUREL et de Stella FOURNIER.

Eugène est originaire de Grivesnes et Stella de Pierrepont-sur-Avre. Situés dans deux cantons différents, celui d’Ailly-sur-Noye et celui de Moreuil, ces deux villages du Sud-Est de la Somme ne sont distants, l’un de l’autre, que de 6 kilomètres.
Augustin QUENTIN, adjoint au maire de Pierrepont, déclare Eugène et Stella unis par les liens du mariage le 12 octobre 1877. La petite Berthe, née quelques mois plus tôt, peut alors en toute légalité porter le patronyme de son père.

Viennent ensuite Claire, Georges, Estève, Paul, Henri, Eugène, Stella et Georgette. Du fait de la grande différence d’âge dans la fratrie – Berthe a déjà 22 ans quand naît Georgette – la fratrie n’est que rarement réunie au complet dans la petite maison de la rue de Bouillancourt-la-Bataille à Pierrepont où vit la famille MADUREL.
Eugène, le père, est charpentier. Quand l’école est finie, les fils aînés deviennent journaliers ou manouvriers, avant d’être embauchés à la cartonnerie MINGUET et AZOEUF de Contoire, village mitoyen de Pierrepont.

Alors qu’elle n’a pas encore 55 ans, Stella, la mère, meurt laissant Eugène, le père de famille, avec 5 des enfants vivant encore à la maison. Il n’y a plus d’enfant en bas-âge. Les 3 garçons travaillent à la cartonnerie complétant le salaire du père pendant que les deux benjamines assurent les tâches ménagères.
L’agriculture et la cartonnerie sont les deux activités dominantes dans le secteur. Le chemin de fer apporte également son lot d’emplois. Le fonctionnement de la gare d’Hargicourt-Pierrepont et l’entretien de la ligne de chemin de fer Amiens-Compiègne nécessitent de la main d’œuvre. Il y a le chef de gare, le comptable, des employés de gare, les garde-barrières, le garde-sémaphore et de nombreux cantonniers. Après leur service militaire, les fils MADUREL se font embaucher par la Compagnie du Nord de chemin de fer.

Henri MADUREL est cantonnier au chemin de fer. C’est la profession qu’il déclare devant les membres du Conseil de révision réuni à Moreuil. Jugé apte au service armé, Henri rejoint le 72e Régiment d’Infanterie d’Amiens le 9 octobre 1913. Il part pour effectuer les deux années obligatoires de service militaire. Quand il sera libéré, en septembre 1915, il retrouvera son emploi de cantonnier au chemin de fer. Il pourra alors penser à fonder une famille. A Pierrepont ou ailleurs…

Le 2 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Les appelés du 72e RI sont opérationnels. Le 5 août, Henri quitte Amiens avec tous ses copains de régiment pour l’Est de la France. Après 9 heures de trajet en train, ils arrivent dans le Nord du département de la Meuse, à quelques kilomètres de la frontière belge. L’épreuve du feu a lieu le 23 août près de Meix-devant-Virton, près de la frontière franco-belge. Puis d’autres combats fin août, dans la Meuse, provoquent morts et blessures autour d’Henri.

Le 4 septembre 1914, le 72e RI est dans le sud de la Marne. L’objectif qui lui est fixé est d’arrêter la progression des troupes allemandes vers Paris et de garder les ponts sur la Saulx, l’Ornain et le canal de la Marne. Le 10 septembre, Henri est gravement blessé. Une balle lui a traversé le mollet.
Henri est évacué vers un hôpital de l’arrière pour y être soigné. La balle a provoqué beaucoup de dégâts. Henri évite l’amputation mais le séjour en hôpital est interminable. Après une période de convalescence, Henri MADUREL peut rejoindre le dépôt du 72e RI à Morlaix en Bretagne. Il est resté hospitalisé 1 an. Il quitte l’hôpital un an jour pour jour après les combats de la Marne. Une année à espérer, chaque jour, que la guerre va s’arrêter et qu’il ne faudra pas retourner sur les champs de bataille…

Le 11 septembre 1915, Henri est envoyé au dépôt du 72e RI à la caserne Guichen de Morlaix. Deux mois plus tard, il est envoyé au front avec le 87e Régiment d’Infanterie. Comme pour tous ceux qui subissent une longue hospitalisation, le retour ne s’effectue jamais dans le régiment d’origine. Le traumatisme de n’y retrouver aucun des copains du début de la guerre risquerait d’être trop fort.
A l’été 1916, Henri MADUREL participe à la Bataille de la Somme sur le plateau du Santerre, à quelques kilomètres de chez lui. Le 16 septembre 1916, il est tué. Il avait 23 ans.

Mobilisé lui aussi dans l’Infanterie, son jeune frère, Eugène, a été blessé gravement. Il a perdu l’œil droit par éclats d’obus.
Quant aux frères aînés, le choix de travailler pour le chemin de fer leur a peut-être sauvé la vie. Bénéficiant d’une affectation spéciale à la Compagnie du Nord, s’ils ont, eux aussi, pris des risques dans cette activité menée quelquefois au plus près des champs de bataille, ils n’ont jamais combattu une arme à la main.

Henri MADUREL a eu la malchance d’être affecté sous les drapeaux dans l’infanterie quand la guerre a éclaté.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Pierrepont-sur-Avre.
Lionel JOLY et Xavier BECQUET
L’ancienne commune de Pierrepont-sur-Avre est intégrée depuis 2019 à la nouvelle commune de Trois-Rivières composée également des villages de Contoire-Hamel et d’Hargicourt.
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