
Alfred COTRELLE, le père d’André, bien que né en 1863 à Authuille, petite commune au nord d’Albert, est recensé en 1872 à Ovillers-La-Boisselle, village qui se trouve à moins de dix kilomètres.
Les parents d’Alfred ont déménagé après la naissance d’Arthur, un deuxième garçon, né en 1865. Alfred n’a que 2 ans.
En 1872, Authuille, qui se trouve dans la vallée de l’Ancre, ne compte que 217 résidents alors qu’Ovillers-la-Boisselle a plus de 500 individus répartis en deux bourgs distants d’environ 1 kilomètre, dont la fusion remonte au XVIIIème siècle.
Ovillers et La Boisselle ont presque le même nombre d’habitants. Une quarantaine de personnes sont cultivateurs ou fermiers–propriétaires et 240 autres sont domestiques, journaliers dans les métiers de la terre. Une soixantaine exerce les métiers divers de cette époque, couvreur, ramoneur, cordonnier et d’autres professions libérales comme l’instituteur Nestor CHATELAIN, le curé Joseph ROUSSELLE, et des rentiers qui vivent des revenus de leurs propriétés.
En 1882, à Ovillers-la-Boisselle, la famille COTRELLE dont le père est marchand de bois, habite la Grande Rue et, tout proche, dans la Rue du Cul de Sac, réside la famille RENARD, le père, Nicolas, est journalier.

Chez les RENARD, il y a huit enfants, dont la petite dernière Adeline née en 1871, et chez les COTRELLE, ils sont maintenant cinq enfants avec Alfred. Ils n’habitent pas très loin l’un de l’autre et tout le monde se connait dans ce village.
Adeline et Alfred grandissent chacun de leur côté, mais à l’adolescence ils se rapprochent et le 16 juillet 1892, ces deux jeunes se marient à la mairie d’Ovillers-la-Boisselle, mariage célébré également à l’église d’Ovillers par M. Caron le curé du village : Alfred a 29 ans et Adeline 21 ans et l’avenir devant eux.
Le 15 juin 1895, il y a 130 ans aujourd’hui, nait leur premier garçon André. Puis Emile en 1897, Vincent en 1900 et René en 1902.

Au recensement de 1911, les parents Alfred et Adeline vivent avec les deux derniers enfants, Vincent et René. André qui a 16 ans et Emile 14 ans ne vivent plus à Ovillers-la-Boisselle. Pourtant André, à ses 20 ans, est déclaré habiter à Ovillers et exercer le métier de menuisier, son frère Emile est manouvrier à Bonnay.
André est un garçon aux yeux bleus, et mesure 1m62. De la classe 1915, il s’engage volontairement pour la durée de la guerre, le 15 octobre 1914 à la mairie d’Abbeville, étant classé parmi les réfugiés du canton de Péronne, alors zone occupée par l’ennemi.
Il est incorporé au 6ème Régiment de Chasseurs le 18 octobre. Son instruction terminée, il part en campagne le 27 décembre.
Le colonel Louis SEIGNEUR a commandé ce régiment caserné à Lille jusqu’au début de la guerre.

En septembre 1914, le régiment fait partie de la 4ème Brigade de Cuirassiers qui elle-même dépend de la 3ème Division de Cavalerie à Compiègne.
Il participe à la première bataille de la Marne début septembre, puis àla bataille de l’Yser (Belgique) en octobre 1914. C’est dans les tranchées aux alentours de Baconnes, près de Mourmelon (Marne) qu’André commence « sa guerre ».
En 1915, c’est aux Eparges, puis dans le secteur de Verdun qu’André va combattre.
En 1916, il est engagé dans les batailles de Verdun et ensuite celle de la Somme, avant deretourner en Champagne dès octobre.
En 1917, présentd’abord à l’offensive sur l’Aisne en avril, il participe avec des combattants Belges à la deuxième bataille de l’Yser.
André est nommé brigadier.
En 1918, il se trouve au cœur de la deuxième bataille de la Marne à Villers-Cotterêts.

Le 9 juin 1918, André est cité à l’ordre du régiment : ‘’soldat très calme, énergique, volontaire pour les missions dangereuses, il s’est distingué en juin en faisant les liaisons entre les éléments avancés sous des violents bombardements’’. A ce titre, il a reçu la croix de guerre.
Evacué à l’arrière le 26 octobre pour maladie, il est soigné à l’hôpital sanitaire régional Saint-Claude de Besançon, mais la maladie est trop grave, le corps est fatigué de ces quatre années de guerre, il décède le 11 mars 1919, 4 mois après la signature de l’armistice ! André n’avait pas encore 24 ans.

Son frère Emile, né le 22 mai 1897, est manouvrier, il mesure 1m61 et a également les yeux bleus. Il s’engage aussi volontairement le 1er mai 1915 à la mairie d’Amiens. Il a 18 anset rejointle 6ème Régiment de Chasseurs comme son frère aîné.
Après avoir reçu son instruction militaire, Emile ne partira aux armées qu’en juin 1916.
Détaché au 15ème Régiment d’Artillerie comme téléphoniste, il sera cité à l’ordre du régiment en septembre 1916 pour son dévouement à réparer les lignes téléphoniques coupées par les bombardements.

Le 6 septembre 1919, il est mis en congé illimité de démobilisation avec le certificat de bonne conduite. Il se retire d’abord à Méricourt-l’Abbé, puis de nouveau à La Boisselle, route de Contalmaison.
En 1926 Emile, typographe au Progrès de la Somme, vit avec sa femme Elise et leurs deux premières filles. En 1935 il est libéré de toutes obligations militaires car il a sept enfants vivants. Il décède à Albert en 1981.
Le deuxième frère, Vincent, né en 1900, habite à Canny-sous-Thérain (Oise) lors de ses vingt ans, comme réfugié, il ne connaitra pas la guerre. Bonnetier, il accomplira son service militaire de mars 1920 à mars 1922, dans un régiment d’infanterie coloniale.
En 1921, le troisième frère René, manouvrier aux Ponts et Chaussées habite avec ses parents Alfred et Adeline, Grande Rue à Méricourt-l’Abbé. En 1926,garçon boulanger chez Langlet, il réside chez Amélina DARRAS, avec son fils Alfred, prénom de son grand père.

Les villages d’Authuille et Ovillers-la-Boisselle sont occupés par les allemands. Dès la fin août 1914, l’ennemi s’approche d’Amiens, mais une contre-offensive les repousse et la ligne de front s’établit jusque dans Ovillers. La guerre des tranchées commence et aussi la guerre des mines. C’est ici qu’aura lieu une féroce bataille entre les allemands et les bretons du 19ème Régiment d’Infanterie qui sera décimé, lors du combat d’Ovillers-la-Boisselle le 17 décembre 1914. Un calvaire a été érigé pour rendre hommage aux bretons tombés en cette terrible journée, sur le territoire du village.

Les soldats français vont se déplacer vers l’Est pour laisser la place aux troupes anglaises.
Le 1er juillet 1916 à 7h28, deux énormes mines explosent pour indiquer l’assaut des anglais sur tout le front.
Un cratère reste encore visible aujourd’hui :il fait 91 mètres de diamètre pour une profondeur de 21 mètres.
Il a été appelé « Lochnagar Crater » ou Trou de mines de La Boisselle.

La bataille de la Somme vient de commencer, elle entrainera malheureusement beaucoup de morts dans les rangs anglais pour peu de kilomètres gagnés.
Un carré militaire français est intégré au cimetière anglais d’Ovillers, il contient 120 tombes françaises dont de nombreux bretons issus du 19ème Régiment d’Infanterie basé à Brest avant le conflit.

Avant les combats, les habitants d’Ovillers avaient évacué, la famille COTRELLE a choisi Méricourt-l’Abbé. Certains y resteront et ne reviendront pas dans leur village d’origine en 1919.
En 1921, la population est tombée à 119 résidents, pour remonter à 330 en 1936.
Alfred COTRELLE, le père d’André, avait un frère Vincent, dont deux fils ont participé à cette guerre :
Alphonse COTRELLE, né en 1869, journalier, a effectué son service militaire de trois ans en 1890 au 87ème Régiment d’Infanterie. Il est rappelé le 1er aout 1914. Pendant un an il est affecté à la ligne des Chemins de Fer du Nord Arras-Longueau, puis passe au 16ème Régiment d’Infanterie Territoriale, et rejoint ensuite le 10ème Régiment d’Artillerie à Pied. Il est mis en sursis d’appel en février 1918 comme ouvrier chez M. DURIEUX à Amiens. Alphonse est libéré définitivement le 30 novembre 1918, mais ne retourne pas à Ovillers.
Omer COTRELLE, l’autre oncle d’André, né en 1881 est journalier. D’abord dispensé pour soutien de famille, il est incorporé en novembre 1902 au 120ème Régiment d’Infanterie, il est mis en disponibilité en septembre 1903.
Rappelé à l’activité le 11 août 1914, il est blessé au tibia gauche par éclats de grenade, puis à l’épaule droite. Il est fait prisonnier au Bois de la Gruerie (Argonne) le 7 octobre 1914. Soigné pour sa blessure à l’épaule, il sera d’abord interné à Limburg, puis finira sa captivité à Darmstadt. Rapatrié le 12 février 1919, il sera envoyé en congé illimité de démobilisation le 8 mars 1919.

Omer habitera ensuite à Acheux-en-Amiénois. De par ses blessures, il sera titulaire d’une pension définitive à 16% en 1938.
Bien que les deux bourgs forment une seule commune, il y a deux monuments aux morts. Le nom d’André COTRELLE est inscrit sur le monument d’Ovillers, ainsi que les noms de quatre autres jeunes décédés pendant cette guerre. Deux d’entre eux étaient nés la même année qu’André.
André Léon HENNEQUEZ est né le 11 novembre 1895 à Ovillers, de Eleonor et Blanche RENARD. Boulanger, il est incorporé le 16 décembre 1914 au 120ème Régiment d’Infanterie. Arrivé au corps le 14 novembre 1914, il passera au 409ème le 10 mars 1915.
Disparu le 8 mars 1916 à Vaux-devant-Damloup (Meuse) pendant la Bataille de Verdun, il sera déclaré Mort pour la France le 16 mars 1916.

Sur une tombe familiale au cimetière communal d’Ovillers-la-Boisselle, est inscrit le nom de Léon HENNEQUEZ.
Paul Adrien Alexandre LARDET né le 16 février 1895 a dû quitter Ovillers dans sa jeunesse. Son père, Claude Marie, originaire de Saône-et-Loire et résidant à Paris, a épousé Marie Sylvie LECLERCQ à Ovillers-la-Boisselle, il est décédé en 1913.
Paul, employé, habitant Vincennes, est incorporé au 4ème Bureau de la Seine pour le 4ème Régiment d’Infanterie, le 19 décembre 1914. Passé au 405ème le 9 mars 1915, il est blessé au front par éclat d’obus le 28 août 1915 à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais). Paul y sera déclaré Mort pour la France le 28 septembre 1915.
Il est aussi inscrit sur le Monument aux Morts de Vincennes.
Sur le Monument aux Morts de La Boisselle, il y a également cinq noms de soldats inscrits pour la guerre 14-18, ils étaient nés ou habitaient à La Boisselle.



Danièle REMY – Didier BOURRY – Lionel JOLY
bonjour
y a t il un moyen de vous contacter ?
le nom de jeune fille de la mère est COTRELLE
son grand père s’appelait Vincent
Bien a vous,
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Bravo
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